Une entreprise de livraison palestinienne a récemment trouvé un bon filon : depuis quelques semaines, elle livre des menus de la célèbre chaîne de restauration rapide de poulet frit KFC dans la bande de Gaza via les tunnels de contrebande.
Après les produits de première nécessité, les matériaux de construction ou les médicaments, ce sont désormais les nuggets KFC qui transitent dans les tunnels reliant l’Égypte à Gaza. Comme le rapporte le journal américain Christian Science Monitor, une entreprise de livraison locale, Al-Yamama, s’est récemment lancée dans le commerce des morceaux de poulet frit de la chaîne de fast-food américaine Kentucky Fried Chicken à Gaza.
Tout a commencé lorsque des employés de la compagnie Al-Yamama, pris d’une soudaine envie de KFC, ont demandé à des contrebandiers de leur acheminer des menus depuis le restaurant KFC d’Al-Arish, petite ville égyptienne située à une quarantaine de kilomètres de la bande de Gaza. Trois heures plus tard, les ailes de poulet frit étaient sur la table des Palestiniens. « C’est là qu’on s’est dit : pourquoi est-ce qu’on ne proposerait pas ce service aux Gazaouis ? », explique Mohamed al-Madani, directeur financier de la société.
Des dizaines de commandes chaque semaine
Al-Yamama poste alors une petite publicité sur sa page Facebook. En quelques heures, plus de 20 commandes sont passées. La machine est lancée. Depuis, le succès est au rendez-vous. Des dizaines de demandes sont faites chaque semaine, malgré le prix triplé de 100 shekels (environ 30 dollars) par menu pour couvrir les frais de livraison et de contrebande.
Les Gazaouis commandent leurs menus sur la page Facebook d’Al-Yamama ou en passant un coup de fil. Ils doivent ensuite patienter environ trois heures pour être livrés à domicile, le temps que les menus soient commandés au restaurant KFC d’Al-Arish et acheminés par les tunnels.
D’abord surpris par cette marchandise un peu étrange, certains contrebandiers ont rapidement accepté de participer à ce nouveau business de poulet frit. D’après l’un d’entre eux, Abu Iyad, interrogé par Christian Science Monitor, « la contrebande par les tunnels n’est plus aussi rentable qu’avant, les choses ne font qu’empirer ».
Cette baisse est en partie liée au récent assouplissement de l’embargo israélien sur la bande de Gaza, où il est désormais plus facile d’obtenir des produits légalement. Elle est aussi due au changement d’attitude de l’Égypte à l’égard de ce trafic souterrain.
Depuis août 2012 et la mort de 16 soldats dans un accrochage au poste frontalier de Rafah, l’armée égyptienne, qui fermait plus ou moins les yeux sur la contrebande, mène une campagne de destruction et d’inondation des tunnels.