C’est à l’occasion d’un article de France Soir (journal en ligne mais plus en papier) sur le professeur Fourtillan que nous sommes tombés sur le 20 Heures de France 2 du 14 novembre 2020. Ce JT restera dans les annales comme l’exemple même de la faillite morale et de l’avilissement absolu devant le pouvoir politique du journalisme. Tout dans ce JT transpire la désinformation tranquille, la propagande grossière, le mensonge éhonté.
Pour info, les Français équipés d’un téléviseur continuent à payer 139 euros par an pour ça. Le pluralisme, sur France Télévisions et ses 2600 journalistes (2600 pour ça...), c’est pour les chiens, ou le cochon de payant !
Delahonte attaque :
« Il est le symptôme béant de l’époque, celle où le complotisme construit son sillon via les réseaux sociaux mais pas seulement, un documentaire qui souhaite tenter de démontrer les mensonges et les manipulations dans la gestion de l’épidémie, eh bien crée la controverse et soulève questions et inquiétudes. Durant 2h43 on y retrouve une accumulation de pistes, un mille-feuille d’idées, d’hypothèses et de contre-vérités, alors qui en est à l’origine, et pourquoi trouve-t-il un tel écho ? »
Après la présentation bien partiale du sujet par un journaliste qui n’est qu’un présentateur, un speakerin, au tour de son propagandiste subalterne d’enfoncer le clou. Asseyez-vous bien, ça va tanguer intellectuellement.
La voix off :
« C’est une vidéo qui enflamme les réseaux sociaux et cumule des millions de vues. Hold-up, une critique censée démontrer les mensonges sur la Covid-19 propagés par le gouvernement, l’industrie pharmaceutique ou les médias. Un film aux nombreuses contre-vérités. Certains faits sont réels, mais l’argumentaire déroule au moins une trentaine de fausses informations. »
Olivier Schwartz, le directeur de l’unité « Virus et Immunité » de l’institut Pasteur, est interrogé par France 2 pour éteindre l’incendie :
« Le brevet d’invention c’est un terme technique, c’est donc protéger un procédé, une façon de faire un test diagnostic, un traitement, ça ne veut pas dire qu’on a inventé le virus. »
Ouf, l’institut Pasteur est blanchi par Schwartz. La voix off reprend :
« Un internaute ayant relayé cette affirmation [celle de Fourtillan] a d’ailleurs été condamné pour diffamation. Alors, quelle est la recette de ce succès ? [La voix change, devient plus grave] Le film est financé via une cagnotte en ligne, montant récolté, près de 200 000 euros. Il reprend tous les codes d’un documentaire ; problème, il n’y a aucune contradiction, une astuce prisée des complotistes, cela s’appelle le mille-feuille argumentatif. »
Toto & Reichy, les Laurel & Hardy du complotisme sioniste, en renfort
- Toto le héros
On découvre alors le petit Huchon faisant sa démonstration dans la rue :
« C’est l’idée qu’on va superposer des arguments qui n’ont pas forcément de lien entre eux, mais en les superposant on va donner une espèce d’impression de cohérence, qui va avoir un impact sur nous et qui va donner l’impression que finalement tout ça se tient, qu’il n’y a pas de fumée sans feu et qu’à la fin, eh ben tout ça est crédible. C’est terrifiant, mais ça marche comme ça. »
Tiens, exactement ce que fait ce sujet de France 2. La voix off enchaîne :
« Des arguments portés par des experts parfois sujets à caution. Hold-up enchaîne des entretiens d’élus, de scientifiques, de médecins, dont certains contestés dans leur domaine. »
Et là, nous atteignons un sommet dans l’information de service public :
« Depuis mars, ils profitent de la peur du virus, de l’incertitude pour propager leurs thèses, sans jamais être inquiétés. »
Pour le petit propagandiste et son présentateur, qui a validé ce sujet, les gens qui ne pensent pas comme eux devraient être « inquiétés ». Comment ? Physiquement ? Économiquement ? Par qui ? Pourquoi ?
- Reichy chez lui
Soudain, l’écran s’illumine malgré le manque de pixels et la lumière blafarde : le visage somptueux de Rudy Reichstadt en casque audio (un accessoire de travail de surveillance des réseaux sociaux) s’incruste et on entend le petit télégraphiste du CRIF nous ressortir sa confiture habituelle :
« Ils n’ont jamais, jamais, à rendre le moindre compte. »
À qui ? Et combien doivent-ils ?
« Ils sont dans une irresponsabilité totale et je pense qu’il faudrait rééquilibrer, peut-être par la loi, euh, euh, les choses. »
Rééquilibrer les déséquilibrés ? Comment ? Par la loi, mais de quel pays ? Soudain, l’ange Reichy disparaît comme il était apparu, dans un éclair, et la voix off reprend, encore plus gravement, pour descendre dans les graves jusqu’à la touche finale :
« Face à la polémique, plusieurs participants au film affirment avoir été piégés, Philippe Douste-Blazy, ancien ministre de la Santé, ou Monique Pinçon-Charlot, sociologue. Dans la vidéo, elle comparait l’épidémie au génocide de la Seconde Guerre mondiale. »
Tout ça pour un point Godwin. Fin du sketch et retour plateau sur le visage décomposé par le sens des responsabilités de Laurent Delahonte. Un grand moment de pétévision.