L’un après l’autre, les pays d’Europe interdisent la production d’hydrocarbures de schiste. Les Pays-Bas ont suspendu tout recours à la fracturation hydraulique jusqu’en 2020 et ces dernières années, plusieurs autres pays ont décidé d’interdire l’exploitation d’hydrocarbures extraits des roches de schiste. La revue Deutsche Welle tente de comprendre ce qui s’est produit avec le « boum de schiste » en Europe.
Un autre gouvernement vient d’interdire l’exploitation des ressources gazières situées dans les roches de schiste : la semaine dernière, c’est au tour des Pays-Bas d’avoir interrompu pour une durée de cinq ans toute fracturation hydraulique à des fins commerciales.
La fracturation hydraulique est un procédé qui consiste à envoyer de l’eau dans les roches de schiste avec un mélange de produits chimiques (0,5-1% du mélange). Cette technologie est connue depuis des décennies mais les compagnies veulent aujourd’hui rechercher des hydrocarbures dans des couches souterraines encore inexplorées.
Les États-Unis traversent en ce moment une « révolution de schiste », même si les cours pétroliers bas ne favorisent pas le secteur en ce moment.
Le « boum de schiste » avait également commencé en Europe il y a cinq ans. De nombreux pays, notamment en Europe de l’Est, espéraient que le gaz de schiste serait l’un des facteurs qui permettrait de pallier leur dépendance énergétique envers la Russie. Mais ces espoirs se sont éteints aujourd’hui, indique DW.
Quand la couche de schiste est démolie, de l’eau à haute pression est injectée à une profondeur comprise entre 1 et 5 km. On envoie également du sable, qui comble les fissures pour qu’elles ne se ferment pas et permettent au gaz de s’échapper des schistes.
Étant donné qu’il est difficile de mélanger l’eau et le sable, les compagnies ajoutent certains produits chimiques pour favoriser ce processus. Les Verts appellent cela un « cocktail chimique pollueur d’eau ». Un film militant a été diffusé en 2010 pour montrer que ce cocktail et le gaz polluaient l’eau à tel point qu’elle devenait inflammable.
On craint également que la fracturation hydraulique puisse provoquer des tremblements de terre. Plusieurs séismes survenus ces dernières années aux États-Unis et dans le nord de l’Allemagne sont associés aux gisements d’exploitation de gaz naturel. Les environnementalistes et d’autres activistes européens s’opposent fermement aux efforts des gouvernements et des entreprises pour explorer les couches de schiste.
La France fait partie des États ayant le plus grand potentiel d’exploitation du gaz de schiste. Mais un moratoire a été imposé en 2011 contre la fracturation hydraulique. La Bulgarie, la République tchèque et d’autres pays ont suivi l’exemple de Paris.
Même dans les États où la fracturation hydraulique n’est pas interdite, par exemple au Royaume-Uni et en Espagne, sur les territoires de certaines régions (Écosse, pays de Galles, Catalogne) les autorités régionales ont interdit ce procédé d’extraction des hydrocarbures.
L’Allemagne adoptera très probablement une nouvelle loi cet automne, qui n’interdira pas la fracturation hydraulique mais la restreindra considérablement. Le pays a l’intention d’autoriser uniquement les puits d’essai.
Plusieurs puits ont déjà été creusés en Europe de l’Est, notamment en Pologne, qui était le plus grand supporter du « boum de schiste » en Europe.
Mais cette révolution s’est terminée en Pologne avant même d’avoir commencé. Les puits d’essai ont révélé que la Pologne possédait moins de gaz que prévu, par conséquent les investisseurs ont quitté le pays et les protestations des environnementalistes ont encore compliqué ces projets. La Roumanie a vécu le même scénario.
D’autres États ont décidé qu’il était préférable de ne rien commencer dans le domaine : la Norvège et la Suède ont décidé que l’exploitation des couches de schiste était économiquement non rentable.