« Courtney a découvert les pilules au lycée. Cela s’est transformé en addiction et l’a menée à la mort d’une overdose de fentanyl. Elle avait 20 ans. » Lors de son discours sur l’état de l’Union face au Congrès, mardi 7 février, Joe Biden a pris le temps de « partager une histoire bien connue de millions d’Américains ». Celle de la crise des opioïdes, qui frappe les États-Unis depuis plus de 30 ans.
Ces dérivés de l’opium regroupent à la fois des antalgiques légaux, comme la morphine ou l’oxycodone, prescrits contre la douleur, et des substances illicites comme l’héroïne. Selon les Centres de prévention et de contrôle des maladies américains (CDC), plus de 564 000 Américains sont morts d’une overdose de l’un de ces produits entre 1999 et 2020. Et la crise s’est accélérée : les opioïdes ont coûté la vie à près de 82 000 personnes entre février 2021 et février 2022, recense l’agence fédérale dans un de ses derniers bilans.
L’ampleur de l’addiction aux opioïdes outre-Atlantique reste difficile à évaluer. Il faut distinguer les antidouleurs pris dans le cadre d’un traitement médical, et ceux qui sont « détournés de leur usage initial » ou achetés sur le marché noir. Mais les « médicaments comme l’oxycodone, fortement dosés, peuvent aussi faire entrer les individus dans la dépendance », avertit Élisa Chelle, professeure en science politique à l’université Paris Nanterre et autrice de Comprendre la politique de santé aux Etats-Unis (Presses de l’EHESP, 2019).
« Aucun endroit des Etats-Unis n’est épargné »
Une simple prescription pour une opération des dents de sagesse peut donc parfois mener à de l’automédication, voire à l’achat de substances illégales. Ce phénomène s’est encore accentué avec l’émergence du fentanyl. Développé pour répondre à un besoin d’analgésiques plus efficaces, cet opioïde de synthèse est 80 fois plus puissant que la morphine, selon l’Institut national de la toxicomanie (Nida).
Sous sa forme autorisée, il est utilisé dans le traitement de douleurs graves, par exemple pour les cancers en phase terminale. Mais depuis 2019, des cachets fabriqués illégalement (et souvent avec un dosage bien trop élevé) sont devenus une drogue de rue bon marché, abondante et extrêmement addictive.
À lui seul, le fentanyl est responsable de la mort de « plus de 70 000 Américains chaque année », a rappelé Joe Biden mardi lors de son discours. Il est désormais la principale cause de décès chez les 18-49 ans, selon une enquête fleuve du Washington Post publiée en décembre. Alors que les overdoses touchaient surtout les populations blanches et rurales de l’Est, les morts liées au fentanyl ont explosé depuis trois ans chez les Noirs et les Hispaniques, rapporte Bloomberg.
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