La seule chose qu’on peut reprocher à Henri Guaino, dans cette excellente interview [1], c’est d’avoir conseillé Sarkozy et que ce dernier ne l’ait pas écouté. Le conseiller conseille, le Président écoute, puis il décide. Il ne faut pas exagérer l’importance du ou des conseillers : Guaino écrivait les discours plutôt franco-nationalistes de Sarkozy président – on précise franco car avec Sarkozy, on ne savait pas trop si on était une succursale d’Israël ou des États-Unis, à moins que ce ne fut des deux... –, mais ça n’a pas fait pencher la balance en faveur des Français. Ensuite, c’est vrai, avec Hollande puis Macron, ça a été pire. On peut donc prévoir, à moins d’un sursaut national, quelque chose d’encore pire en 2022.
Le conseiller politique de droite aborde donc la question de la lettre puis de la tribune des militaires. Et sort du débat en portant son attention sur le rôle destructeur de Macron à la tête de l’État. Nous ne dirons pas qu’il fait un constat-solution à la Zemmour, mais au départ, c’est la même lucidité. C’est ensuite que les avis divergent. Car Guaino ne veut pas, lui, de la guerre civile annoncée par le national-sionisme (tiens, comme en Palestine).
La première tribune ne faisait que pointer ce que vivent tous les jours des millions de Français : le délitement de la société, la montée du communautarisme, de la violence, de la haine et qu’à continuer de glisser sur cette pente, il y aurait un risque que tout cela se termine un jour en guerre civile. Parce qu’elle était signée par des vieux généraux, elle a provoqué les cris d’orfraie de ceux qui pour exister ont besoin de voir partout l’ombre de l’extrême droite, du fascisme et du putsch. Mais refuser de regarder en face cette haine et cette violence qui montent inexorablement depuis des années et qui débordent est autrement plus dangereux pour la paix civile et les libertés que la menace d’un putsch imaginaire dont le texte, que l’on a par ailleurs le droit de ne pas aimer, ne faisait aucune mention, même en creux.
La solution Guaino ? Un chef. Tout ce que le progressisme incarné par Macron abhorre. Ce n’est pas un hasard : Macron est tout sauf un chef. C’est un petit dictateur énervé, un enfant capricieux qui joue avec des boutons dangereux. Et qui jouit de ce pouvoir démoniaque qui consiste à faire du mal. Il est nettement plus difficile de faire le bien.
On touche là au cœur de la crise de l’autorité. Depuis dix ans, les enquêtes d’opinion indiquent avec une grande régularité que plus de 80 % des Français réclament l’autorité d’un chef, preuve qu’elle leur manque, même si chacun a son idée bien à lui du genre de chef qu’il attend. Mais pour devenir un chef, encore faut-il avoir réfléchi à ce que cela veut dire.
Guaino n’attaque pas Macron directement, mais on devine, en creux, le portrait du vaniteux velléitaire de l’Élysée. Petite pique en passant, dans la liste des chefs historiques, Guaino ne cite pas Sarkozy !
Il ne suffit pas de proclamer qu’on est chef pour l’être. Que pour être chef, il ne suffit pas d’être nommé, ni même élu, qu’il faut en plus être reconnu, ressenti comme tel, comme le furent Clemenceau, Churchill ou de Gaulle. Qu’est-ce qui a fait des Alexandre, des Napoléon que leurs soldats étaient prêts à suivre jusqu’au bout du monde ? Qu’est-ce qui a fait des Lyautey, des Leclerc, des Bigeard, si différents les uns des autres mais suscitant la même ferveur, sinon qu’ils avaient du sang froid et de la fermeté, mais aussi qu’ils savaient donner à ceux qu’ils commandaient le sentiment qu’ils les respectaient et qu’ils les aimaient ?
Ces grands anciens ne diront rien aux jeunes, mais dans cette période de déconstruction historique, où tout ce que la France a fait de grand, en bien ou en mal (c’est selon l’appréciation de l’époque) est détruit par la propagande mondialiste, cela rappelle que le relèvement est possible. Le pire n’est jamais sûr ! Sauf qu’on y va tout droit, avec Macron et sa chambre des dé-putés inconscients du mal qu’ils font au pays. C’est simple : on dirait que le programme politique, c’est le chaos total.
Il faut y ajouter cette tentation délétère de laisser les mouvements sociaux s’user contre les forces de l’ordre. La police et la gendarmerie ne sont pas faites pour ça. On ne peut pas les utiliser de la même manière contre des ouvriers, des pêcheurs ou des paysans désespérés et contre des voyous, des trafiquants, des black blocs, des casseurs professionnels.
Les Français n’oublieront jamais la répression ignoble qui s’est abattue sur les Gilets jaunes, répression qui épargne curieusement la racaille. Qu’on se le dise, au « sommet ».
Guaino passe alors à la casse sociale voulue par le néolibéralisme, qui ne libère rien, à part les forces du Mal. Et surtout, la casse de la colonne vertébrale de notre pays, qui nous permet de résister encore un tant soit peu au mondialisme vorace : l’État. Centralisateur, fort, bonapartiste.
Les violences contre les policiers, les gendarmes, les enseignants, les pompiers, les maires… L’autorité de l’État est en ruine, comme celle de tous les corps intermédiaires, les syndicats, les partis. Elle n’endigue plus la montée de la violence, notamment la plus inquiétante de toutes, la violence physique. On dira que c’est l’évolution de la société. Mais ce n’est qu’en partie vrai. Les corps qui servent l’État, ceux qui le gouvernent, ceux qui font ses lois et ceux qui les appliquent ont été les artisans de leur impuissance grandissante. Ils ont désarmé l’État matériellement, juridiquement, ils l’ont démembré en autorités indépendantes et brisé le lien entre le national et le local, ils l’ont emprisonné dans une hiérarchie des normes qui prive d’effet nos lois. Il faut cesser de mentir aux Français, l’autorité de l’État ne sera pas rétablie si nos choix économiques et budgétaires ne sont pas remis en cause, si notre édifice juridique n’est pas revu de fond en comble, si nous ne reprenons pas la maîtrise de nos frontières.
Le problème de Guaino, c’est d’avoir appartenu à cette « droite » chiraquienne qui est passée de Maastricht à Lisbonne, du « non » de 1992 (pour le RPR) au « oui » de Lisbonne en octobre 2007. Ce texte scélérat a été « adopté » pour la France par Sarkozy en février 2008 au mépris du vote par référendum des Français du 29 mai 2005, ce moment de la cassure entre l’élite pro-UE et le peuple, anti-UE. Treize ans plus tard, les élites se prendront les Gilets jaunes dans la gueule. Et cela ne fait que commencer. Poursuivons l’analyse de Guaino.
Mais le problème est plus profond. Il touche à la dislocation de notre imaginaire collectif, de toute culture commune, de toute morale partagée. Une partie croissante de la jeunesse n’a jamais appris à aimer la France, à éprouver de la fierté à être français, quand elle n’est pas élevée dans la haine de la France, de son histoire, de sa civilisation et de sa civilité. En laissant faire, en abandonnant la culture générale, en cédant à toutes les minorités agissantes qui veulent déconstruire ce qui nous permet de vivre ensemble en éprouvant une communauté de destin, nous réduisons dramatiquement les chances de vivre en paix. C’est le socle de toute légitimité qui est atteint. Quelle autorité pour l’État, quand pour quantité de jeunes, la police n’est plus qu’une bande comme une autre ?
Guaino dit tout comme nous, mais sans aller chercher les commanditaires de cette grande opération antifrançaise. Une opération qui a quand même ses stratèges, ses tacticiens et ses exécutants. C’est la limite de la parole politique dans le champ médiatique autorisé. Nous, on va plus loin, et c’est pour ça que, malgré la censure impitoyable, nous sommes lus et entendus. D’ailleurs, on ne peut empêcher un discours de vérité d’infuser dans la nation, la vérité finissant toujours par trouver un chemin. Les embûches artificielles ne tiennent pas dans le temps. C’est cela : la vérité est un processus naturel, comme le temps, la gravité.
Mais comme lorsqu’il conseillait Sarkozy, le discours lucide de Guaino peut avoir un inconvénient : être capté par les nationaux-sionistes, qui ont bien compris comment exploiter le renouveau du sentiment patriotique français, le besoin d’un chef, le besoin d’ordre, de paix civile. Mais c’est de bonne guerre, et nous sommes en guerre contre les ingénieurs sociaux du chaos. Justement, dans son dernier billet du Figaro, Zemmour (qui doit déjeuner avec Guaino pour trouver son inspiration) dit en substance la même chose :
L’astuce des NS (nationaux-sionistes) est bien de capter le constat logique et populaire d’E&R, mais de le tourner à leur avantage, c’est-à-dire au profit du sionisme. C’est possible, car tout le monde n’a pas le sens de la nuance, de la profondeur historique, et les griefs sont forts contre le progressisme aux commandes depuis 50 ans. Le moment de retourner la veste sioniste de gauche à droite est bien choisi, reconnaissons-le !
Le Nouvel Ordre sioniste
Dans sa chronique du 14 mai 2021, Zemmour s’en prend à la dernière décision de Macron.
L’abaissement du préfet est à l’image de celui de l’État, assailli par une société d’individus-rois qui le regardent comme un simple dispensateur de droits. La disparition du corps préfectoral lui enlève sa dernière force. Macron est sûr de la popularité de cette décision, en tout cas auprès des faiseurs d’opinion. Cette démagogie facile va redonner du lustre à son image initiale de modernisateur, qui défait l’archaïsme français pour adapter le pays des « Gaulois réfractaires » à la nouvelle norme mondialisée du management et de la gouvernance.
Sauf que Macron est un moderne ringard. Un « en même temps » qui ressemble à un oxymore. Son engouement pour la mondialisation et ses valeurs n’est plus partagé que par une minorité de Français qui rêvent d’un retour à l’ordre musclé. Sa frénésie à détruire tous les héritages nationaux ressemble de plus en plus à un nihilisme frénétique.
« L’ordre musclé », pour ceux qui n’ont pas compris ou ne veulent pas comprendre, c’est celui de l’armée israélienne à Gaza. Et dans ce tableau, les Gaulois réfractaires, qu’ils soit chrétiens ou musulmans, Gilets jaunes ou racailles, seront – sont déjà – considérés comme des Palestiniens, c’est-à-dire des ennemis à abattre, eschatologiquement. Gaza n’est que le laboratoire du véritable sionisme en action, de ce que le sionisme veut faire au monde. Que ceux qui ont des oreilles entendent !
Guaino veut un nouveau de Gaulle
Guaino timide face à Attali en 2017
Un Henri prudent à 6’39 : « Je suis pour le maintien de l’euro mais je ne suis pas sûr que l’euro va se maintenir... »
Zemmour face à Guaino (13 novembre 2020)