Du point de vue russe, arraisonner la flottille ukrainienne sans vraiment faire couler le sang, c’était évidemment le scénario préféré.
Mais cela supposait que les Ukrainiens n’aient pas réellement envie de se battre.
Donc apparemment la démission - voire, le passage à "l’ennemi" - des militaires ukrainiens se serait donc reproduite comme pendant la sécession de la Crimée.
Cette démission aurait-elle été favorisée par les instances russes ? Certainement, oui, par la menace du bâton. Mais je soupçonne également l’usage de la carotte...
Si ce détail m’intéresse, c’est qu’un papier récent "Putin Adopts My Suggestions on National Policy, by Anatoly Karlin" annonçait une nouvelle politique russe de naturalisation. Son but est de stimuler une sorte de "brain drain" au profit de la Russie, donc au détriment d’autres pays. Parmi eux, l’Ukraine est visée en premier.
Je fais donc l’hypothèse suivante : les Russes voient que les coûts et les risques pour replacer l’Ukraine dans l’orbite russe sont élevés. Ils les comparent avec les coûts et risques s’ils admettent la perte de l’Ukraine :
à terme, présence probable de base US à leur frontière. Mais les frontières russes sont si étendues, et les US si teigneux, qu’ils trouveront toujours moyen de s’incruster à la frontière, dans tous les cas.
perte de terres agricoles fertiles. Mais la Russie n’en manque pas. Elle manque de bras (cf arrivée des Boers au Nord du Caucase, et les Chinois en Sibérie de l’Est)
perte du potentiel industriel ukrainien, qui manque réellement à l’industrie aéronautique et à la construction navale par exemple. Or, on peut toujours reconstruire les machines, et c’est l’occasion de les moderniser. Par contre, la Russie ne peut pas produire plus d’ingénieurs, de cadres et de professionnels qu’elle n’en produit déjà. Autrement dit, l’acceptation de la perte de l’Ukraine aurait donc là une conséquence très concrète. Or elle n’a pas d’autre remède possible que l’organisation d’un brain drain de l’Ukraine vers la Russie. Justement !
Et c’est d’autant plus facile à faire que 1) les Ukrainiens instruits maitrisent plus ou moins la langue russe ; Et 2) ils sont attirés par les salaires russes, très supérieurs, et par 3) les conditions de vie en Russie (un État qui fonctionne correctement) qui sont plus faciles qu’en Ukraine (un État en déliquescence).
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