Par une ironie dont seule l’histoire des idées politiques a le secret, Finkielkraut vient de se faire jeter par les enfants de sa propre idéologie.
Élevés dans les principes libertaires de Mai 68, prônés par Finky et sa bande pour abattre le dangereux communisme, ils ne pouvaient que s’en prendre à cette figure paternelle qui au final, leur a menti, et les a induits en erreur. Ils ne le savent pas encore consciemment, mais ils le savent instinctivement. D’où ce rejet qui semble violent.
Nous ne cautionnons pas la violence des mots et des gestes, mais le philosophe a reçu la monnaie de sa pièce médiatique, pièce étant compris comme argent et théâtre à la fois : les médias, qui ont relayé servilement la pensée de leurs maîtres (disons, les nouveaux philosophes), ont engendré des monstres, qui ne comprennent plus rien, qui mélangent tout, qui cherchent vainement les responsables de cette errance morale et spirituelle.
Si les activistes de Nuit Debout ne sont pas tous des ignares politiquement, loin de là, il leur manque généralement l’échelon de pensée supérieure qui permet de voir toute la pièce, the big picture. La vision globale, ça demande des efforts, des lectures (sur Kontre Kulture y a tout c’qu’i faut, outils et matériaux intellectuels), mais à l’arrivée, ça économise de la colère mal dirigée, et de la détestation stérile. On concentre son énergie sur l’essentiel, les rapports de forces, les réseaux oligarchiques, la vraie structure de pouvoir. Dont Finky n’est qu’un rouage.
Ce n’est évidemment pas en insultant le philosophe, dont on se demande parfois s’il ne cherche pas la posture victimaire – faudrait demander à un psy qui a survécu – que le mouvement Nuit Debout va gagner en crédibilité et en efficacité. Cependant, celui qui traitait tous ses ennemis politiques de fascistes, vient soudainement de passer de l’autre côté. C’est l’arroseur arrosé, le fasciseur fascisé.
La Nuit de Cristal Debout ?
Juste après l’échange de tirs verbaux entre « les jeunes cons et le vieux con », selon l’expression de Claude Askolovitch, le philosophe Alain Finkielkraut, toujours au coeur des grands événements historiques, s’explique au micro du Cercle des Volontaires. La courte interview a lieu juste après son presque « lynchage », d’après ses propres mots, ce samedi 16 avril 2016 au soir.
Ici le tweet de soutien communautaire de Claude Askolovitch :
Ici le tweet empreint de délicatesse et de déontologie de Frédéric Haziza, qu’il a prestement effacé, à peine publié (dimanche matin vers 11 heures) :
Cela devient une affaire d’État : toutes les personnalités se mettent – même un dimanche matin de vacances de Pâques – à réagir à cette agression ignoble :
L’ex-présentateur de JT Bruno Masure entre dans la danse :
L’inévitable Caroline Fourest, que « tout le monde déteste » :
Pour ceux qui auraient des doutes sur le positionnement de Gilbert Collard :
Et enfin la vidéo de l’interview à chaud, juste après le drame :