Avec près de 1 160 000 000 (un milliard 160 millions) d’adeptes à travers le monde, l’Islam est la deuxième religion de l’humanité après le christianisme. Le christianisme, avec ses différentes églises, reste la première religion du monde avec près de 1,4 milliard d’adeptes.
On imagine bien souvent un « monde musulman » uni, organisé et hiérarchisé dans une volonté de conquête, les identitaires en ont plein la bouche et beaucoup de jeunes musulmans en rêvent mais, comme bien souvent, la réalité est tout autre.
L’histoire de l’Islam est une succession de conflits, d’abord inter-arabes au moment de la révélation prophétique, opposant principalement deux groupes, l’un, composé de certains membres de la famille du prophète, de pauvres et d’esclaves, l’autre, de riches notables apeurés par l’idée de perdre pouvoir et argent. Apres la mort du prophète en 632 et la conquête de La Mecque, la majorité des arabes seront enfin unis par un système de valeurs commun. En pratiquant le commerce entre Byzance et la Perse Sassanide, donc entre l’Europe et l’Asie, les musulmans arabes commencèrent a générer une fortune et en quelques décennies, quelque chose se met en place, les victoires militaires foudroyantes se succèdent, d’abord contre Byzance en 636, puis contre l’empire perse en 637, qui s’écroule, ouvrant la voix vers l’Inde, tandis que Byzance perd la Syrie, la Palestine et l’Egypte, ouvrant la voix vers l’Afrique du nord. En 649, Chypres est occupé, puis Rhodes.
Cependant, les problèmes de pouvoir réapparaissent très vite, s’accompagnant de dissension et de divergences doctrinales et claniques, notamment lors du conflit entre le calife Ali, fidèle compagnon du prophète et Muawiya, descendant d’une des grandes familles mecquoise qui jadis avait combattu le prophète. Muawiya l’emporte et accapare le pouvoir. Il s’installe dans sa nouvelle capitale à Damas. C’est le fondateur de la dynastie des Omeyyades qui dura un siècle. Un formidable pouvoir est déchu en quelques années à l’aristocratie arabe sur des dizaines de peuples dépositaires de traditions millénaires dont certaines sont plus savantes et raffinées que celle des arabes. Les Omeyyades voudront coûte que coûte conserver le pouvoir au niveau de l’aristocratie arabe du commerce. En 750, une dynastie arabe rivale, allié aux éléments non-arabes, souvent persans ou araméens, se lève en revendiquant une égalité de statuts entre musulmans que le Coran leur reconnaît expressément. C’est la fin de l’empire arabe et le début de l’empire musulman, la dynastie Abbasside qui continuera l’expansion de l’empire, notamment en Espagne.
Le premier calife abbasside est Abu Al Abbas, il prend pour capitale Kufa. Mais la taille colossale de l’empire rend son commandement très compliqué car, malgré le développement spectaculaire dans tout les domaines, le maintient d’une économie prospère, les différents califes auront bien du mal à gérer les soulèvements des extrémistes et dissidents chiites qui s’accroissent de plus en plus. Ils ne peuvent empêcher le détachement de l’Espagne en 756, ni la persistance des troubles en Iran. L’empire de disloque. Au fil des siècles, le pouvoir des califes s’affaiblit peu à peu, victime notamment des affrontements constants entre sunnites et chiites, mais aussi de nombreuses révoltes. Les Tahirides (820-872), les Saffarides (867-903), puis les Samanides (874-999) en Iran, les Toulounides (879-905), puis les Ikhchidides (935-969) en Egypte et en Syrie deviennent indépendants de fait. Ubayd Allah al-Mahdi fonda la dynastie des Fatimides à Kairouan, où il parvint à se rallier de nombreux partisans chez les Berbères et à étendre son autorité sur une grande partie du Maghreb, de l’extrémité est du Maroc à la Libye Il se choisit une nouvelle capitale en fondant Mahdia ou il s’autoproclame calife en 909 ce qui encourage l’émir de Cordoue a établir de son coté un califat Omeyyade en Espagne.
Le monde musulman se morcelle. Face au califat Abbasside de Bagdad, se dressait non seulement le califat Omeyyade à Cordoue, mais aussi, désormais un troisième califat installé au Caire par la dynastie des fatimides. Ce nouveau centre de pouvoir va provoquer un ébranlement majeur parce qu’il se proclamait d’une doctrine schismatique, le chiisme, qui militait activement contre la doctrine sunnite en vigueur dans les autres califats. De fait, le Caire n’allait pas tarder à se rapprocher des villes européennes tels que Genève et Venise, créant entre l’est et l’ouest de l’Islam, une cassure dont la chrétienté allait grandement profiter.
En Andalousie, le califat de Cordoue s’effondre au début du XIième siècle et le pouvoir passe aux mains de petits rois qui entre en guerre les uns avec les autres. Ils appelleront successivement à leurs secours, deux dynasties berbères venues du Maroc, les Almovarides, puis les Almohades. Le califat s’effondre et se fragmente en micro-états, les Taïfas (jusqu’à 25) qui, affaiblis, seront progressivement reconquis par les chrétiens En 1085, Alphonse VIII parvient a s’emparer de Tolède et Roger Ier achève de conquérir la Sicile. A l’est, le califat de Bagdad, est déchiré par des rivalités ethniques et dogmatiques qui favorisent l’émergence de principautés plus ou moins autonomes. Les califes font de plus en plus appellent à des armées de mercenaires turcs et le véritable pouvoir fini par échoir en 1055 à l’une d’elle. Celle des turcs Seldjoukides.
Or ces derniers rendent l’accès au lieu saint de Jérusalem de plus en plus difficile aux chrétiens. C’est le prétexte que le pape Urbain II va invoquer dix ans après la prise de Tolède, pour déclencher la Première Croisade. De 1096 à 1099, après une première vague de pèlerins mal équipés qui se font massacrés, quatre armées partis de France et d’Italie livrent de violent combats contre les turcs seldjoukides, avant de s’emparer d’Edesse, d’Antioche et enfin de Jérusalem. C’est la naissance des états latins d’orient. Leurs survies justifieras de nombreuses croisades à venir.
En 1146, en Palestine, après la chute du comté d’Edesse, le pape Eugène III déclenche une nouvelle croisade. Y participe cette fois, le roi de France Louis VII et l’empereur germanique Conrad III. A la fin du XIIième siècle d’importants évènements se produisent en Orient. Les Fatimides chiites sont évincés du pouvoir en Egypte, ils sont remplacés par la dynastie sunnite des Ayyubides fondé par Saladin qui adopte une attitude très offensive face aux croisés. En 1187, il détruit l’armée du roi de Jérusalem et reprend la ville sainte.
La formidable émotion qui secoue l’Europe est à l’origine de la troisième croisade. L’empereur d’Allemagne, Frédéric Barberousse, le roi de France Philipe Auguste, et le roi d’Angleterre Richard Cœur de lion unissent leurs forces contre Saladin. Cette croisade relativement infructueuse sera suivie par une quatrième croisade en 1198, une cinquième en 1212 et d’une sixième en 1223. Les combats meurtriers alterneront avec des compromis qui seront remis en cause à la première occasion.
Au milieu du XIIIième siècle, la Perse et l’Irak tombent aux mains des mongols. Bagdad est prise, mise à sac et détruite en 1258. Alep et Damas suivent. Seul l’Egypte tiendra sous le choc.
Pendant que le premier sultanat turc des Seldjoukides se décompose, la tribu turc des oghouzes monte en puissance sous le règne d’Osman Ier et finalement marque le commencement de l’Empire ottoman et le début de la constitution de la première véritable armée ottomane. Jusqu’à sa mort en 1326, Osman Ier conquiert plusieurs autres villes et places fortes byzantines, ainsi que certaines principautés turques voisines.
En 1517, Sélim Ier conquiert l’Égypte et met fin au sultanat mamelouk. Il revendique alors une primauté honorifique dans l’islam et prend le titre de calife. Moins d’un siècle après avoir mis fin à l’Empire byzantin moribond, les Turcs ottomans prennent la succession de la dynastie arabe des Abbassides
Mais face à la montée en puissance des nations rivales, l’empire ottoman, décline de plus en plus et fini par chuter.
La Première Guerre mondiale achève son démembrement car l’Empire ottoman, allié aux Austro-Hongrois et aux Allemands, se trouve dans le camp des vaincus. A la suite du traité de Sèvres, ses territoires arabes (Syrie, Palestine, Liban, Irak, Arabie) sont placés par décision de la Société des Nations sous mandat britannique et français. La côte égéenne est occupée par les Grecs et les Italiens. C’est la fin de la dernière unité politique ponctuelle du monde musulman.
1) Chiisme – Sunnisme
2 Groupes : Sunnites et Chiites
Les sunnites, généralement considérés comme les musulmans orthodoxes, représentent près de 90% des musulmans dans le monde. Les chiites voient en Ali le successeur légitime du prophète d’où leur nom, dérivé de « chi at Ali », qui signifie "le parti d’Ali". Ils représentent environ 10% des musulmans.
Principales écoles de jurisprudence
L’Islam est basé sur : Le Coran, qui est la parole d’Allah, et la Sunna qui est un recueil de hadith, compilation de tout ce que le prophète de l’Islam faisait, disait ou acceptait. Ce sont donc les deux piliers sur lesquels se basent le comportement de chaque musulman.
Ensuite, chaque croyant en fonction, de son pays, sa famille ou de ses choix propres, peut s’inscrire dans l’une des écoles de droits religieux, qui guidera le musulman tout au long de son cheminement spirituel et qui l’aidera à mieux appréhender les questions éthiques propres à notre époque. Ces écoles se regroupent autour d’un théologien, un savant de haut niveau respecté pour sa piété, sa sagesse et sa maîtrise de la charî’a. Bien entendu, il existe de nombreuses autres écoles, nous ne reprenons ici que les plus courantes d’entres elles.
Principales écoles sunnites :
L’école des Hanafites, fondée par Abu Hannifa (699-767) fut la première et la plus répandue. Elle est la plus libérale et laisse le champ libre à la raison et au libre arbitre. Cette école est dominante en Asie centrale, en Inde, au Pakistan, en Turquie, en Afghanistan et dans certaines régions de l’Egypte et de la Tunisie.
L’école des Malékites, fondée par Malik ibn Anas (715-795) est très conservatrice et s’appuie sur le droit coutumier en vigueur à Médine au temps du prophète. Elle domine en Afrique du nord et de l’ouest, en Mauritanie, au Soudan et au Koweït.
L’école des Chaféites a été fondée par Ach-Chafii (767-820) élève des deux écoles précédentes. Son mérite résidant dans la distinction qu’elle a su faire au sein des principes juridiques. Elle est répandue dans tout le Proche Orient, en Indonésie, Malaisie, Jordanie, Palestine, Syrie, Liban et quelques régions d’Egypte.
L’écoles des Hanbalites, fondée par Ahmad ibn Hanbal (780-855) incarne une piété rigoureuse, traditionnelle et sans compromis. En raison de contingence historique moins propice, cette école est peu répandue. Elle domine en Arabie Saoudite et dans certains petits états de la presqu’île arabique. Elle est également présente en Syrie, en Irak et en Algérie.
Principaux courants chiites :
Les Zaïdites : La lignée de leur imams se termine par Zaïd, un fils du IVème imam tombé vers 740 au cours de la révolte contre les Omeyades. Ils soulignent comme particularité la lutte victorieuse des compétents pour la dignité d’Imam et rejettent le principe de sa transmission par héritage. Les dynasties Zaïdites régnèrent plus de 1000 ans de 901 à 1962 sur le Yemen.
Les septimaniens ou ismaïliens : La lignée de leurs imams se termine avec Ismaïl, fils du VIème imam qui fut appelé par ce dernier à lui succéder avant même son décès en 760. C’est le courant le plus varié et le plus mystérieux. Ils adhèrent à la conception chiliastique du Mahdi et ont en commun avec les duodécimains l’idée de l’imam caché. leur doctrine philosophique laisse une place importante à la spéculation et comporte de nombreux éléments hérités de la Perse ancienne et du mysticisme néoplatonicien. Certains affirment l’existence d’une connaissance secrète propres aux initiés et font la distinction entre une révélation intérieure (secrète) et une révélation extérieure (visible) de Dieu.
Deux courants théologiques et politiques naquirent en 1094, les mutazilites et les nizârites. Les mutazilites portent le nom de Bohras en Inde et au Yémen alors que les nizârites qui vivent en Syrie, Yémen, Afghanistan, Turkestan et en Afrique se nomment Hodjas, leur chef étant l’Agakhan. Les Duodécimains. C’est la branche de plus importante du chiisme islamique. Ils reconnaissent douze imams comme descendants légitimes d’Ali, le cousin et gendre du prophète et ils soutiennent que les quatre premiers califes usurpèrent sa place. Ils maintiennent que seuls les descendants directs d’Ali et de sa femme, Fatima, la fille du prophète sont d’authentiques imams, infaillibles en matière de religion. Le caractère le plus distinctif des duodécimains tient à ce qu’ils croient au retour de l’imam caché. Ils disent que, en 874, le dernier des douze imams, Imam al-Mahdi disparut pour obéir à la volonté de Dieu. Ils pensent que al-Mahdi "le bien guidé" est un personnage messianique qui viendra sur terre pour délivrer l’homme du mal et instaurer la règne du bien à la fin des temps et restaurer la religion vraie.
2) Diversité des peuples.
Les musulmans arabes ne représentent que quelques 15 à 20 % du nombre total des musulmans à travers le monde
Cette proportion diminue si l’on retranche la population non arabophone des pays membres de la Ligue Arabe : les Berbères de l’Afrique du Nord, les Kurdes d’Irak et de Syrie, les Noirs non arabophones du Soudan, de Djibouti et de Somalie, les minorités assyro-chaldéennes, arméniennes, etc., du Proche-Orient.
La composante arabe du monde musulman vient derrière le premier grand ensemble
que constituent les musulmans du sous continent indien : près de 350 millions entre le
Bengladesh (111 millions), le Pakistan (130 millions) et l’Inde (112 millions). Le reste des
musulmans se répartit de la manière suivante :
le Sud-Est asiatique où l’on dénombre près de 200 millions de musulmans avec
principalement l’Indonésie (175,3 millions), la Malaisie (10,2 millions), les Philippines (3,5
millions), le Sri Lanka (1,6 millions) ;
l’aire turco-iranienne où l’on compte également près de 200 millions de musulmans
répartis entre I’Iran (près de 65 millions), la Turquie (61 millions), l’Afghanistan (23
millions), les ex-républiques soviétiques (51 millions) ;
les pays d’Afrique, non membres de la Ligue Arabe où le nombre de musulmans
s’élève à près de 145 millions de personnes (principalement au Nigeria, en Ethiopie, en
Tanzanie, au Mali, au Sénégal, au Tchad, au Niger, en Guinée, au Ghana, au Burkina
Faso, au Cameroun, en Côte d’Ivoire, etc.).
En dehors de ces ensembles, et même dans plusieurs pays de l’Afrique subsaharienne,
de l’Asie centrale et du Sud-Est, il existe des minorités musulmanes dont le
nombre et le poids sont de plus en plus importants.
C’est le cas des musulmans de Chine dont le nombre estimé est de quelques 15 à 20 millions. On y distingue les Ouïgours, qui sont de même origine que les peuples turcs d’As Huis qui sont de souche chinoise. Les musulmanes de Chine se distinguent de leurs consoeurs par la construction de mosquées où les imams sont, fait rare, de sexe féminin.
L’Europe centrale et l’Europe orientale ont également leurs minorités musulmanes
dont la présence remonte à l’Empire ottoman au xve siècle.
On en trouve en Albanie avec près de 1 million de personnes, dans l’ex-Yougoslavie, plus particulièrement en Bosnie où I’on comptait quelques 2,3 millions de musulmans, en Bulgarie (près d’un million), ainsi qu’en Grèce, en Roumanie, à Chypre, …
En conclusion :
Passant du califat ottoman à la colonisation, ces populations différenciés par leurs langues, leurs traditions et leurs cultures ne connaissent plus jamais l’unité politique, dès lors l’unité religieuses est une chimère compte tenu des divergences dogmatiques et des rancunes historiques et politiques.
Aujourd’hui de nombreux dirigeants de ces nouvelles nations, se proclament descendants du prophète et donc successeurs légitimes du calife, mais bien souvent, ces titres ne servent qu’à asseoir leur main mise sur le pouvoir national.
Bien loin de tisser des liens fraternels, ces différentes nations se sont continuellement livrés batailles.
On peut citer notamment :
En 1918, la prise de Damas par les arabes et globalement toute la révolte arabe musulmane contre les turcs musulmans de l’empire ottoman.
Les tensions historiques et les tensions actuelles entre l’Egypte, le Soudan et l’Ethiopie, notamment autour de la question du partages des eaux du Nil.
Les tentions entre le Maroc et l’Algérie sur la question des frontières, par exemple, la guerre des sables en 1963.
Entre 1980 et 1988, la guerre Iran-Irak.
Entre 1992 et 1996 la guerre civile en Afghanistan.
Les guerres de Yougoslavie.
Les tensions actuelles en Afghanistan et au Pakistan.
La guerre civile au Yémen entre sunnites et chiites.
Les tensions entre l’Arabie Saoudite et le Yémen.
Les tensions entre turcs et kurdes.
La guerre civile au Tchad.
Conflits dans la "corne de l’Afrique"
En Palestine, les conflits entre Hamas et Fatah.
La rivalité entre l’Arabie Saoudite et l’Iran, globalement la rivalité entre sunnites et chiites.
Les conflits internes aux nations entre les pouvoirs laïcs et les pouvoirs religieux divisés eux mêmes en différentes obédiences.
Les conflits internes entre les classes sociales ou les clans.
Les conflits entre imams, en France ou ailleurs.
Etc …