Une Écosse indépendante gardera la reine et la livre sterling et restera dans l’Union européenne, mais elle aura sa propre force de défense et collectera ses impôts, dit le premier ministre écossais, Alex Salmond, dans un document-programme de 670 pages présenté mardi.
Si les Écossais décident de se séparer de la Grande-Bretagne lors du référendum du 18 septembre 2014, cela n’entraînera pas une hausse des impôts, a-t-il tenu à souligner après les déclarations contraires des adversaires de l’indépendance.
« Nous savons que nous avons les gens, les capacités et les ressources pour que l’Écosse aille de l’avant », précise Alex Salmond.
Il ajoute que l’argent des contribuables ne servira pas au nucléaire et que les missiles britanniques actuellement sur le territoire écossais seraient retirés.
« L’indépendance permettra au peuple écossais de prendre son destin en main », souligne-t-il.É
Issu des séparatistes de gauche du Parti national écossais (SNP), Alex Salmond s’est engagé à ne laisser aucune zone d’ombre en vue de la tenue du référendum, susceptible de mettre fin à une union avec l’Angleterre qui remonte à 1707.
Les séparatistes restent loin derrière les unionistes dans les sondages, mais le SNP compte sur ce document de 670 pages pour séduire les sceptiques et les nombreux indécis.
Nicola Sturgeon, vice-première ministre, a présenté le document publié mardi comme « la feuille de route la plus complète et la plus détaillée jamais présentée par un potentiel pays indépendant ».
Le SNP, majoritaire au Parlement écossais, met l’accent sur les avantages économiques supposés de l’indépendance, alors qu’une grande partie des 5 millions d’Écossais n’ont pas encore fait leur choix.
Le dernier sondage en date, publié cette semaine par le Sunday Times, témoigne d’un resserrement de l’écart entre les deux camps. Celui-ci reste toutefois important, avec 47 % d’adversaires de l’indépendance, 38 % de partisans et 15 % d’indécis.
Partage de la dette
Les conservateurs, les travaillistes et les libéraux-démocrates, soit les trois grands partis du Royaume-Uni, font tous campagne contre l’indépendance, qui affecterait selon eux l’économie écossaise et affaiblirait le nouveau pays sur la scène internationale.
Parmi les principaux enjeux, déjà problématiques, figurent le sort des réserves britanniques de pétrole en mer du Nord, le partage de la dette du Royaume-Uni et l’avenir des armes nucléaires basées en Écosse, dont le SNP veut se débarrasser.
Les unionistes ont été encouragés par deux rapports publiés récemment par des institutions financières. L’un prévient qu’une Écosse indépendante devrait augmenter les impôts et réduire ses dépenses, l’autre souligne des complications du système des retraites, qui deviendrait transfrontalier.
Pour autant, Alistair Carmichael, nommé en novembre secrétaire aux Affaires écossaises dans le gouvernement britannique de coalition entre conservateurs et libéraux-démocrates, se garde de tout triomphalisme.
Rendu prudent par la victoire inattendue du SNP aux élections législatives de 2011, Alistair Carmichael, lui-même écossais, a prévenu les électeurs qu’une Écosse indépendante ne pourrait conserver comme monnaie la livre sterling, comme le veut Alex Salmond.
Par ailleurs, la majorité des analystes jugent eux aussi que ce sont les questions monétaires et budgétaires qui devraient dominer les débats.
« Les gens veulent avoir une vision économique de ce que deviendra l’Écosse, et elle doit être convaincante et séduisante », estime Simon Clark, qui dirige le Département économique de l’université d’Édimbourg.
Si le oui l’emporte au référendum, l’Écosse redeviendra indépendante le 24 mars 2016, ont annoncé dimanche dernier les autorités écossaises.
Cette date marquera l’anniversaire de l’Acte d’union de 1707.