On se fiche pas mal de savoir si c’est bien ou pas que Soral ait quitté Flash. Il l’a quitté, point à la ligne. Il y avait mis des sous, du temps, des espérances, il est maître de ses actes. C’est élémentaire mais on dirait qu’il devient nécessaire de le préciser. Surtout que, pour le coup, il a sûrement perdu des sous dans l’affaire donc bon, pour la leçon de morale on repassera.
Non, ce qui est intéressant, et d’autres l’ont déjà remarqué, c’est le motif invoqué. Si on suit le raisonnement, Soral quitte Flash car Flash devient = au FN. Ce qui veut dire que le point de rupture se situe au niveau de l’engagement du journal pour un parti politique, ce qui n’était pas convenu dans l’accord qui unissait Soral à Flash. Ce qui explique son départ du projet. On ne peut plus logique. Le problème, c’est donc, à travers la question de l’islam, la question des rapports à entretenir avec le FN. Ce que j’ai du mal à m’expliquer, même si je le comprends, c’est que Soral critique Asselineau parce qu’il considère que son analyse "FN = système" affaiblit le système au profit de Strauss-Kahn, alors que lui-même n’est pas très clair sur sa position vis-à-vis du FN. Car si Flash a dorénavant pour vocation d’être "le journal du FN", alors il a pour vocation a rendre service au FN. Ce n’est pas ce que Soral veut ? Ou bien il veut lui rendre service sans être identifié, auquel cas ça devient suspect et pas très "courageux", justement. On dirait que Soral veut être de la partie si le FN gagne sur toute la ligne (j’assure un minimum de soutien idéologique), mais pas trop mouillé si le FN vire aux extrêmes (je vous avais mis en garde la preuve j’avais quitté Flash blabla !). Suis-je le seul à en arriver à cette conclusion ? J’ajoute au passage que quand Soral dit "MLP joue le jeu du système en assumant l’islamophobie officiel, la question reste à savoir si elle le fait par croyance idéologique en ce qu’elle dit, ou parce qu’elle a compris que c’était la condition à sa montée médiatique" il ne dit pas beaucoup plus qu’un Asselineau qui dit "le FN joue le jeu du système en discréditant certaines bonnes idées à savoir l’analyse économique par de mauvaises idées à savoir l’islamophobie". Car, et c’est bien ça qu’a compris Soral, on peut aussi voir en MLP quelqu’un qui discrédite complètement la pensée anti système sur le plan économique, puisque dans le même temps elle est aussi anti Islam, or du coup, premièrement l’un contredit l’autre (on ne peut pas être anti système et valider le choc des civilisation car le choc des civilisations est un des stratagèmes du système) deuxièmement, puisqu’on est officiellement le seul parti politique à valider la ligne idéologique anti système, on fait passer toute personne anti système pour anti musulman (ou raciste, peu importe) dans l’esprit des gens, dont la conséquence sera le fait que les gens voteront Strauss-Kahn car il incarne le côté "rassurant" de la politique, et qu’à choisir entre un anti système raciste, on préférera quelqu’un qui a une posture "neutre" ou bien "de gauche" même s’il est du système. Aussi, comment Soral explique-t-il d’être à la fois prudent vis-à-vis de la question du FN tout en ayant un avis aussi tranché sur Asselineau alors que visiblement rien ne les oppose idéologiquement ? (en tout cas après que cette nouvelle est tombée). Ou bien la prudence de Soral est à comprendre comme un état dubitatif (j’hésite) ou bien c’est une posture stratégique (je sais très bien ce que je fais, je suis plus utile au FN sans l’étiquette FN sur le front, et je fuirai donc systématiquement tout organe avec l’étiquette FN).
Mais bref, toujours est-il qu’hormis ces considérations purement idéologiques, Soral fait ce qu’il veut et on a rien à lui dire. On ne blâme pas quelqu’un qui agit, même si ses actes nous paraissent étrange, car un acte maladroit vaut davantage que toute pensée parfaite. Autrement dit : mieux vaut mal faire que bien dire, car si les deux s’avèrent autant inefficaces l’un que l’autre, le premier a le mérite que l’autre n’a pas.
Et pour ce qui est de la question de l’Islam, évoqué par anonyme du 18 mars à 14:21, je ne suis pas loin de penser pareil, à ceci près que je n’y suis pas du tout hostile, au contraire. Mais je peux comprendre que la ligne "musulmane" que défend Soral est "naïve", dans la mesure où ce qu’il prétend voir dans l’Islam, c’est ce qu’il veut bien voir. Car quid des musulmans "qui s’en foutent de la politique et donc de la réconciliation nationale", quid des musulmans "qui s’en foutent de la France de la même façon que beaucoup de non musulmans français de souche blablabla s’en foutent également", quid des musulmans "mondialistes" du genre de ceux qui fantasment de mener une vie aux Etats-Unis, aux Royaume-Uni etc. (les mêmes desquels Soral fait "l’avenir de la France", alors qu’ils n’ont peut-être pas envie d’assumer ce rôle, de la même façon qu’un non musulman français de souche blabla aurait lui aussi envie de faire carrière hors de France.) et surtout, quid des musulmans de banlieue qui voient dans l’islam "le dernier truc à la mode" genre survet’ Nike idéologique à porter pour être accepté dans le quartier ?
Bref, je crois moi aussi que Soral se trompe quand il fonde tous ses espoirs dans l’Islam "de France" (dans lequel énormément de musulmans ne se reconnaissent ), car on n’est jamais plus déçu que lorsque l’on voudrait faire jouer à quelqu’un le rôle qu’on a choisi soi-même, à ses dépens et sans lui demander son avis.
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