L’énergéticien russe Gazprom a annoncé ce mardi l’interruption de la fourniture de gaz au groupe français en raison d’un désaccord sur leurs contrats. Plus tôt dans la journée, Engie se voulait rassurant pour l’hiver mais alors qu’une nouvelle maintenance s’engage sur le gazoduc Nord Stream 1, beaucoup d’incertitudes demeurent.
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Ce mardi soir, le géant gazier russe Gazprom a annoncé sur Telegram qu’il allait interrompre entièrement ses livraisons à Engie à partir de jeudi. « Gazprom Export a notifié Engie d’une suspension complète des livraisons de gaz à partir du 1er septembre 2022 jusqu’à la réception en intégralité des sommes financières dues », a-t-il indiqué.
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Engie n’a pas fait de commentaire supplémentaire après l’annonce de Gazprom ce mardi soir. « Je pense qu’il faut rassurer les clients d’Engie, qui a d’autres sources d’approvisionnement que le gaz russe », a quant à elle réagi la Première ministre, Elisabeth Borne, sur TMC. « De façon générale on essaie de s’organiser et de se préparer en cas de coupure générale de l’approvisionnement en gaz par la Russie », a-t-elle ajouté.
Considérablement réduits depuis le début de la guerre en Ukraine, les volumes de gaz russe livrés par Gazprom à Engie représentent 4 % du total de ses approvisionnements, soit 1,5 TWh. Compte tenu de ce niveau très bas, Engie s’était voulu rassurant, avant l’annonce de la suspension totale. « Eviter la panne de gaz ? Oui on va y arriver cet hiver », faisait même fait valoir Claire Waysand, la directrice générale adjointe d’Engie, lors d’une table ronde aux universités d’été du Medef lundi.
Une situation précaire
Toutefois, ce nouveau revirement de Moscou rappelle que la situation reste très précaire.
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Les stocks ne sont remplis qu’à 80 %, contre une moyenne de 82 % atteinte au cours des cinq dernières années précédentes.
« Ce n’est pas un niveau élevé », pointe Thierry Bros, professeur à Sciences Po. Or en cas de pénurie, la solidarité européenne pourrait impliquer de venir piocher dans les stocks français pour subvenir aux besoins d’autres pays de l’Union.
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« En cas d’arrêt total des livraisons de gaz russe, 20 milliards de mètres cubes de gaz pourraient manquer en Europe cet hiver. C’est l’équivalent de la moitié de la consommation de l’Europe entière au cours du mois de mars par exemple », explique Thierry Bros.
Aussi en France, le gouvernement sonne la mobilisation générale. Devant les patrons des entreprises françaises réunis aux universités d’été du Medef, Elisabeth Borne a prévenu : si les économies d’énergie ne sont pas suffisantes des « rationnements » sont au programme.