Le combat contre la construction de mosquées en France pose plus de questions que ne pourrait le laisser penser une analyse trop rapide. Bien sûr, il est légitime que notre sentiment identitaire et national soit choqué par la perspective de voir fleurir sous nos yeux des lieux de culte musulmans. Epidermiquement et, pourrait-on dire, romantiquement, voir s’élever des minarets sur notre vieille terre chrétienne est un indéniable traumatisme contre lequel on ne peut instinctivement que lutter.
Seulement voilà, la France, justement, est-elle bien toujours une vieille terre chrétienne ? Curieusement, ceux qui ne metttent jamais un pied dans une église et même ceux qui passent leurs jours à dénoncer les ravages du « poison chrétien », se souviennent subitement du rôle fondateur du christianisme pour notre nation et en deviennent les ardents défenseurs dès lors qu’il s’agit de justifier leur opposition à l’édification de mosquées.
Pourtant on peut se demander en quoi le christianisme serait « indissociable » de la France à l’heure ou celui-ci est totalement « dissocié » de l’existence réelle, quotidienne et concrète des Français. Vivre en bafouant chaque jour tous les préceptes chrétiens et l’ensemble des valeurs qui leur sont liés, fort bien. Mais voir des minarets s’élever à la place des clochers devant lesquels on passe depuis des années avec indifférence ou mépris, ha ça jamais ! Partons immédiatement en croisade !
Il y a de toute évidence une grande part de tartufferie dans cette attitude et l’on peut craindre que cet « anti-islamisme » là ne soit qu’une façon détournée et « éducolorée » d’être « anti-arabes ».
Car en effet, que veut-on au juste à travers cette opposition systématique et virulente aux contructions de mosquées ? Nier la présence arabo-muslmane dans notre pays ? Renvoyer les croyants prier dans les caves et les hangars ? Les forcer à se transformer en bons petits consommateurs athés comme nous ?
Les ambiguïtiés politiques et morales du discours violemment anti-islamique sont renforcées par le fait que la mobilisation militante visant à empêcher la construction de lieux de culte musulmans n’a jamais trouvé d’équivalent lorsqu’il s’agit de faire barrage à la destruction, aujourd’hui fréquente, d’une église catholique. Pourtant, symbole pour symbole, celui d’une église rasée au buldozer par ses propres enfants n’est pas moins fort ni moins inquiétant que l’apparition d’une grande mosquée dans un quartier de Marseille à la population majoritairement afro-maghrébine… Bien au contraire serait-on même tenter de dire…
Rappelons-le encore une fois, ce n’est pas l’immigration, dans laquelle certains voient un peu trop facilement la clef universelle expliquant tous les maux de l’époque, et encore moins l’islam qui ont vidé les églises, ni eux qui ont promu l’égotisme individualiste, le vagabondage sexuel et transformé les jeunes français en semi tapettes maquillées dansant épileptiquement entre deux prises de drogue….
Que la vue d’une femme voilée agace le regard d’un crétin à crête gélifiée à la sortie d’une after ou « agresse » la « liberté » si vaillamment conquise de sa copine au nombril à l’air et au string remonté sous les aisselles, cela n’a jamais été et ne sera bien évidemment jamais un argument politique…
Car si, et nous le rappellons avec force, la loi islamique est indiscutablement incompatible avec la nature et les valeurs de la cilivilisation traditionnelle européenne, nos modes de vie contemporains ne le sont pas moins. On pourrait même dire qu’ils lui sont encore plus étrangers si l’on considère le renforcement quotidien de la culture de mort (avortement, euthanasie, nihilisme, hédonisme pathologique, fuite dans la virtualité… ) qui va à l’exact opposé des principes éthiques et moraux qui ont fondé notre histoire et notre rapport au monde.
Alors se battre contre l’islamisation, bien sûr, mais à condition de proposer une alternative autre que le consumérisme, l’athéisme jouisseur, la pornographie et la tecktonic…
Tant que le combat contre l’islam ne s’inscrira pas dans une geste spirituelle véritable et désireuse de rompre radicalement avec la modernité par un retour à la simplicté et à la rigueur des valeurs traditionnelles, il restera une gesticulation dérisoire et un peu obscène…
Vouloir « continuer à penser et à vivre comme des porcs sans être emmerdés par les musulmans et leur folklore obscurantiste » ne peut pas fonder un programme politique, encore moins une révolution...
Zentropa