Face à l’attitude belliqueuse des États-Unis (qui ont dépêché le porte-avions à propulsion nucléaire USS Carl Vinson, avec sa flotte d’escorte, au large de la péninsule coréenne), tant la République de Corée (du Sud) que le Japon ont fait savoir qu’ils ne voulaient pas de frappes américaines sur la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) qui feraient courir le risque d’un embrasement de la région – Séoul et Tokyo étant alors aux premières loges.
Dans ce contexte particulièrement tendu – où il convient de relativiser la portée de la démonstration de force de Donald Trump (le porte-avions USS Carl Vinson est déjà dans la région Pacifique depuis janvier) – un pays porte le poids des efforts diplomatiques pour une issue négociée, louée des réactions passionnées et impulsives et faisant appel à la raison : la République populaire de Chine.
Dans la diplomatie chinoise, on évalue la situation la tête froide sans réaction impulsive – un peu le contraire de l’Américain Donald Trump lorsqu’il a pris la décision de frapper la Syrie, faisant planer une menace de guerre dans la péninsule coréenne, théâtre de très larges exercices de guerre.
Dans ce contexte, le Président chinois Xi Jinping a pris acte des frappes américaines en Syrie (intervenues pendant son sommet aux États-Unis), réaffirmé la volonté de Pékin d’agir de concert avec Washington (qui a menacé d’agir unilatéralement), notamment sur la question coréenne, en plaidant pour le multilatéralisme. Médiateur de longue date entre les États-Unis et leurs alliés d’une part, la RPD de Corée d’autre part, sur la question coréenne, la Chine a agi avec calme, en appelant une nouvelle fois les différentes parties à la retenue – alors que la RPD de Corée est par ailleurs soupçonnée de pouvoir procéder à un essai nucléaire ou un essai balistique avant le 15 avril 2017, 105e anniversaire de la naissance du fondateur du pays, le Président Kim Il-sung.
Cette fois, le Président Xi Jinping a choisi d’appeler lui-même son homologue américain Donald Trump le 12 avril 2017, afin de le dissuader d’une action aux conséquences imprévisibles. Selon le Korea Times, le Président américain aurait été pressé de « trouver une solution pacifique aux tensions croissantes autour du programme nucléaire nord-coréen ».
Dans un éditorial cité par Courrier international, le Huanqiu Shibao a souligné les limites d’une aventure militaire unilatérale américaine :
Si l’Amérique veut agir seule, le « résultat » sera là, mais le soutien international sera faible. La question nucléaire nord-coréenne ne se résume pas à une question militaire, il faudra toujours au bout du compte parvenir à une solution politique, et la coopération internationale ne devra pas faire défaut.
Le même éditorial incitait par ailleurs Pyongyang à s’abstenir de toute initiative dans le contexte présent, « pour sa propre sécurité et pour préserver sa capacité de négociation ». Au même moment, l’Assemblée populaire suprême de la RPD de Corée s’est réunie pour prendre des décisions budgétaires (le budget militaire a été accru de 5,4 % par rapport à 2016, pour faire face aux menaces américaines, représentant ainsi 15,8 % du budget national), et reconstituer par ailleurs une commission des Affaires étrangères – traduisant la volonté de relancer la diplomatie parlementaire.
Si la Chine sanctionnerait probablement une nouvelle fois la RPDC en cas d’essai nucléaire, elle a aussi ses propres intérêts stratégiques (qui l’amène à s’opposer au déploiement de THAAD en Corée du Sud) et entend exercer ses responsabilités de grande puissance pour préserver la paix et la stabilité dans son environnement immédiat.