Le gouvernement israélien a avalisé dimanche [17 juin 2018] un projet de loi prévoyant jusqu’à dix ans de prison pour toute personne filmant, photographiant ou enregistrant des soldats « en vue de porter atteinte à la sécurité de l’État ».
Le projet présenté par le parti ultra-nationaliste Israël Beiteinou dirigé par le ministre de la Défense Avigdor Lieberman, prévoit de condamner à cinq ans de prison les « personnes qui filment, photographient ou enregistrent des soldats pendant leur service afin de démoraliser les soldats et les civils israéliens », dont on sait qu’ils ont le moral extrêmement fragile (une gifle infligée par une adolescente déstabilise complètement des soldats armés jusqu’aux dents !).
Mais cette peine pourra être doublée dans les cas où ces images et enregistrements visent à « porter atteinte à la sécurité de l’État ». On sait que, selon le gouvernement israélien, il en faut vraiment très peu – un « post » Facebook par exemple – pour menacer Israël d’un « nouvel Holocauste » (au minimum).
Les mêmes peines d’emprisonnement pourront également être prononcées, après adoption de ce texte à la Knesset, aux personnes diffusant ces documents dans les médias et les réseaux sociaux.
Selon les initiateurs du projet, des ONG locales « anti-israéliennes », ainsi que des groupes liés au BDS (Boycott, Désinvestissement, Sanctions), passent « des jours aux côtés de soldats israéliens, attendant avec impatience un acte qui puisse être enregistré de manière biaisée et utilisé pour les dénigrer ». En réalité, le présence de caméras permet parfois, dans une certaines mesure, de réduire la violence exercée par les soudards de l’armée d’occupation contre les civils palestiniens en Cisjordanie, et si de temps en temps les tribunaux israéliens sanctionnent (toujours très légèrement et le plus souvent très tardivement) les abus dont ceux-ci se rendent coupables, c’est parce qu’ils ont été filmés et que de ce fait ils ne peuvent plus être niés.
Avigdor Lieberman a salué le vote intervenu au conseil des ministres, affirmant qu’il allait « mettre fin » aux tentatives de « ceux qui soutiennent le terrorisme » en vue « d’humilier, de déshonorer et de nuire » aux soldats de son armée d’occupation.