Le Canard enchaîné et Marianne affirment mardi que le ministre, alors au Budget, a autorisé la vente à une connaissance de l’hippodrome de Compiègne à un prix dix fois inférieur à celui du marché. Bercy dément toute irrégularité.
Peu de répit sur le front des affaires pour Eric Woerth. Alors que le rapport de l’Inspection générale des finances (IGF) vient de le blanchir de tout favoritisme vis-à-vis de Liliane Bettencourt, la vente de l’hippodrome de Compiègne en mars dernier, alors qu’il était encore ministre du Budget, pourrait lui amener de nouveaux soucis. Le Canard enchaîné et Marianne affirment mardi que le ministre a autorisé cette cession à des connaissances à un prix très inférieur à celui du marché et dans des conditions discutables. Une transaction effectuée six jours avant son départ de Bercy, en mars dernier.
Cette parcelle de la forêt de Compiègne, comprenant un hippodrome et un golf, a été cédée de gré à gré 2,5 millions d’euros à la Société des courses de Compiègne alors qu’elle en vaudrait dix fois plus, estiment les hebdomadaires. Circonstances aggravantes, Eric Woerth aurait imposé par arrêté à l’Office national des forêts de se séparer de « ce joyau de 57 hectares ». Au profit du président de la Société des courses de Compiègne que le journal satirique présente comme un « familier de Chantilly, de son hippodrome et de son maire Eric Woerth ». Antoine Gilibert, qui louait auparavant le terrain, est aussi l’un des dirigeants de France Galop, association dont Florence Woerth, fait partie depuis 2003.
Florence Woerth : « On cherche à nuire à ma famille »
Autre anomalie : la transaction, affirme le Canard enchaîné, n’aurait pas respecté la procédure. La loi soumet au vote du Parlement toute cession d’une parcelle forestière si la superficie domaniale de la forêt est supérieure à 500 hectares, ce qui est le cas de celle de Compiègne (140.000 ha). Or cette consultation n’a pas eu lieu. Marianne publie une lettre montrant qu’Eric Woerth s’est occupé personnellement du dossier et qu’il a donné son accord à cette vente. Pour justifier cette implication, le maire de Chantilly aurait simplement soutenu que c’est Bercy qui exerce, via l’Office national des forêts, la tutelle du domaine forestier et non le ministère de l’Agriculture. Le dossier aurait même causé de vifs échanges entre les deux institutions, selon les deux médias. Les services de Bruno Le Maire auraient estimé l’opération illégale. En outre, la vente s’est faite sans enchères, ni appel d’offres alors que les sociétés de courses ne peuvent bénéficier d’un tel privilège depuis une décision du Conseil d’Etat de 1979, ajoute le Canard enchaîné.
Ces soupçons d’irrégularités ont été immédiatement démentis par Bercy et par le ministère de l’Agriculture. Selon Bercy, la transaction « s’est déroulée dans le strict respect du droit et dans l’intérêt de l’Etat ». Le ministère des Finances rappelle que « le droit forestier et domanial permet la vente d’une partie d’un domaine public forestier à trois conditions », réunies lors de cette cession : une parcelle de moins 150 hectares, l’absence d’impact écologique et d’exploitation forestière.
S’il n’y a pas eu d’appel d’offres et si le prix de vente était faible, c’est que la société d’Antoine Gilibert possédait un bail de 12 ans et qu’elle était propriétaire des bâtiments déjà existant, affirme Bercy. « La société de course payait 50.000 euros par an, soit un rendement locatif de 2% par an. Ce n’est pas intéressant pour l’Etat de toucher 2% par an, dans ces cas là il vaut mieux vendre », pointe-on au ministère des Finances. Florence Woerth, déjà malmenée par l’affaire Bettencourt, a aussi réagi promptement. Ces révélations constituent « une nouvelle marque de la détermination de ceux qui cherchent à nuire à ma famille », a dénoncé l’épouse du ministre du Travail.