Des pirates informatiques chinois ont réussi à pénétrer des systèmes dans lesquels étaient stockés les plans d’armes américaines, a-t-on appris mardi auprès de responsables du Pentagone.
"Ces intrusions font partie d’une vaste campagne d’espionnage chinois contre des industries de la défense et des agences du gouvernement américain", ont précisé ces responsables, confirmant une information du Washington Post.
Selon le Defense Science Board, un organisme de conseil regroupant des experts de la société civile et de l’administration, les systèmes qui ont été piratés contenaient notamment les plans de dizaines de systèmes d’armement cruciaux de l’armée américaine.
Le rapport transmis au Pentagone n’accuse toutefois pas formellement la Chine d’avoir volé ces plans, mais explique les récentes mises en garde adressées par Washington à Pékin.
"Nous maintenons une confiance totale dans nos systèmes d’armes", a réagi dans un communiqué le porte-parole du Pentagone, George Little, selon qui ces intrusions n’ont entraîné aucune érosion des capacités militaires américaines.
"Le Pentagone prend la menace de l’espionnage et la sécurité informatiques très au sérieux, c’est pourquoi nous avons pris un certain nombre de mesures pour augmenter les fonds dédiés au renforcement de nos réseaux et à la collaboration avec les industriels de la défense", ajoute le porte-parole.
Selon un haut responsable américain de la Défense s’exprimant sous couvert de l’anonymat, "il y a plusieurs secteurs inquiétants sur lesquels nous travaillons pour nous assurer de la viabilité de nos défenses et capacités informatiques".
"L’ampleur de ce qu’ils ont réussi à prendre n’est pas clair", a-t-il précisé à l’AFP.
Selon le Washington Post, les pirates ont entre autres eu accès aux plans du système de missiles Patriot, du système de radar ultra-moderne Aegis, du chasseur F-18 ou de l’hélicoptère Black Hawk.
Le programme de développement du chasseur F-35, le plus coûteux de l’histoire du Pentagone, a également été victime de ces pirates, selon le Post.
"Si ces informations sont exactes, cela signifie que l’armée américaine est moins efficace, et que l’armée chinoise est plus efficace", a commenté James Lewis, spécialiste de cybersécurité au Center for Strategic and International Studies.
Selon M. Lewis, "la prise de conscience du danger représenté par le piratage informatique n’a eu lieu que récemment : Entre 1999 et 2009, les portes étaient ouvertes pour l’espionnage chinois", a-t-il jugé.
La société Lockheed Martin, qui construit des équipements militaires de pointe pour l’armée américaine, a indiqué avoir effectué des investissements significatifs concernant sa sécurité informatique et qu’elle restait confiante dans l’intégrité de ses systèmes.
Ces révélations interviennent une semaine avant une entrevue entre Barack Obama et le président chinois Xi Jinping en Californie. Le porte-parole de la Maison Blanche, Jay Carney, a déclaré que la cyber-criminalité serait bien entendu un des sujets abordés par les deux dirigeants au cours de leurs entretiens.