Face au nombre croissant de publications mêlant le chinois et l’anglais, des mesures et des réglementations devraient être adoptées afin d’empêcher que l’anglais envahisse la langue chinoise, vient de suggérer Huang Youyi, directeur du China International Publishing Group.
« Si nous ne faisons pas attention et ne prenons pas des mesures pour arrêter l’expansion de cette habitude qui consiste à mélanger le chinoise et l’anglais, d’ici quelques années, le chinois aura cessé d’être une langue pure », dit M. Huang, qui est également membre du Comité National de la CCPPC et Secrétaire général de l’Association des Traducteurs de Chine.
Insistant sur le danger pour la culture chinoise de se diluer et d’être assimilée si ce processus perdure, il a mis en garde : « A long terme, le chinois va perdre son rôle de système linguistique indépendant destiné à transférer des informations et exprimer les sentiments humains ».
M. Huang faisait référence à un phénomène populaire en Chine, dans lequel des mots anglais sont entremêlés dans les articles et les conversations.
Par exemple, des abréviations telles que GDP (gross domestic product, Produit Intérieur Brut), CEO (chief executive officer, Président Directeur Général), CPI (consumer price index, Index des Prix à la Consommation) se voient régulièrement dans les publications.
Précisant son propos, M. Huang a dit qu’il ne parlait pas seulement de l’usage de termes techniques, mais de l’apparition de noms anglais, de noms de personnes ou de sociétés dans les journaux et autres publications imprimées.
Recommandant que l’on utilise plutôt des traductions, il a ajouté : « Vous voyez rarement des caractères chinois dans un journal anglais quel qu’il soit. Ils font usage du pinyin plutôt que des caractères ».
« Je ne suis pas contre l’utilisation de mots empruntés », a-t-il ajouté, « Mais en ce cas ils doivent être traduits, soit en fonction de leur prononciation ou de leur signification, dans notre langue maternelle, qui consiste de caractères, faute de quoi les Chinois devront apprendre l’anglais pour comprendre ce qu’ils lisent ».
Dans la proposition qu’il a faite à la session annuelle du Comité National de la CCPPC, M. Huang a fait trois suggestions afin de réagir à ce qu’il considère comme une « mise en danger de la langue chinoise ».
Premièrement, que tous les documents et discours des responsables gouvernementaux soient écrits en langue chinoise pure, sans l’utilisation de mots comme par exemple GDP, WTO ou CPI.
Deuxièmement, qu’une loi ou un règlement soit publié afin de servir de directive à l’utilisation des mots d’origine étrangère dans les publications.
Et troisièmement enfin, qu’un comité national de traduction soit mis sur pied afin de procéder à la traduction des noms d’origine étrangère et des termes techniques, qui pourront ensuite être publiés sur un site internet.
Reconnaissant que les gens aiment de plus en plus mélanger les langues, M. Huang dit : « Certains de nos concitoyens s’imaginent que l’utilisation de mots étrangers est un symbole d’ouverture d’esprit et d’ouverture sur le monde. Je crois qu’ils se trompent ».
« Bien au contraire, nous devons avoir confiance dans notre propre langue. Ne vous attendez pas à ce que les autres vous respectent si vous ne vous respectez pas vous-même d’abord. Donc, aussi, votre propre langue ».
Expliquant pourquoi il s’inquiète de cette « invasion » de l’anglais, M. Huang dit : « En tant qu’une des langues les plus anciennes du monde, le chinois est actuellement d’abord utilisé par les 1,3 milliards de Chinois et est défini par la Fédération Internationale des Traducteurs comme une ‘langue à diffusion limitée’, car en dehors de la communauté chinoise, elle a peu d’influence ou est peu utilisée ».
Tout en reconnaissant que chaque Nation, chaque peuple doivent essayer de protéger la pureté de leur propre langue, d’autres experts pensent en revanche qu’une séparation absolue n’est ni pratique ni nécessaire.
Pour Cai Jianfen, éditeur en chef chez la Foreign Language Teaching and Research Press, les publications officielles devraient essayer d’utiliser un chinois pur autant qu’il est possible de le faire, alors que les gens devraient être plus libres dans le cadre d’occasions informelles ou de leur travail.
« Je comprends ces inquiétudes au sujet de l’assimilation de cultures ou de langues du fait de la mondialisation en cours, pour autant je crois que les gens en général, et même les écrivains, devraient être plus libres de faire leurs propres choix », a-t-il déclaré.
« Cela peut peut-être prêter à controverse, mais une langue, c’est vivant. Le chinois que nous utilisons aujourd’hui est le produit d’un développement historique et d’assimilations. Nous devrions plutôt avoir confiance dans sa vitalité », a-t-il ajouté.