Le procureur de Washington estime que « le comportement d’Amazon et sa part de marché prouvent son intention de bâtir un monopole, avec une dangereuse probabilité de succès ».
La façon dont Amazon utilise son pouvoir de marché est dans le viseur de la justice aux États-Unis. Le procureur de la capitale américaine Washington a lancé des poursuites mardi contre le géant du commerce en ligne, qu’il accuse d’entrave à la concurrence.
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Le procureur Karl Racine reproche à Amazon d’empêcher les entreprises de vendre leurs produits moins chers ailleurs que sur sa plateforme. Le juge réclame donc des dommages et intérêts ainsi que des mesures pour interdire ces pratiques.
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Mais pour asseoir ses accusations, le magistrat vise en particulier une clause dans les contrats avec les commerçants, qui leur interdisait de proposer leurs biens à des prix inférieurs sur d’autres sites. Toutefois, Amazon dit avoir arrêté cette pratique en 2019. « En réalité, ils ont discrètement remplacé cette clause par une autre, équivalente, qui dit que les vendeurs tiers peuvent être sanctionnés ou renvoyés d’Amazon s’ils commercialisent leurs produits pour des prix moins élevés ailleurs », assure le juge. Il mentionne aussi les « commissions élevées » prélevées par la firme, « jusqu’à 40 % du prix du produit ».
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Avec cette plainte, la pression continue de monter aux Etats-Unis, mais aussi en Europe, contre les GAFA (Google, Apple, Facebook, Amazon) dont les comportements sont jugés anticoncurrentiels. Joe Biden a par exemple fait part de son intention de nommer la juriste Lina Khan à la tête de l’agence américaine de la concurrence (FTC). Cette universitaire s’était fait connaître dans le monde académique en 2017, alors qu’elle était encore étudiante, en publiant un article intitulé Le paradoxe antitrust d’Amazon dans une revue de l’université de Yale. Elle y estimait que l’arsenal législatif américain était insuffisant pour lutter contre les pratiques monopolistiques.