Plus de 1 000 personnes ont manifesté à Tel-Aviv mercredi, demandant que les migrants africains soient déportés, dans un déchaînement de violence qu’un radiodiffuseur israélien a qualifié de « pogrom ».
La foule des manifestants s’en est violemment prise aux ressortissants africains, fracassant les devantures de magasins appartenant à la communauté immigrée et pillant aussi d’autres commerces.Des poubelles ont été incendiées et la foule a attaqué un conducteur africain qui passait là, brisant les vitres de sa voiture. Heureusement, aucune blessure grave n’a été signalée.
Les manifestants criaient : « Nous voulons que les Soudanais soient expulsés » et : « les infiltrés hors de notre patrie », a rapporté le quotidien israélien Haaretz.
La police a déclaré qu’une vingtaine de personnes ont été interpellées pour voies de fait et vandalisme.La députée Miri Regev [fraction fascisante du Likoud], ex-porte-parole de l’ex-armée israélienne, participait également au rassemblement, déclarant que « les Soudanais étaient un cancer dans notre corps. »
Plus tôt cette semaine, le ministre israélien de l’Intérieur Eli Yishai, avait appelé à l’expulsion de tous les demandeurs d’asile.« Alors quoi, Israël, qui est un État juif, au nom de la démocratie ou au nom d’honorer des résolutions de l’ONU, (devrait accepter) de se suicider ? » a-t-il dit.
« La vérité doit être dite, et croyez-moi elle est dure et ça fait mal, car nous sommes le peuple juif, un peuple miséricordieux [sauf pour les Arabes, les Africains, les Asiatiques et d’une façon générale pour tous les Goyims - N.dT]. »Interviewant Yishai, le journaliste de la radio de l’armée a comparé l’incident aux pogroms contre les Juifs dans l’Europe du 19ème siècle.
Le ministre s’est hérissé face à cette affirmation, citant les chiffres de la police pour affirmer que les migrants soudanais et érythréens présentaient un risque de criminalité.Oscar Olivier, un migrant congolais, a déclaré sur la même radio qu’il était en Israël depuis 18 ans en quête du statut de réfugié, et que l’humeur du public lui avait rappelé l’assassinat en 1995 par un Juif ultranationaliste du Premier ministre Yitzhak Rabin.
« Je me sens comme face à un ancien alcoolique qui se serait remis à boire, » a-t-il dit dans un hébreu tout à fait fluide. « La question n’est pas de savoir s’ils vont tuer un Africain parce qu’il est noir, mais quand ils vont le faire. »
Le gouvernement israélien est en train d’ériger une clôture fortifiée à la frontière égyptienne et veut expulser les migrants. Mais il n’a pas de liens avec le Soudan, qui lui permettraient des rapatriements directs et certains spécialistes des questions humanitaires disent qu’il ne peut pas forcer les ressortissants du Sud-Soudan et de l’Erythrée à retourner dans ces États pauvres et dévastés.
L’ambassadeur de l’Erythrée en Israël, Tesfamariam Tekeste, a déclaré dans une interview télévisée mardi que son pays pourrait recevoir ses citoyens qui rentrent volontairement - mais pas ceux qui seraient déportés.
Cette récente manifestation est la dernière illustration de l’escalade de la tension entre les migrants et les habitants en Israël.Début mai, deux cocktails Molotov ont été jetés sur une maison de résidents africains au sud de Tel-Aviv.
À la fin avril, des cocktails Molotov ont été jetés dans une école maternelle et dans des appartements habités par la communauté africaine. Un résident israélien âgé de 20 ans et du même quartier a été interrogé par la police au sujet des attaques.
En janvier 2011, un pneu en feu a été jeté dans l’appartement de cinq réfugiés soudanais à Ashdod. Deux des hommes ont été hospitalisés.
Fuyant la pauvreté, les combats et des régimes répressifs, près de 60 000 Africains sont entrés illégalement en Israël par la frontière relativement poreuse avec l’Egypte ces dernières années.
Israël affirme que la plupart des migrants viennent chercher du travail plutôt qu’un refuge, mais cela a été contesté par les Nations Unies et les agences et associations humanitaires.
En conséquence, les Africains sont maintenus dans un vide juridique et si beaucoup d’entre eux se voient accordés des permis temporaires, ils n’ont pas de statut clair permanent.
Environ 40 000 travailleurs migrants et 20 000 demandeurs d’asile vivent au sud de Tel-Aviv.
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