Oui, mais comment ? C’est la question que s’est posée l’irrésistible équipe de La Nouvelle Édition, ce lundi 6 janvier 2014, sur Canal+. Une question politique, médiatique, mais aussi juridique. Ah, il n’est pas simple de vouloir interdire une expression, quand on a juré sur la bible des droits de l’homme. Surtout quand il s’agit d’un humoriste, de couleur noire en plus… Misères de la bienpensance !

Élise Baudouin en voix off : « Après deux semaines de feuilleton médiatique, les fronts se multiplient contre l’humoriste avec un objectif, le faire taire… Manuel Valls s’apprête à envoyer une circulaire dans ce sens à tous les préfets de France. »

Najat Vallaud-Belkacem : « Autant il est impossible au niveau national d’interdire un certain nombre de spectacles, autant au niveau local les préfets doivent avoir la marge de manœuvre nécessaire pour juger si ce spectacle porte atteinte à l’ordre public ou pas. »

Off : « Juridiquement, la démarche est délicate. La convention européenne des droits de l’homme garantit la liberté d’expression mais ce droit est limité en cas de grave trouble à l’ordre public, et c’est là-dessus que compte jouer le ministre de l’Intérieur. »

Arno Klarsfeld : « Quand quelqu’un à la fois regrette qu’il y a pas eu plus de juifs tués dans les chambres à gaz et en même temps nie le fait que l’Holocauste ait eu lieu, euh, eh bien il faut se lever et manifester, il faut pas détourner le, le regard. »

Christophe Barbier : « Par exemple maintenant le fait qu’il y ait une manifestation la veille et le spectacle le lendemain ça peut justifier un trouble à l’ordre public, un danger sur l’ordre public ? »
Najat Vallaud-Belkacem : « C’est cela, c’est quand la tension est telle que elle risque de dégénérer. »

Off : « À Paris on s’interroge sur une autre parade. Fermer le théâtre de la Main d’Or, devenu selon certains un lieu de meetings politiques. Une proposition de la candidate PS à la mairie de Paris Anne Hidalgo, et pour une fois, gauche et droite sont sur la même longueur d’ondes. »

NKM : « Il faut mettre en œuvre tout ce qui existe et dans l’arsenal législatif et aussi dans l’ar, l’arsenal municipal. »

Off : « Problème, le théâtre de la Main d’Or est un théâtre privé. La mairie de Paris n’a aucun pouvoir pour ordonner sa fermeture. Restent les suites judiciaires que pourrait connaître l’affaire et une question ce matin, Dieudonné risque-t-il la prison ? La réponse est oui si l’on en croit le bâtonnier de Paris. »

Pierre-Olivier Sur, bâtonnier de Paris : « Il risque un an de prison, un an de prison ferme, et c’est pas rien. La loi Gayssot de juillet 90 permet, et c’est une exception, permet de la prison ferme lorsqu’il y a un appel à la haine et, euh, au euh, à l’antisémitisme. »

Off : « En attendant, c’est au portefeuille que le gouvernement compte frapper Dieudonné en le forçant à payer ses amendes. Déjà condamné par le passé pour antisémitisme et injures raciales, l’humoriste doit 65 000 euros au trésor public et n’est jamais passé à la caisse. »

Ali Baddou : « Est-ce que le spectacle, celui qui arrive, celui de Nantes, le spectacle de Dieudonné risque d’être interdit selon vos informations ? »

Nicolas Domenach : « Ah sur Nantes très certainement. Faut quand même rappeler que Nantes est la ville de Jean-Marc Ayrault… Mais le gouvernement est confronté à des difficultés qui sont de l’ordre juridique parce que hé, si c’était cassé ensuite, on aurait le ridicule d’un côté et en plus on aurait fait de Dieudonné un martyr ! »
Baddou : « D’autant que lui se nourrit de ces débats, de ce qu’il présente comme une volonté de censure… Donc quelle est la bonne solution ? »

Domenach : « Eh ben la bonne c’est solution c’est d’abord de lui faire payer les condamnations euh, qui ont, qui a, qui l’a été l’objet. Ce qui est incroyable c’est que il a réussi à organiser son impunité fiscale ce qui est aussi un délit ! Que pour tout ça je veux dire il soit ble, blan, blanc si j’ose dire, alors que voilà ! »