Quinze anciens militaires ont été condamnés, vendredi 27 mai, par la justice argentine pour leur participation au Plan Condor. Parmi eux, le dernier dictateur du pays, Reynaldo Bignone (1982-1983), 88 ans, a ainsi écopé d’une peine de 20 ans de prison. Cette opération, menée par six dictatures sud-américaines dans les années 1970, avait pour objectif d’éliminer les opposants politiques. À l’époque, l’Argentine, le Chili, l’Uruguay, le Paraguay, la Bolivie et le Brésil avaient uni leurs forces pour pourchasser les militants de gauche hostiles à leur régime.
Selon un document versé au dossier d’accusation, les États-Unis connaissaient l’existence de ce dispositif. Voyant dans ce plan un rempart face à l’avancée des idées socialistes et communistes, dans un contexte de Guerre froide, Washington ne s’y est pas opposé. Le secrétaire d’État Henry Kissinger a ainsi répondu à un ministre argentin qui l’informait de l’opération.
« S’il y a des choses qui doivent être faites, faites-les rapidement. Mais vous devez reprendre rapidement les procédures normales. »
Une organisation criminelle
L’Argentine est le seul pays d’Amérique latine a avoir entrepris de traduire en justice les personnes impliquées dans ce dispositif. Des centaines d’ex-militaires ont ainsi été jugés au cours des dix dernières années dans le cadre de ce « Nuremberg de la dictature ». Cependant, c’est la première fois qu’un procès est consacré au Plan Condor en tant qu’organisation criminelle.
La plupart des accusés ont été condamnés pour le délit de crime en bande organisé, à l’issue de trois ans d’audiences. Ils n’étaient pas présents dans la salle d’audience lors de la lecture du jugement. Au début de la procédure, en février 2013, ils étaient 25 mis en cause. Ils ne sont plus que 17 en vie, âgés de 77 à 92 ans. Huit sont décédés durant le procès, notamment l’ancien dictateur argentin Jorge Videla (1976-1981), mort dans sa prison.
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Aujourd’hui, en ce qui concerne le contrôle de l’Amérique du Sud, les dirigeants des États-Unis ont changé de méthode, passant de la brutalité à la déstabilisation démocratique. La série de changements de régimes et le basculement pro-US, que ce soit à Cuba ou au Brésil, en est l’illustration. La pression économique et la corruption sont plus efficaces que la torture. L’esprit de Kissinger est toujours là.
« Il existe de nombreux témoignages crédibles d’employés de la CIA et d’autres agences de coordination américaines se trouvant dans la pièce à côté de la salle de torture et à qui on apportait les informations afin qu’ils les transmettent à Washington »
Opération Condor, partie 1/3 :
Partie 2/3 :
Partie 3/3 :