Le Temps-Agences - La ville de Genève a violé le principe de la liberté d’expression en refusant de louer une de ses salles à l’artiste français Dieudonné il y a une année. Dans un arrêt publié hier, le Tribunal fédéral a confirmé une décision en ce sens de la justice genevoise.
Le responsable du département de la culture, le "Vert" Patrice Mugny, avait alors refusé de louer le théâtre de l’Alhambra parce qu’il considérait Dieudonné comme clairement antisémite et que la ville de Genève ne voulait pas se rendre complice de ses « agissements ».
Le Tribunal administratif genevois avait donné tort à la ville et le Tribunal fédéral vient de confirmer cette décision.
En refusant de louer une salle, la ville de Genève a d’une certaine manière appliqué une censure préalable et cela constitue une atteinte à la liberté d’expression, a expliqué la Haute Cour. Ce n’est pas parce que l’artiste s’était montré provocateur par le passé qu’un refus devait lui être opposé. Cela aurait pu être le cas si son spectacle "Sandrine" avait violé clairement la norme pénale contre le racisme. Or, rien ne permettait d’affirmer que c’était le cas.
Le conseiller administratif a rappelé que Dieudonné est un "antisémite notoire" et qu’il a été "condamné régulièrement pour ses propos antisémites". La ville pourrait porter l’affaire devant la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) mais rien n’est encore décidé.