L’Express, qui nous serine depuis deux ans que l’Ukraine va gagner et depuis octobre qu’Israël souffre beaucoup, sort un dossier sur l’explosion de l’ésotérisme en France – notamment depuis le choc des confinements – et ses dérives.
Il y a en effet un gros public prêt à tout pour découvrir de « nouvelles » spiritualités et remplir les poches de médiums autoproclamés, de chamanes à deux balles et de sorcières post-féministes tireuses de cartes de poker menteur.
L’édition de la pensée magique cartonne. Il est vrai que c’est plus facile de lire du Calestrémé, du Darré ou du Allix que du Hindi ou du Guyénot. Mais que voulez-vous, dans un monde où le matérialisme et le pouvoir de l’argent font des dégâts, notamment sur la religion classique, beaucoup se réfugient dans un rêve confortable et des toiles tendues par des araignées humaines.
On voit un médium en cachette, on va chez la voyante, si possible dans une roulotte, sinon sur le Net (où des fortunes sont englouties), on écoute le chamane qui vous envape, on suce le gourou, bref, on a besoin de transcendance, pourvu qu’on échappe un peu au réel, si dur, si décevant, si morne. Le réel, c’est le froid.
Si le public des voyants veut généralement échapper aux dures lois physiques et sociologiques qui nous enserrent tous, ce que l’on peut comprendre (alors qu’il y a moyen de transcender sa vie sans sacrifier sa raison, mais c’est un peu plus dur), ce n’est pas le cas des voyants, qui eux font un beurre bien matériel avec l’angoisse existentielle et les peurs.
Avec un peu de cynisme et de tchatche, on peut entuber des wagons entiers de naïfs ou de paumés.
Le sosie de Guy Montagné qui sait pas bien parler le français : « Cette énergie peut m’incorporer jusqu’au cou, et je peux rentrer dans un état de semi-inconscience »
Est-ce que le médium peut causer avec Guy Montagné, visiblement disparu, et nous raconter une histoire drôle d’outre-tombe ?