Arnaud Montebourg est bien en difficulté pour essayer de sauver le site Arcelor-Mittal de Florange, qui pourrait bien être le deuxième, après celui de Gandrange, à fermer. Logique : tant Nicolas Sarkozy que François Hollande ignore une solution bien simple : le protectionnisme.
L’impasse du gouvernement
Aux Etats-Unis, la sidérurgie est protégée depuis très longtemps contre les importations à bas coûts venues d’Asie. Certes, l’acier y est sans doute plus cher qu’en Europe, mais au moin les emplois restent dans le pays. En France, Arcelor-Mittal souhaite fermer une partie de l’usine de Florange, après celle de Gandrange. Officiellement, cela doit permettre de réduire les capacités de production en Europe du fait de la baisse de la consommation consécutive à la crise économique.
Le choix d’Arcelor-Mittal est doublement intéressant pour le groupe indien. En effet, la fermeture d’une partie seulement de l’aciérie de Florange est un bon moyen pour empêcher une reprise du site puisque le groupe conservera la partie la plus intéressante et qu’un repreneur n’aura guère d’intérêt à reprendre la partie la moins intéressante de l’usine, qui plus est dans un pays où le coût du travail est élevé. Et cette fermeture va baisser les capacités de production et donc soutenir les prix.
C’est pour cette raison que Jean-Marc Ayrault a refusé de se prononcer sur le maintien de l’activité sur le site, sachant bien qu’il va être délicat de trouver un repreneur. Bien sûr, il reste l’option de la nationalisation, mais elle a été balayée d’un revers de main par Arnaud Montebourg et Nicole Bricq il y a quelques jours. En fait, on se rend aussi compte de la difficulté à faire pression sur des actionnaires indiens. Nicolas Dupont-Aignan avait raison de s’opposer à la vente d’Arcelor à Mittal…
L’option protectionniste oubliée
Pourtant, il y a une solution simple et bon marché pour forcer Arcelor-Mittal à poursuivre l’activité à Florange. En effet, si le gouvernemen décidait de mettre en place des droits de douane sur un certain nombre de produits sidérurgiques, des quotas ou tout autre mesure protectionniste, il serait possible de protéger le site. En effet, les statistiques de la Fédération Française de l’Acier révèlent une détérioration continue de notre solde commercial, passé dans le rouge en valeur en 2011.
Mieux, le rapport 2010 de la Fédération Française de l’Acier indique en effet que notre marché intérieur est approvisionné à hauteur de 5,7 millions de tonnes par les livraisons des usines françaises, et à hauteur de 8,6 millions de tonnes par les importations. Bref, une petite dose de protectionnisme, bien ciblé sur les produits de Florange, permettrait de protéger ces emplois. Dommage que le hérault de la démondialisation ait oublié les leçons d’Emmanuel Todd en un an…
Pourtant, les idées protectionnistes progressent, malgré les caricatures. A ce titre, il est intéressant que trois journalistes de l’Expansion, de l’Express et du Monde, Franck Dedieu, Benjamin Masse-Stamberger et Adrien de Tricornot, aient écrit un livre « Inévitable protectionnisme ». Même s’ils se limitent au cadre européen et refuse tout protectionnisme national, cela montre que les lignes bougent, comme le montrent l’évolution de Paul Krugman et Joseph Stiglitz.
Nicolas Sarkozy n’a pas sauvé Gandrange, malgré ses promesses. Le gouvernement actuel a toutes les chances de laisser tomber Florange. Pourtant, il n’était pas très compliqué de sauver ces sites : quelques mesures protectionnistes auraient permis de protéger la production de l’acier en France.