Downing Street [Le Matignon britannique, NDLR] a dit que le Premier ministre ne croit pas que les réparations ou les excuses en ce qui concerne l’esclavage soient la juste approche, mais la question est en mesure d’éclipser son voyage commercial sur l’île, où il s’adressera au Parlement jamaïcain.
En préambule de son voyage, M. Hilary Beckles, président de la Commission de Réparations CARICOM, a lancé un appel à Cameron pour entamer des pourparlers sur un dédommagement de l’esclavage et a fait référence aux liens héréditaires du Premier ministre avec le commerce du XVIIe siècle par son cousin au sixième degré, le Général James Duff.
Dans une lettre ouverte au Jamaica Observer, l’universitaire écrit :
Vous êtes un petit-fils du sol jamaïcain qui a été favorisé et enrichi par les péchés de vos ancêtres responsables de l’asservissement de nos ancêtres... Vous êtes, Monsieur, un produit précieux de cette terre et les bénéfices des mines d’or retirés par votre famille et hérités par vos soins continuent à nous lier ensemble comme les doigts d’une seule main.
Nous ne demandons pas une aumône ou l’équivalent d’un acte de soumission indécent. Nous demandons simplement que vous reconnaissiez la responsabilité de votre action dans cette situation et que vous vous déplaciez pour contribuer à un programme commun de réhabilitation et de renouveau. Il est de votre devoir national de soulager la souffrance continue de notre peuple, Monsieur, autant qu’il est de notre devoir de trouver des solutions avec des actes fermes et responsables.
Le professeur Verene Shepherd, présidente de la Commission nationale de réparation, a dit au Jamaica Gleaner que rien de moins que des excuses sans équivoque de Cameron ne seraient acceptables, tandis qu’un député jamaïcain, Mike Henry, invite ses collègues parlementaires à tourner leur dos à Cameron si les réparations ne sont pas à l’ordre du jour, notant que le Parlement jamaïcain a approuvé une motion nationale afin d’obtenir des réparations de la part de la Grande-Bretagne.
"Si cela ne figure pas à l’ordre du jour, je n’assisterai pas à la visite du Premier ministre et je crierai au scandale contre ceux qui s’y prêtent, étant donné qu’il n’y a pas eu la moindre voix discordante dans le débat au Parlement," a-t-il déclaré au journal.
Mme le Premier ministre de la Jamaïque Portia Simpson Miller (voir photo) a appelé à des débats non conflictuels à l’ONU en 2013, mais la Grande-Bretagne n’a jamais accepté l’idée du moindre paiement compensatoire.
Une officielle de Downing Street a déclaré :
Ceci est une préoccupation de longue date et il y a à ce propos une position britannique intangible, appliquée par les gouvernements successifs du Royaume-Uni, c’est que nous ne pensons pas que les réparations soient la juste approche.
L’idée force du Premier ministre britannique sera de se concentrer sur l’avenir. Nous parlons de questions vieilles de plusieurs siècles et prises sous un gouvernement différent quand le Premier ministre n’était même pas né. Il veut se tourner vers l’avenir et voir comment le Royaume-Uni peut jouer aujourd’hui une carte dans le renforcement des économies des Caraïbes.
La même personnalité politique a révélé que le but de la visite de Cameron en Jamaïque et à Grenade était de revigorer leur relation avec le Royaume-Uni.
"Il considère cette sorte de relation avec les Caraïbes en tant que partenaire principal, les voit se tourner vers la Chine et le Venezuela, et pense que la Grande-Bretagne devrait s’impliquer plus. La Grande-Bretagne a des liens historiques profonds avec ces pays," a-t-elle ajouté.
Article traduit par E&R