Bas les masques. Lundi dernier, à l’Assemblée nationale, l’imam Hassen Chalghoumi a piqué une grosse colère contre Oumma.com et manifesté son talent d’affabulateur. Démonstration.
David Pujadas, Natacha Polony, Élisabeth Lévy – entre autres journalistes – ne jurent plus que par lui : présenté, sans rire, par la chroniqueuse de Laurent Ruquier comme « l’imam parfait », Hassen Chalghoumi a même eu droit à une heure d’antenne sur France Culture pour promouvoir son dernier livre. C’était lundi dernier, en début de matinée. Quelques heures plus tard, le président auto-proclamé de la « Conférence des imams » – un organisme non-reconnu par le Conseil français du culte musulman – était convié à l’Assemblée nationale afin de se joindre aux débats consacrés aux « sources contemporaines de l’antisémitisme ».
Mise en ligne vendredi sur un compte YouTube affilié à la mouvance sioniste, la vidéo intégrale (en 3 parties) permet de découvrir la prestation édifiante d’Hassen Chalghoumi. Curieusement, la seconde partie de cette vidéo (dans laquelle figure l’imam) a disparu ce dimanche du compte YouTube. Un procédé permet, en effet, à tout utilisateur de rendre « privée » une vidéo afin de réserver son visionnage à celui qui aura reçu l’adresse URL.
Manque de chance pour l’apprenti-censeur anonyme : Oumma a pris le soin, entretemps, d’en sauvegarder une copie. De plus, nous avons découvert qu’un usager de YouTube, basé en Algérie, a également repéré et mis en ligne un long extrait de la vidéo en question sur son propre compte. Il nous est, dès lors, possible d’assurer de la sorte notre mission, en tant que média indépendant, consistant à informer, preuves à l’appui, les citoyens des dérives de leurs élus et autres représentants. Les débats ne se sont pas tenus dans un lieu privé mais dans l’enceinte de l’Assemblée nationale. Tout citoyen dispose, dès lors, du droit de connaître en détail ces discours prononcés « sous le haut patronage » de Claude Bartolone.
Après avoir rendu hommage à Sammy Ghozlan (l’organisateur du colloque), fustigé Daniel Sibony (un psychanalyste qui avait déclaré, juste auparavant, que « la vindicte antijuive est un symptôme de l’islam ») et salué Guy Millière (un écrivain néo-conservateur et ultra-sioniste en guerre contre « l’islam radical »), l’imam de Drancy s’en est violemment pris à Oumma.com. Son intervention ahurissante, d’une durée de 8 minutes, est visible à partir de la 34e minute de la vidéo ci-dessous.
Le problème ne réside pas dans la férocité de sa charge à l’encontre de notre site.
Le problème, c’est son recours manifeste au mensonge pour nous attaquer.
Hassen Chalghoumi a affirmé, en se basant sur notre article à propos de ce colloque, que nous aurions qualifié son « ami » Sammy Ghozlan de « raciste » et sa propre personne de « collabo, sioniste, traître, vendu ». Mieux encore, l’homme que les grands médias présentent comme un modèle à suivre a prétendu que nous aurions appelé à une manifestation – face à l’Assemblée nationale – pour protester contre la tenue de ce colloque.
La réalité est tout autre.
Ainsi, le seul qualificatif employé au sujet de Sammy Ghozlan est le terme « virulent », renvoyant, par hyperlien et en guise de démonstration, à l’intervention radiophonique de ce « commissaire de police honoraire » sur France Inter, l’été dernier, à propos du conflit israélo-palestinien.
Quant à Hassen Chalghoumi lui-même, les mots qu’il évoque pour le qualifier ne figurent pas dans notre article. À propos de l’appel à manifester, il s’agit, là aussi, d’une pure affabulation : nous nous sommes contentés de publier, en fin de texte, les coordonnées de la présidence de l’Assemblée nationale afin de donner la possibilité au citoyen d’interpeller, comme c’est son droit, Claude Bartolone sur la présence éventuelle au colloque de membres de la Ligue de défense juive – des extrémistes violents et arabophobes conviés par Sammy Ghozlan dans les locaux de la chambre parlementaire.
Ironie de l’histoire : ce procédé malhonnête employé par Hassen Chalghoumi renforcera probablement le rejet, déjà massif, des musulmans français à son endroit. La cécité des journalistes qui l’encensent n’en sera également que plus ridicule.
Enfin, soulignons aussi que ces mensonges caractérisés à propos de notre article ont été également utilisés, lors de ce colloque, par Edward Amiach, membre de l’Union des patrons et professionnels juifs de France (UPJF). Souvenez-vous : c’était ce groupuscule, proche du Likoud israélien, qui avait remis à Brice Hortefeux une décoration pour sa « lutte antiraciste ». Dans une intervention illustrant, à elle seule, toute la violence idéologique du lobby sioniste français, l’homme a enjoint (à 1h08’50) les participants à « cogner, cogner, cogner » contre leurs détracteurs, parmi lesquels France 2, coupable d’avoir diffusé une mauvaise image d’Israël dans l’émission Un Œil sur la planète, ainsi que le site Oumma.com qui aurait menacé Hassen Chalghoumi et qualifié l’intéressé de « représentant des juifs en France ».
Il s’agit là, encore une fois, d’un double mensonge.
Posture victimaire et délire paranoïaque
À l’instar de David Pujadas, de Richard Prasquier, de Manuel Valls et de tant d’autres qui feignent de ne pas comprendre le fond du problème, rappelons-leur ici que l’imam de Drancy n’est pas tant décrié parce qu’il entretient des rapports amicaux avec la communauté juive. Le cœur de la polémique à son sujet est son alignement, depuis l’invasion de Gaza en 2009, sur les positions ultra-droitières et bellicistes du CRIF à propos du conflit israélo-palestinien. C’est sur ce sujet que le « président de la Conférence des imams » révèle qu’il n’est en rien représentatif des musulmans français, pas même de la « majorité silencieuse » comme se plaît à le faire croire le présentateur du JT de France 2.
Un autre aspect de la personnalité d’Hassen Chalghoumi agace également la plupart des musulmans interrogés à son sujet : son manque flagrant de charisme intellectuel et son paternalisme illégitime à destination de citoyens nés ou devenus français bien avant sa propre arrivée sur le territoire national. Pour de nombreux musulmans de l’Hexagone, il est simplement consternant de se voir représenté médiatiquement par un tel personnage.
Pagnolade
Hassen Chalghoumi, ancien partisan du régime liberticide de Ben Ali, semble se croire encore en Tunisie lorsqu’il fait pression, auprès de Manuel Valls, pour demander la fermeture de ce site pluraliste qu’est Oumma.com. Il est vrai qu’à défaut de museler la liberté d’expression, il peut déjà compter sur la bienveillante complicité du ministre de l’Intérieur ainsi que sur celle de Claude Bartolone, ce natif de Tunisie qui, le 13 janvier 2011 (au pic des émeutes) ne « voyait pas d’alternative à Ben Ali ». De notre côté, nous ne saurions pourtant entretenir à l’endroit de l’imam de Drancy un quelconque ressentiment pour l’expression d’une telle lubie.
Voilà pourquoi, en guise de concorde républicaine et en attendant son autonomie de parole sur la question palestinienne, nous encourageons aujourd’hui Hassen Chalghoumi à découvrir les joyaux de la culture française afin de devenir, au fur et à mesure, un peu plus représentatif de ses coreligionnaires.
Pourquoi ne pas commencer ainsi par la projection d’un film phare du patrimoine hexagonal : Le Schpountz de Marcel Pagnol. Ou l’histoire d’un aimable villageois provençal, incarné par Fernandel, à qui l’on fait croire – cruellement – qu’il pourrait devenir une vedette de cinéma.