Une version annotée du livre d’Adolf Hitler est encouragée par les professeurs allemands, qui y voient un but éducatif visant à mettre en garde les élèves contre l’extrémisme politique et l’antisémitisme, malgré le désaccord de la communauté juive.
Mein Kampf, véritable diatribe antisémite, écrit par Adolf Hitler entre 1924 et 1925, n’a pas été réimprimé en Allemagne depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Les droits pour ce livre ont été déténus par l’État de Bavière durant 70 ans, mais à la fin de l’année 2015, il tombera dans le domaine public. Cependant, les autorités allemandes comptent poursuivre les éditeurs qui le réimprimeront pour incitation à la haine raciale.
L’association des professeurs de l’Allemagne considère pourtant que l’enseignement d’une version annotée de Mein Kampf est nécessaire pour les lycéens afin de les aider à prendre conscience de ce qu’est l’extrémisme politique.
Le directeur de l’association Josef Kraus a expliqué au Handelsblatt que les autorités éducatives ne peuvent éviter de parler du livre dans tous les cas, car refuser de l’évoquer pourrait être pire et favoriser un attrait de certains adolescents pour le livre, poussés par le frisson de l’interdit.
Aussi, l’Institut d’histoire contemporaine de Munich prévoit de publier le livre d’Hitler à partir de janvier 2016. Il s’agira de l’intégralité du texte, auquel seront ajoutées près de 3500 notes.
Comme rapporté dans l’édition en ligne du journal économique Handelsblatt, l’association d’enseignants propose que des passages choisis du livre soient enseignés aux étudiants âgés de 16 ans et plus.
Le porte-parole de la politique éducative pour le centre-gauche des sociaux-démocrates, le député Ernst Dieter Rossmann, a soutenu le corps des enseignants.
Pour lui, « Mein Kampf est un livre terrible et monstrueux », mais son enseignement est nécessaire pour « démasquer l’antisémitisme et expliquer les mécanisme de propagande aux étudiants grace à des enseignants qualifiés ».
Le chef de la communauté juive allemande, Charlotte Knobloch, s’oppose, elle, fermement à cette mesure, qu’elle qualifie de « totalement irresponsable ».