Plus rien ne s’oppose au Brexit. Le Premier ministre britannique Boris Johnson a réuni jeudi une majorité écrasante lui donnant les coudées franches pour sortir son pays de l’Union européenne le 31 janvier, selon les premières estimations.
Le pari semblait incertain mais le succès est sans appel pour le dirigeant conservateur, déterminé à mettre fin à trois ans d’une saga qui a déchiré le pays et à 47 ans de mariage tumultueux entre le Royaume-Uni et l’Union européenne.
Les conservateurs décrochent une très confortable majorité de 368 sièges sur 650, contre 317 lors du précédent scrutin en 2017, selon le sondage réalisé à la sortie des bureaux de vote par l’institut Ipsos/MORI pour les médias britanniques.
Les travaillistes de Jeremy Corbyn s’effondrent à 191 sièges (contre 262), selon ces projections généralement proches des résultats.
Si les résultats ne sont attendus que dans la nuit, ces estimations donnent une avance si large, sans précédent pour les conservateurs depuis Margaret Thatcher, qu’un changement de tendance semble impensable.
Le Premier ministre conservateur avait voulu ces législatives, les troisièmes en quatre ans, pour sortir le Royaume-Uni de l’impasse du Brexit, qui divise profondément le pays depuis la victoire du « leave » avec 52 % des voix au référendum de 2016.
Jusqu’ici dépourvu de majorité à la Chambre des communes, le dirigeant de 55 ans arrivé au pouvoir en juillet en se posant comme le sauveur du Brexit n’avait pas réussi à faire adopter par le Parlement l’accord de divorce qu’il avait âprement négocié avec Bruxelles.
Durant la campagne électorale, il a promis de soumettre cet accord aux 650 députés nouvellement élus avant Noël avec l’objectif de mettre le Brexit en œuvre le 31 janvier, date à laquelle il est désormais prévu après trois reports.
Une consécration des travaillistes aurait pu signer l’arrêt de mort du Brexit : ils voulaient renégocier un nouvel accord de divorce, plus social, puis le soumettre à un référendum avec comme alternative le maintien dans l’UE.
Nouvelle page de négociations
Outre l’unification du pays, réaliser le Brexit devrait permettre d’enfin pouvoir s’atteler aux « priorités » des Britanniques, comme la santé et la sécurité, avait affirmé le chef de gouvernement durant une campagne sans grand relief, mais marquée par des coups bas, notamment sur les réseaux sociaux, provenant en grande partie des conservateurs.
Les électeurs n’ont pas été séduits par la promesse de Jeremy Corbyn, vétéran de l’aile gauche du Parti travailliste, d’un « vrai changement » après presque une décennie de pouvoir conservateur et presque autant d’austérité, avec des nationalisations à tout-va et des investissements massifs, surtout dans le service public de santé (NHS).
Sur le Brexit, le septuagénaire, régulièrement accusé de fermer les yeux sur des accusations d’antisémitisme dans son parti, prévoyait de rester « neutre » en cas de second référendum.
À gauche, les nationalistes écossais du SNP gagnent 20 sièges à 55 mandats, selon le sondage à la sortie des urnes. Ouvertement europhiles, les libéraux-démocrates grignotent un siège à 13.
L’accord de retrait organise la frontière irlandaise après le Brexit, les droits des citoyens et les engagements financiers britanniques. Il évite aussi une rupture brutale en introduisant une période de transition jusqu’à fin 2020, prolongeable, pendant laquelle les Britanniques continueront d’appliquer les règles européennes.
Une fois le divorce acté, s’ouvrira la phase, technique et complexe, des négociations sur la future relation commerciale entre Londres et Bruxelles. Mais avant même qu’elle ne commence, l’affirmation de Boris Johnson, de pouvoir la boucler en moins d’un an, est jugée irréaliste à Bruxelles.