Il y a encore quelques semaines, les fédéralistes triomphaient. Certes, avec la hausse du chômage et la récession, cela était indécent, mais six mois de calme des marchés leur faisait dire que la crise de la zone euro était finie. Mais le début de l’année 2013 s’avère être un calvaire pour eux.
Le recul du budget européen
Pour espérer construire un jour les États-Unis d’Europe, il faudrait que les pays européens s’accordent pour davantage mettre en commun leurs ressources. La crise de la zone euro a permis à ses avocats les plus farouches de le proposer. Mais jusqu’à présent, à part le FESF et le MES pour sauver les créanciers des pays en difficulté et les camisoles budgétaires, l’unification est au point mort. L’idée des euro obligations, certes relancée par François Hollande, n’avance pas.
Mieux, alors que le budget européen ne représente qu’un maigre 1 % du PIB de l’UE (contre plus de 20 % aux États-Unis), alors que les technocrates de Bruxelles souhaitaient obtenir toujours plus d’argent, les dirigeants européens se sont mis d’accord pour soumettre les eurocrates à la rigueur. Le budget 2014-2020 sera donc en recul de plusieurs milliards d’euros, une première depuis la création de la CEE. Les dépenses somptuaires de fonctionnement de cette Europe sont remises en question, de même que le service extérieur commun. La diplomatie européenne bat de l’aile !
Le débat sur l’euro cher
Pire pour les fédéralistes, le débat actuel sur l’euro cher est en train de saper les fondements de la monnaie unique européenne et d’apporter de l’eau au moulin de ses opposants. En effet, alors que même les très europhiles dirigeants socialistes critiquent (bien illusoirement, certes) l’appréciation de la monnaie unique européenne, Berlin a réagi de manière extrêmement sèche et bien peu diplomatique en rétorquant que le niveau de l’euro était parfaitement raisonnable.
Une étude de la Deutsche Bank a évalué le niveau maximal pour les différentes économies européennes. Pour l’Italie, il ne faut pas aller au-delà de 1,16-1,17 dollar, pour la France 1,22-1,24, tandis que l’Allemagne pourrait supporter que l’euro s’envole à 1,54-1,94 dollar ! Mais ce faisant, cette étude explique que des économies différentes ont besoin de monnaies différentes dont les cours ne sont pas les mêmes, ce que j’explique dans la vidéo tournée pour Debout la République.
L’axe anti-fédéraliste Berlin-Londres
Donc, entre un budget européen en recul et la compréhension que des économies différentes ne peuvent pas partager la même monnaie, ce n’est pas la fête pour les fédéralistes. Mais les dernières nouvelles politiques sont du même acabit. Loin d’un nouveau traité qui pousserait plus loin l’intégration européenne, Londres exige désormais un recul de cette intégration sous peine de quitter l’Union Européenne et met un pistolet sur la tempe de ses partenaires avec un référendum.
Pire encore, l’épisode du Mali a une nouvelle fois montré l’inutilité crasse de l’Union Européenne puisque la France a du tout faire. Le processus de négociation du budget européen a largement ignoré les eurocrates puisque ce sont l’Allemagne, la Grande-Bretagne et la France qui ont débloqué la situation, la dernière acceptant les demandes des deux premières. Et cet axe Berlin-Londres semble profondément hostile à toute intégration supplémentaire, pour le budget notamment.
Bref, malgré le MES et les différentes camisoles budgétaires européennes, le processus d’intégration n’est plus seulement grippé, la marche arrière est désormais enclenchée sur certains sujets. Mieux, si Paris appuyait Londres et Berlin, l’Union européenne aurait toutes les chances d’être démantelée.