Le 3 février 2010 restera t-il dans l’histoire comme le tournant important de la dé-construction européenne, ou du lancement, tant attendu par les peuples, de la course vers l’effondrement des châteaux de cartes biseautées, Union européennes et États-Unis d’Amérique ? Qui des tricheurs bruxellois ou des tricheurs de la banque fédérale américaine seront les premiers démasqués ?
Côté européen
C’est à cette date que le gouvernement socialiste grec, démocratiquement élu, s’est soumis à trahir son peuple, en acceptant les oukazes ultra-libérales de la commission, pour obéir servilement aux injonctions reçues quelques jours avant au forum de Davos. Ainsi, tous les mois, le 15 ou le 16, il devra rendre compte à l’euro près d’avoir bradé le patrimoine et les services publics grecs, d’avoir réduits les dépenses de santé en cessant de rembourser des soins, d’avoir licencié suffisamment de fonctionnaires, etc.
La Commission européenne sait parfaitement que ces mesures vont être totalement contre-productives, en cassant définitivement la confiance dans l’économie réelle grecque qui repose - comme l’économie réelle française - sur la vitalité du marché intérieur. A chaque fois que ces mesures ultra-libérales ont été appliquées, elles ont conduit à la ruine. Pourtant, si le FMI, la Banque Mondiale et maintenant, l’Union européenne, persistent dans ces injonctions destructrices, la raison en est toute simple : leur but réel n’a rien à voir avec leur volonté déclarée, le redressement économique qui n’est qu’un prétexte. Il s’agit simplement de prendre le pouvoir en lieu et place des gouvernements démocratiquement élus, quitte à provoquer les pires catastrophes sociales et économiques.
La Grèce est ainsi devenue le premier territoire occupé et directement administré par la Commission européenne, dans le seul but de tester et légitimer ce nouveau pouvoir par une démonstration de force, la confrontation avec le peuple grec.
Et tout ça pour rien !
Cette martiale annonce de la mise sous tutelle directe de la Commission d’un état souverain devait rassurer les marchés, censés admirer la puissance et la coordination de la BCE souteneuse et de la Commission matonne. Patatras ! La farce européenne, plus personne n’y croit, pas même les marchés financiers qui ont continué de faire dévisser l’euro : dès le lendemain, celui-ci à atteint son plus bas à moins de 1,38 dollar. Voilà toute la confiance qu’inspire la Commission européenne aux marchés !
Sordide télescopage ?
Le même jour, très fier de lui, le ministre des Affaires étrangères Bernard Kouchner présentait au Conseil des ministres, un projet de loi autorisant la ratification du traité du le 18 octobre 2007 portant création de la force de gendarmerie européenne.
Dans la perspective d’un embrasement social imminent de la Grèce, on ne peut s’empêcher de faire le lien entre cette légalisation (par ailleurs constitutionnellement très discutable, pour les mêmes raisons que l’Allemagne, plus sourcilleuse de son droit, n’y participent pas) de la mise en place d’un force de police inter-européenne de "gestion de crise" et la mise sous tutelle précitée. Notons au passage que la gendarmerie européenne existait déjà sans que le traité de 2007 ait été ratifié. C’est donc la perspective de transformer la Gendarmerie Française en force d’occupation et de répression anti-sociale qui semble motiver cette ratification tardive du traité. Est-ce là l’avenir sordide qui se profile pour ce corps d’armée dont les Français sont si fiers, à juste titre ? Transformer une partie de notre Gendarmerie Nationale en force d’occupation étrangère et de répression anti-sociale, directement sous les ordres du pseudo-état illégitime que devient la Commission européenne ? Si, encore une fois, les parlementaires boivent la coupe jusqu’à la lie, c’est probable...
Côté américain
Ordinairement, le rôle des agences de notations consistaient essentiellement à ramener dans le droit chemin ultra-libéral les gouvernements qui osaient tenter quelque politique économique déviante du modèle américain. En octobre 2008, au moment de la médiatisation de la crise dite "des subprimes", elles ont servi aux politiques de boucs émissaires au motif qu’elles auraient dû prévoir la crise à leur place, et au minimum noter plus sévèrement les établissements financiers que ces mêmes gouvernements encourageaient par ailleurs à foncer dans la création de valeurs fictives.
Ce même 3 février, l’agence de notation Moody’s a ciselée une dépêche Reuters (texte original ou français, un coup de semonce avait été tiré le 10 janvier 2010), visant à dégrader la notation AAA des États-Unis ! Si cette menace de dégradation est aussi une réponse à celles de taxation des banques dernièrement proférées par Barak Obama, c’est d’abord un acte décisif en ce que ce qu’elle engagera inévitablement ses auteurs à la mettre à exécution, pour ne pas perdre le peu de crédibilité qu’il leur reste. Il est donc désormais inéluctable que le USA vont, assez rapidement, voir leur note dégradée, ce qui les entrainera dans une spirale infernale, en rendant encore plus insupportable le coût de l’endettement public.
Mais le plus grave est certainement la perte du magister moral que le capitalisme américain imposait au monde en même temps que sa monnaie de singe. En se dégradant lui-même, le système de domination idéologique va s’auto-intoxiquer, selon le principe de l’exorcisme « Non Suade Mihi Vana. Sunt Mala Quae Libas. Ipse Venena Bibas ! » (Ne me persuade pas de tes vanités. Ce que tu offres est mauvais. Bois toi-même ton venin !)
Le gouvernement U.S. ne cherche même plus à minimiser la situation. Ainsi, pour le vice-président américain Joe Biden « si les États-Unis ne s’attaquent pas aux déficits budgétaires record, ils deviendraient une menace pour la sécurité nationale dans le temps ». Cette dramatisation n’est pas innocente : c’est le prétexte à aller encore plus loin dans les réformes ultra-libérales, comme le préconise le rapport du National Research Council selon lequel "il faudra agir très vite" pour relever "les défis les plus importants" qui concernent... "la réduction des coûts des programmes de santé et de retraite" Ça ne s’invente pas !
La course vers l’abime est lancée
Des deux rives de l’Atlantique, la course est donc lancée, entre l’écroulement américain et l’effondrement européen, l’un entrainant celui de l’autre. Le premier arrivé à cette funeste course sera forcément désigné par l’autre comme le responsable de la chute de la cordée. Mais c’est bien un même ensemble qui s’effondre, celui de l’économie virtuelle mise en place par ceux qui n’y voyaient que le moyen de s’enrichir à l’infini en détournant les richesses produites par d’autres.
Aussi pénibles et difficilement prévisibles que soient les évènements et les crises qui s’annoncent, nous n’allons verser une seule larme sur la disparition de ce système qui a suffisamment fait la preuve de la nocivité. Tôt ou tard, l’économie réelle reprendra sa place, et on réalisera que tous ces acquis qu’on demande de liquider parce que nous n’aurions plus les moyens de les entretenir, (protection sociale, système de santé, services publics, etc.) ont été mis en place à la Libération, dans un pays ruiné par la guerre, quand la productivité était trois fois inférieure à celle d’aujourd’hui. Fort de cette leçon du passé, nous nous réfèrerons au programme du Conseil National de la Résistance sur la base duquel les authentiques entrepreneurs doivent faire l’union nationale avec les forces sociales. C’est par la relance de l’activité et du marché intérieur que nous rebâtirons une économie au service de l’homme, tout simplement, comme pendant les "Trente glorieuses". En attendant ces jours meilleurs, des deux côtés de l’Atlantique, nous allons subir les errements de dirigeants de rencontre, hagards et aux abois, en souhaitant que le maximum de personnes raisonnables parviennent à en limiter les effets.