Pourquoi eux et pas moi ? C’est la question que se sont posée deux anciens du Service du travail obligatoire (STO) et 10 héritiers de personnes ayant travaillé en Allemagne, suite à l’annonce, le mois dernier, du versement par la France de 60 millions de dollars aux victimes américaines de la Shoah.
Ce 5 janvier, leur avocat, Emmanuel Ludot a déposé une plainte devant la Commission européenne pour discrimination. Il a déclaré :
« L’État français indemnise les plaignants américains qui ont mis en cause la SNCF pour avoir contribué à la déportation de juifs, mais on ignore les autres victimes qui ont été transportées dans les mêmes wagons pour devenir des esclaves du STO en Allemagne, c’est inacceptable […] Ce sont des crimes ou des complicité de crimes contre l’humanité qui ne peuvent donc être prescrits. »
Il y a fort à parier que ses clients n’obtiendront pas gain de cause, d’autant plus que leur avocat, qui, ironie de l’histoire, est aussi celui de Youssouf Fofana, a également demandé que la Commission déclare nul le récent accord d’indemnisation des victimes américaine de la Shoah :
« Cet accord viole la convention du Conseil de l’Europe sur la lutte contre la traite des êtres humains signée à Varsovie le 16 mai 2005 qui stipule une égalité de traitement envers toutes les victimes. En soi je ne dénonce pas cet accord qui doit être ratifié prochainement, je cherche à mettre la pression pour que soit reconnue la souffrance de tous de façon égale. »