Je suis un ancien Négociateur Pour Compte Propre sur les marchés dérivés parisiens. Ce métier consistait à apporter de la liquidité sur les marchés à terme. J’ai négocié des millions de contrats sur les dérivés d’indices principalement le CAC, mais aussi le DAX et Eurostoxx et je connais donc parfaitement le fonctionnement des marchés sur lesquels intervenaient Jérôme Kerviel (JK).
De nouveaux éléments ont ramené ces derniers temps le dossier Kerviel sur le devant de la scène médiatique. Dès les premiers instants de l’affaire et comme beaucoup d’observateurs, je n’ai pas cru à la thèse officielle du petit génie informatique malhonnête et isolé, ayant agi à l’insu de sa hiérarchie.
C’est pourquoi je souhaite en profiter pour vous faire part de plusieurs coïncidences pour le moins interpellantes survenues à l’époque dans le cadre de cette affaire. J’en retiendrai 3 :
le moment de la découverte ;
le jour de la vente ;
l’attitude de la bourse germano-suisse Eurex.
C’est l’enchaînement de ces 3 événements qui va être dramatique pour la Société Générale mais qui fera le bonheur d’autres acteurs dans un marché à somme nulle.
Le moment de la découverte
Le PDG de la SG aurait été informé de la position, le vendredi 18 janvier au soir, après la clôture des bourses. Il n’avait donc effectivement d’autre choix que d’ordonner le débouclage aussi vite que possible, soit à compter du lundi 21 janvier.
La date du 18 janvier fait apparaître 3 premières coïncidences.
En premier lieu, il s’agit du jour précis où, tenant compte du gain réalisé par JK en 2007 et caché dans les comptes de la SG au 31 décembre, la position de Kerviel est devenue globalement perdante.
J’ai effectué des calculs sur la construction de la position ouverte (PO) construite par JK entre le 2 et le 18 janvier 2008. Ceux-ci sont basiques et prennent pour hypothèse que JK a construit sa position de manière régulière sur cette période à un cours basé pour chaque journée sur la moyenne entre les cours d’ouverture, plus haut, plus bas et de clôture.
Ces calculs apparaissent néanmoins d’une grande justesse puisqu’ils corroborent précisément :
ceux de la Commission bancaire pour qui la perte était de 2.7 milliards d’euros lors de sa découverte le 18 janvier 2008 au soir ;
les affirmations de Jérôme Kerviel selon lesquelles le 18 janvier en cours de séance, son gain caché dans les comptes le 31 décembre 2007 couvrait encore le montant de sa perte latente.
En second lieu, c’est le 18 janvier 2008 que Robert Adyson Day, administrateur et actionnaire de longue date de la SG mais aussi ses enfants, ont terminé de vendre pour 125 millions d’actions SG qu’ils détenaient à titre personnel ou via des fondations. Il apparait donc que concomitamment à la construction de la PO de JK, Robert Day se désengageait de la SG et que le jour même de la découverte de cette PO, il terminait ses ventes, par chance juste avant que l’action ne perde 30 % en quelques jours. Robert Day sera soupçonné de délit d’initié puis blanchi. Mais on sait, notamment depuis l’affaire EADS (dont il faut rappeler que l’enquête avait initialement conclu à un délit d’initié massif avant de se rétracter) qu’il n’y a rien de plus dur à prouver.
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