Le dossier est un peu technique, il faut rentrer dans les lois et les chiffres (et lire l’article de Que Choisir en entier) mais à l’arrivée, ce sont les ménages qui vont payer, et de plus en plus. Tout ça pour satisfaire les appétits de ces nouveaux vendeurs d’énergie qui n’ont rien créé et qui ont été créés pour obéir à la logique concurrentielle dans un marché qui était auparavant monopolistique (EDF-GDF).
Les prix ne sont plus tenus comme ils l’étaient (même les tarifs dits réglementés), car les prix de l’électricité et du gaz, à l’instar de celui du pain, étaient des prix stratégiques, c’est-à-dire qu’ils avaient un impact directement politique. Un régime qui aurait doublé le prix de la baguette aurait eu des difficultés à se maintenir.
Certes, ces augmentations ont lieu désormais en douce, mais la dérégulation du secteur de l’énergie a profité à de grands groupes comme Engie, pas aux ménages, dont la facture augmente de manière impitoyable. Nous ajoutons cet épisode douloureux pour les Français dans notre dossier « Énergie », déjà bien alourdi par l’énorme arnaque du compteur Linky.
N’oublions pas que près de 12 millions de Français, soit 6 millions de ménages, ont du mal à payer leurs factures de gaz et d’électricité. On dit qu’ils sont en situation de précarité énergétique : ils consacrent plus de 10% de leurs revenus à ces factures. Du coup, 4 millions de ménages bénéficient du chèque énergie, qui remplace les tarifs sociaux du gaz et de l’électricité.
Le pire, dans cette affaire, c’est que l’État, ou ce qu’il en reste, vient palier le pillage organisé du porte-monnaie des Français en mettant la main à la poche avec l’argent des contribuables solvables : sur chaque facture figure un discret volet social pour ceux qui ne peuvent faire face à leurs dépenses énergétiques.
Les multinationales se gavent, les Français souffrent. C’est le résumé du libéralisme économique à tous les étages. Les électeurs ont voté Sarkozy en 2007 pour payer moins d’impôts, il a poursuivi le travail de sape de Balladur sur l’économie nationale, et Macron vient le parachever.
La paupérisation, que les médias et politiques nous vendent comme une fatalité – ah mes pauvres compatriotes, c’est la mondialisation, que voulez-vous – n’est pas une fatalité : c’est une politique, et une politique bien française. On allait dire nationale ; le terme adéquat est antinationale.
Que Choisir démontre que la hausse des tarifs qui vient (en juin) est une décision politique sous couvert d’une recommandation de la Commission de régulation de l’énergie, théoriquement indépendante du pouvoir politique (mais pas du marché !).
Pour ceux qui veulent aller plus loin, le site picbleu.fr nous explique pourquoi les tarifs du gaz et de l’électricité vont augmenter de 100% d’ici 2023. Et attention à bien distinguer la hausse des taxes sur la facture, la hausse du prix du kWh et le coût final pour les ménages.
Électricité, hausse de tarif abusive
L’Autorité de la concurrence défend la modération du tarif réglementé d’EDF et contredit la Commission de régulation de l’énergie, qui exige une hausse de 5,9 %. Explications.
On n’attendait pas l’Autorité de la concurrence dans le rôle de défenseur des consommateurs face à la Commission de régulation de l’énergie (CRE), l’autorité indépendante du secteur, qui va nous imposer une forte hausse du tarif réglementé d’EDF (1), + 5,9 % au plus tard le 1er juin. C’est pourtant ce qui se passe. « 40 % de la hausse proposée ne correspondent pas à une augmentation des coûts de fourniture d’EDF mais ont pour but de permettre aux concurrents d’EDF de proposer des prix égaux ou inférieurs au tarif réglementé », dénonce l’Autorité dans un avis rendu public le 25 mars dernier.
Des prix du marché de gros moins compétitifs
Cette décision de la CRE ne doit en effet rien au hasard. Jusqu’au début de l’année 2018, les fournisseurs alternatifs avaient la vie facile. Les prix du marché de gros de l’électricité étaient inférieurs au tarif de 42 €/MWh qu’ils peuvent obtenir auprès d’EDF. Ils s’approvisionnaient sur ce marché à des montants leur permettant de faire des offres commerciales compétitives par rapport au tarif réglementé. Depuis, les prix de marché sont repartis à la hausse. Par conséquent, ces fournisseurs alternatifs achètent le quota auquel ils ont droit à 42 €/MWh auprès d’EDF. Pour le solde, ils s’approvisionnent au prix fort sur le marché de gros. Ne pouvant pas tenir très longtemps à ce rythme, ils vont être contraints d’augmenter leurs prix de vente. Mais s’ils passent au-dessus du tarif bleu d’EDF, c’est-à-dire réglementé, la clientèle va les fuir pour revenir à ce dernier. À l’exception de mastodontes de l’énergie comme Engie, Total ou Eni, et de cas particuliers comme celui d’Enercoop, dont les prix sont déconnectés du marché, ils vont faire faillite.
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La CRE traite désormais EDF comme s’il subissait les mêmes contraintes d’accès à sa propre production que les fournisseurs alternatifs, qui, pour la plupart, ne sont que des entreprises commerciales ne produisant pas le moindre kWh ! Malgré sa neutralité revendiquée, la CRE prend le parti de la rentabilité des fournisseurs alternatifs plutôt que celui du pouvoir d’achat des ménages. L’autre grand gagnant de ce tarif inflationniste, c’est EDF. Sa marge sur le tarif bleu va bondir de 87 %, a calculé l’Autorité de la concurrence ! Tout cela sur le dos des consommateurs, par la seule volonté de la CRE.
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