Quelques heures après l’attaque sur des touristes israéliens en Bulgarie, le ministre israélien Benjamin Netanyahu ainsi que son ministre de la Défense Ehud Barak, se sont empressés d’annoncer que l’Iran et le Hezbollah étaient derrière l’attaque.
En fait, il n’a pas fallu au Premier ministre israélien plus de deux heures pour blâmer un autre pays d’avoir commis un acte de guerre sur des citoyens israéliens sur le territoire d’un pays tiers. Bien sûr, Netanyahu n’a fourni aucune preuve pour appuyer sa thèse. En fait, même aujourd’hui, trois jours après l’attaque, aucune piste claire suggérant une connexion iranienne ou avec le Hezbollah n’est disponible.
Qu’est ce qui rend donc Netanyahu aussi déterminé ? Est-ce parce qu’il est lui-même au courant que les agents israéliens ont tué des scientifiques iraniens pendant des années ? Est-ce que Netanyahu a réagi ainsi parce qu’il pensait lui-même que compte tenu des assassinats du Mossad à Téhéran, Israël pourrait bien avoir provoqué lui-même une riposte iranienne ? Est-ce que Bibi se projetait ?
Je n’ai évidemment pas accès aux esprits de Netanyahu ou de Barak, mais Israël a maintenant clairement fait savoir son désir intense d’attaquer les installations nucléaires de l’Iran, même si une telle attaque dégénérerait en un conflit nucléaire mondial.
Afin de saisir une telle morbidité, nous devons garder à l’esprit que cette auto-annihilation collective est inhérente à la culture israélienne. En l’occurrence, les histoires de Massada et de Samson, les deux récits héroïques suicidaires, sont chéris en Israël. Pourtant, autant Netanyahou et Barak sont désireux de lancer une guerre mondiale, autant il est loin d’être évident que les masses israéliennes soient toute aussi désireuses de se sacrifier sur l’autel national juif.
Je suppose que cette précipitation de Barak et Netanyahu d’accuser l’Iran doit être considérée comme une indication claire de leur empressement à vouloir attaquer le pays. A l’heure actuelle, les deux dirigeants israéliens ont réussi à se débarrasser de toutes les voix importantes s’opposant à une telle attaque.
L’ancien chef du Mossad Meir Dagan ainsi que le chef d’état-major de l’armée de défense d’Israël Gabi Askenazi, qui se sont tous deux opposés à une action militaire contre l’Iran, sont désormais exclus de tout processus de prise de décision. Shaul Mofaz, Chef d’état-major à la retraite et président du parti Kadima, qui s’est également opposé à une attaque contre l’Iran, a quitté la coalition de Netanyahou, la semaine dernière. Il semble que personne au sein du cabinet israélien ne soit là pour arrêter l’enthousiasme génocidaire de Barak et Netanyahu.
Par ailleurs, d’un point de vue militaire israélien, le chaos actuel en Syrie est interprété comme une « fenêtre d’opportunité ». Les généraux israéliens supposent que le régime d’Assad, qui lutte pour sa survie, s’abstiendra de participer à toute attaque contre l’Israël. Les Israéliens sont aussi convaincus que sans l’appui de la Syrie, le Hezbollah sera également contraint de rester en dehors de celle-ci. En termes militaires israéliens, cela signifie que le nord d’Israël n’est pas en danger imminent de missiles du Hezbollah, de moyenne et courte portée – Tout du moins pour le moment.
Comme d’habitude, Les Israéliens se font des illusions. Pour une raison particulière, ils ne parviennent pas à saisir les possibles conséquences dévastatrices d’un tel conflit. Barak, par exemple, a commenté avec optimisme la semaine dernière le fait qu’un affrontement avec l’Iran pourrait « coûter jusqu’à 500 vies Israéliennes ».
Tout d’abord, il est intéressant de voir avec quelle facilité un ministre de la Défense israélien est heureux de sacrifier 500 personnes de son peuple. Deuxièmement, l’estimation sur laquelle Barak se base est loin d’être claire. Compte tenu des hypothèses communes que l’Iran exercerait des représailles immédiates par le lancement d’une première vague de plus de 1500 missiles en direction de Tel Aviv, Barak doit croire que chaque missile iranien n’est pas capable de détruire plus d’un tiers d’un Israélien. Barak est en effet un optimiste.
Ce n’est également pas sur qu’Israël possède la capacité militaire de frapper l’Iran et puisse mettre en péril son projet nucléaire. Plus tôt cette année, les analystes américains ont suggéré que la Force aérienne israélienne ne possédait pas la puissance nécessaire pour attaquer l’Iran. Par exemple, il leur manque des capacités de ravitaillement en vol nécessaires pour démanteler le projet nucléaire iranien. Il n’est également pas certain qu’Israël puisse attaquer l’Iran sans le feu-vert américain et il est largement admis qu’il est peu probable qu’Obama donne une telle approbation avant l’élection américaine.
Je suppose que la signification de tout cela est assez simple : Qu’Israël attaque l’Iran est évidemment une question ouverte. Toutefois, nous avons une indication claire que les dirigeants israéliens sont plus que désireux de le faire. Barak et Netanyahu ne demandent qu’un prétexte pour lancer un conflit mondial. La signification de cela est tout à fait clair - l’Etat juif et ses lobbies pro-guerre sont l’ultime menace pour la paix mondiale. Cette menace doit être prise en charge immédiatement.