Le Guide suprême iranien, l’ayatollah Ali Khamenei, a violemment critiqué lundi les « despotes saoudiens » et exhorté les musulmans à reconsidérer la gestion des lieux saints par Ryad, touchés l’année dernière par une tragédie ayant causé 2 300 morts.
« Le monde musulman, aussi bien les gouvernements que les peuples, doit connaître les dirigeants saoudiens et leur nature irrévérencieuse, non croyante et dépendante [...] et réfléchir sérieusement à la gestion des lieux saints. Sinon le monde musulman sera confronté à des problèmes plus grands », écrit le Guide suprême dans son message avant le pèlerinage à La Mecque, dont les Iraniens ont été bannis cette année.
L’ayatollah Khamenei a également critiqué le fait que les pèlerins iraniens ne puissent se rendre en pèlerinage à La Mecque cette année alors qu’ils avaient été quelque 60 000 à le faire en 2015.
Cette décision a été prise à la suite de la gigantesque bousculade qui a fait l’an dernier quelque 2 300 morts, dont 464 Iraniens, sur le site, selon des données compilées à partir de bilans fournis par des gouvernements étrangers.
« Ceux qui ont réduit le Hadj à un simple voyage religieux et touristique, et qui cachent leur animosité et leur ressentiment envers la nation fidèle et révolutionnaire d’Iran qu’ils accusent "politiser le Hadj", sont en fait de médiocres petits diables qui ont peur que les volontés du Grand Satan, à savoir les États-Unis, soient mises en danger », a dénoncé Ali Khamenei.
C’est la première fois depuis presque trois décennies que les pèlerins iraniens sont empêchés de se rendre en Arabie saoudite pour le Hadj.
Les deux pays n’ont pas réussi à trouver un accord pour l’envoi des pèlerins iraniens à la Mecque. Téhéran a accusé Ryad d’« entraves ». L’Arabie saoudite a rompu ses relations avec l’Iran après l’attaque de son ambassade à Téhéran, début janvier, par des manifestants qui voulaient protester contre l’exécution du cheikh Nimr, une figure de la contestation chiite contre le régime saoudien sunnite. Ryad a également rompu ses relations commerciales et ses liaisons aériennes avec Téhéran.
« Les dirigeants saoudiens, au lieu de présenter des excuses [...] se mettent en position d’accusateurs et révèlent leur animosité ancienne à l’égard de la République islamique d’Iran qui porte le drapeau de l’islam face aux infidèles et à l’oppression », a ajouté le guide suprême.
Les relations entre l’Iran et l’Arabie saoudite se sont dégradées ces dernières années, les deux pays s’affrontant sur toutes les questions régionales – sur fond de tensions religieuses entre chiites et sunnites – notamment à propos de la Syrie, du Yémen, de l’Irak ou encore de Bahreïn.
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