La police a dispersé à coup de matraques et de bombes lacrymogènes des grévistes du métro de Sao Paulo, où le Brésil dispute vendredi son dernier match amical contre la Serbie à six jours du coup d’envoi du Mondial.
La grève partielle et illimitée, qui affecte partiellement trois des cinq lignes du métro, touche des millions d’usagers dans la mégapole de 20 millions d’habitants.
Des embouteillages parmi les pires de l’histoire de la ville, totalisant 251 kilomètres, ont été enregistrés vendredi matin à l’heure de pointe, soit encore plus que jeudi (209 km).
Le trafic routier était aggravé par la forte pluie qui s’abattait sur la ville, où de nombreux feux de signalisation sont tombés en panne.
"À 07H00, la station Ana Rosa, l’une des plus centrales, était fermée et de nombreux usagers ont tenté d’y entrer. Il y a eu des heurts entre grévistes et usagers et la police a dû intervenir" en les dispersant avec des bombes lacrymogènes, a déclaré un porte-parole de la police (PM) à l’AFP.
"C’étaient des grévistes et la police. Il y a eu des heurts et j’ai couru", a affirmé quant à elle Rosana Pereira, qui travaille dans un petit bureau de renseignements d’autobus.
La télévision Globo news a montré des images de policiers armés de boucliers chargeant les grévistes avec des matraques et du gaz. La station a été fermée par mesure de sécurité.
Le métro est la principale voie d’accès au stade Arena Corinthians, où sont programmés la cérémonie inaugurale et le match d’ouverture Brésil-Croatie du Mondial de football, le 12 juin.
Des groupes de piquets de grève se déplaçaient dans les stations pour empêcher les employés non grévistes de travailler, selon une journaliste de l’AFP.
Les grévistes n’acceptent pas les 8,7% de réajustement salarial annuel proposés par la direction et veulent au moins 12,2%. Au départ, ils réclamaient 16,5%, en invoquant l’inflation galopante.
L’un des principaux syndicats du pays, Force syndicale, a convoqué aussi vendredi une manifestation "contre la politique économique du gouvernement" devant la Banque centrale de la capitale économique .
La Seleçao presque prête
C’est dans ce contexte de chaos et de tension que la "Seleçao" brésilienne doit disputer son dernier match de préparation contre la Serbie à 19h00 GMT (16H00 locales).
À moins d’une semaine du Mondial (12 juin-13 juillet), le Brésil peine à afficher sa passion pour l’événement. Les drapeaux sont encore rares dans les rues, la ferveur absente.
Le déclenchement de la fameuse passion des Brésiliens pour le football semble, pour le moment, suspendu aux performances de sa sélection cinq fois championne du monde et de sa star Neymar.
Symbole des interrogations qui entourent le Mondial, l’amical Brésil-Serbie sera disputé au stade Morumbi.
L’Arena Corinthians, écrin du match d’ouverture Brésil-Croatie, est lui toujours entre les mains des ouvriers affairés aux derniers aménagements, à la suite d’innombrables retards.
La présidence brésilienne a annoncé jeudi soir que 21 dirigeants du monde entier avaient confirmé leur présence au Brésil, dont le Russe Vladimir Poutine, la chancelière allemande Angela Merkel ou le vice-président américain Joe Biden.
Outre la présidente brésilienne Dilma Rousseff, 11 d’entre eux assisteront à Sao Paulo au match d’ouverture, parmi lesquels l’émir du Qatar Tamin Bin Hamad al-Thani, le président gabonais Ali Bongo Ondimba et le Bolivien Evo Morales.
Livraison des travaux ou mouvements sociaux... Les menaces qui pèsent sur le Mondial brésilien ont été balayées jeudi par la Fifa.
La Fifa "confiante"
"Nous à la Fifa, nous sommes confiants, le moment sera célébré", a affirmé le président Joseph Blatter jeudi devant la presse à Sao Paulo.
"Il est difficile de dire quel impact aurait un mouvement social, a déclaré Jérôme Valcke, le secrétaire général de la Fifa. Nous avons travaillé avec le gouvernement pour que l’accès au stade soit possible les jours de matches quoi qu’il arrive. Pour que deux évènements aient lieu en même temps -mouvement social et match du Mondial- sans impact de l’un sur l’autre."
La présidente Dilma Rousseff a qualifié jeudi des désordres survenus dans le métro de Sao Paulo de "lamentables" tandis que le secrétaire général de la présidence Gilberto Carvalho a demandé "une trêve civique" pour accueillir les touristes.