Diantre, Jacques Attali s’étale partout. Pas un journal, pas un hebdo, du Point au Nouvel Obs, des Echos au Monde qui ne tartine ses pages de ses propositions pour sauver l’économie française… Mais une place résiste au président de la commission pour la relance de la croissance : l’Autorité des marchés financiers. Les enquêteurs de cette noble institution du contrôle boursier ne demandent qu’à lui conter fleurette lors d’une petite audition.
Ces limiers-là sont bien rancuniers. Ils fouinent dans les petits papiers de l’éminent Attali depuis juillet 2005. À l’époque, une étrange rumeur, née dans les colonnes de Challenges, et relayée par tout le panel des médias français et par le Financial Times, enflamme le monde politico-financier. Danone, le fleuron du capitalisme français, pourrait tomber sous les coups de PepsiCo, le géant américain prêt à lancer une offre publique d’achat (OPA) hostile. Peu cocardiers, les spéculateurs font s’envoler le titre Danone, 27 % en un mois… Juste avant que PepsiCo, via un communiqué, ne nie toute volonté de manger l’empire du yaourt américain.
Mauvaise fille, l’AMF lance une enquête le 26 juillet 2005, histoire de vérifier s’il n’y a entourloupe chez Danone. Du genre : lancer une fausse rumeur pour faire grimper artificiellement le titre et vendre quelques actions avec une jolie plus value.
En ligne de mire, déjà l’étrange rôle de Monsieur Jacques, « ami des deux groupes » PepsiCo et Danone, relève fort honnêtement L’Express (01/08/2005), où Attali écrit une chronique hebdomadaire. Via sa société de conseil en stratégie, Attali et Associés, grand Jacques pige officiellement pour Danone. Mais la flicaille de l’AMF subodore qu’il est aussi conseiller de Pepsico. D’où de petits conflits d’intérêts… Bref, un rôle supposé trouble que les enquêteurs du gendarme des marchés financiers tentent de démêler.
Ces calembredaines semblent se calmer bien vite. Après sept mois d’enquête, le 28 février 2006, l’AMF pond un communiqué sur l’affaire : « À la suite des investigations conduites d’août 2005 à janvier dernier, aucun grief n’avait pu être établi au titre d’un manquement au règlement général de l’AMF. » Circulez, rien à voir du côté de Danone. Mais du côté d’Attali, les limiers ont persisté à vouloir prouver la double casquette de l’ex-conseiller de Mitterrand. Auditionné par l’AMF durant l’enquête, ce dernier a nié les faits. Arguant même qu’il ne s’était jamais rendu à Londres pour rencontrer les dirigeants de PepsiCo.
Las, une perquisition à domicile, il y a deux mois, a mis au jour de jolies facturettes de cartes bleues, émises à Londres par Attali, et datées de l’époque où il n’y a pas mis pied. Perfide Albion, jusque dans son réseau bancaire.
Les limiers de l’AMF réclament désormais à corps et à cris une nouvelle audition d’Attali. Et se heurtent à leur hiérarchie qui, c’est bien le moins, cherche à préserver l’homme qui sauvera la France du marasme économique… Bakchich a eu un peu plus de chance. Après de multiples et vains essais hier après midi et ce matin au siège de la commission pour la relance de la croissance, à Attali et Associés ou à Planète Finances, nous avons réussi à joindre M. Jacques ce matin qui nous a renvoyés un fax (voir encadré). Sans doute le temps de peaufiner son rapport sur la libération de la croissance mercredi 23 janvier. Un rapport qui clame haut sa volonté « d’accroître la concurrence pour les professions réglementées, (huissiers, avocats, taxis), sans rogner sur la qualité ».
Pour le conseil en stratégie des grandes entreprises, rien en revanche. Il est vrai qu’un secteur où deux concurrents peuvent avoir le même conseil ne paraît obéir à de strictes lois…
Xavier Monnier
Source : http://www.bakchich.info
Ces limiers-là sont bien rancuniers. Ils fouinent dans les petits papiers de l’éminent Attali depuis juillet 2005. À l’époque, une étrange rumeur, née dans les colonnes de Challenges, et relayée par tout le panel des médias français et par le Financial Times, enflamme le monde politico-financier. Danone, le fleuron du capitalisme français, pourrait tomber sous les coups de PepsiCo, le géant américain prêt à lancer une offre publique d’achat (OPA) hostile. Peu cocardiers, les spéculateurs font s’envoler le titre Danone, 27 % en un mois… Juste avant que PepsiCo, via un communiqué, ne nie toute volonté de manger l’empire du yaourt américain.
Mauvaise fille, l’AMF lance une enquête le 26 juillet 2005, histoire de vérifier s’il n’y a entourloupe chez Danone. Du genre : lancer une fausse rumeur pour faire grimper artificiellement le titre et vendre quelques actions avec une jolie plus value.
En ligne de mire, déjà l’étrange rôle de Monsieur Jacques, « ami des deux groupes » PepsiCo et Danone, relève fort honnêtement L’Express (01/08/2005), où Attali écrit une chronique hebdomadaire. Via sa société de conseil en stratégie, Attali et Associés, grand Jacques pige officiellement pour Danone. Mais la flicaille de l’AMF subodore qu’il est aussi conseiller de Pepsico. D’où de petits conflits d’intérêts… Bref, un rôle supposé trouble que les enquêteurs du gendarme des marchés financiers tentent de démêler.
Ces calembredaines semblent se calmer bien vite. Après sept mois d’enquête, le 28 février 2006, l’AMF pond un communiqué sur l’affaire : « À la suite des investigations conduites d’août 2005 à janvier dernier, aucun grief n’avait pu être établi au titre d’un manquement au règlement général de l’AMF. » Circulez, rien à voir du côté de Danone. Mais du côté d’Attali, les limiers ont persisté à vouloir prouver la double casquette de l’ex-conseiller de Mitterrand. Auditionné par l’AMF durant l’enquête, ce dernier a nié les faits. Arguant même qu’il ne s’était jamais rendu à Londres pour rencontrer les dirigeants de PepsiCo.
Las, une perquisition à domicile, il y a deux mois, a mis au jour de jolies facturettes de cartes bleues, émises à Londres par Attali, et datées de l’époque où il n’y a pas mis pied. Perfide Albion, jusque dans son réseau bancaire.
Les limiers de l’AMF réclament désormais à corps et à cris une nouvelle audition d’Attali. Et se heurtent à leur hiérarchie qui, c’est bien le moins, cherche à préserver l’homme qui sauvera la France du marasme économique… Bakchich a eu un peu plus de chance. Après de multiples et vains essais hier après midi et ce matin au siège de la commission pour la relance de la croissance, à Attali et Associés ou à Planète Finances, nous avons réussi à joindre M. Jacques ce matin qui nous a renvoyés un fax (voir encadré). Sans doute le temps de peaufiner son rapport sur la libération de la croissance mercredi 23 janvier. Un rapport qui clame haut sa volonté « d’accroître la concurrence pour les professions réglementées, (huissiers, avocats, taxis), sans rogner sur la qualité ».
Pour le conseil en stratégie des grandes entreprises, rien en revanche. Il est vrai qu’un secteur où deux concurrents peuvent avoir le même conseil ne paraît obéir à de strictes lois…
Xavier Monnier
Source : http://www.bakchich.info