Un jet privé, une malle percée de trous, des barbouzes américains... Peu à peu, le voile se lève sur la manière dont Carlos Ghosn a fui le Japon. Mais restent des inconnues : il se murmure le nom d’une société israélienne, celui d’un ex-militaire français et même celui… d’Alexandre Benalla !
Saura-t-on combien cette folle cavale a coûté à Carlos Ghosn ? En frais de barbouzes, moyens de transport, repérages et logistique secrète pendant les mois de sa nécessaire préparation ? Sans parler des dépenses pour sa « communication » post-évasion. Plusieurs millions d’euros, puisés probablement dans ses caisses noires, mises au jour par la justice japonaise… Mille et une questions restent en suspens et n’auront pas été dissipées par cette conférence de presse de mercredi scénarisée à l’extrême. Mais que Ghosn peut-il dire sans mettre en danger tous ceux qui ont participé à sa fuite ? Ont-ils mesuré l’ampleur de l’affront fait au Japon en faisant s’évader le PDG déchu ? Et les risques qu’ils prenaient vu l’enquête titanesque qui va être menée pour les retrouver ?
Barbouzes
À ce jour, sept personnes ont été identifiées. Cinq d’entre elles, quatre membres d’équipage et un employé d’une société turque de location d’avions, ont été interpellées en Turquie. Deux barbouzes américains, l’un d’origine libanaise, l’autre marié à une Libanaise, tous les deux des anciens des forces spéciales, restent introuvables. Mickael Taylor et George Zayek, dont le Wall Street Journal a révélé l’existence, ont atterri le dimanche 29 décembre, à 10 h 10, sur l’aéroport du Kansai, près d’Osaka, dans le sud-ouest du Japon. Leur jet privé, affrété par la société turque MNG, a décollé de Dubaï. Douze heures de vol. Le top de départ de toute l’opération a donc été donné au plus tard à 22 heures, le samedi 28 décembre, quand le jet a quitté le golfe. C’est-à-dire le week-end où Nissan a décidé de lever la surveillance privée devant la maison de Tokyo. Une décision, on va le voir, attendue avec impatience depuis des semaines par l’équipe Ghosn…
Retour en arrière. La première piste que vont suivre les enquêteurs japonais est la façon dont l’opération a été planifiée. Ils vont tenter de remonter, depuis sa libération conditionnelle fin avril 2019, tous ceux qui ont approché Carlos Ghosn. L’emploi du temps de sa femme, ciblée elle aussi cette semaine par un mandat d’arrêt international émis par la justice japonaise, va être passé au crible. Mais, selon plusieurs sources dans le milieu du renseignement, il n’est pas certain qu’un membre de l’équipe d’exfiltration ait été en contact direct avec Ghosn. Ces sources évoquent la possibilité d’un téléphone « intraçable » qui aurait été remis à l’ancien patron de Renault, et qui lui aurait permis de se coordonner avec ses « agents ». Dans la communauté du renseignement circule même le nom d’une société israélienne, spécialisée entre autres dans ce genre d’appareil « furtif », et qui aurait pu jouer un rôle dans la cavale de Ghosn. Une source anonyme, mais disposant d’informations privilégiées et recoupées, affirme à Marianne que cette société israélienne, compte tenu de « ses capacités techniques et technologiques », aurait joué un rôle déterminant pour « sécuriser » les communications en amont. Selon cette source, la planification de l’opération a commencé avant l’été dernier.
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