Israël a été informé que son accession à l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) est quasi assurée quand les 30 Etats membres se réuniront en Mai.
Mais un projet de rapport de l’OCDE reconnait qu’Israël n’a pas rempli une des conditions principales de l’organisation sur la fourniture de données précises et transparentes sur son activité économique. L’information fournie par Israël, note le rapport, inclut non seulement l’activité économique de ses citoyens à l’intérieur de ses frontières reconnues mais également celle des colons juifs qui vivent dans les territoires occupés de Jérusalem Est, de la Cisjordanie et du Golan en violation du droit international.
L’accession d’Israël à l’OCDE dans de telles conditions menace d’embarrasser sévèrement plusieurs des Etats membres de l’organisation, particulièrement ceux qui sont membres de l’Union européenne et qui ont publiquement déclaré ne pas vouloir se rendre complices de l’occupation. Le rapport de l’OCDE propose que ces difficultés légales soient évitées en demandant à Israël de produire de nouvelles statistiques dans l’année suivant son accession en excluant la population des colons – bien que , comme un fonctionnaire d’OCDE l’a admis, Israël ait la capacité ,après être devenu membre, d’opposer son veto à une telle demande.
« L’OCDE semble être ainsi déterminée à admettre Israël et elle se prépare à dissimuler les crimes de l’occupation » a dit Shir Hever, un économiste basé à Jérusalem. Israël a fait du lobbying pendant presque 20 années pour entrer à l’OCDE, organisation fondée en 1961 pour que les démocraties industrialisées riches se rencontrent et coordonnent leurs politiques économiques et sociales. Elle (l’OCDE) inclut les Etats-Unis et la majeure partie de l’Europe. « Les avantages financiers sont relativement modestes, mais c’est un grand prestige d’y être admis » a dit M. Hever. « Israël a travaillé très dur pour obtenir son admission parce qu’il croit que l’accession conférera la légitimité internationale à l’occupation. »
Plusieurs pays avec un niveau de développement plus bas qu’Israël ont été déjà acceptés, y compris la Turquie, le Mexique et la République Tchèque. Les précédents rejets d’Israël pense-t-on généralement, étaient largement dus au fait que beaucoup d’états étaient mal à l’aise pour admettre Israël alors qu’il occupait les territoires palestiniens de Jérusalem Est, Gaza et la Cisjordanie et les Hauteurs du Golan appartenant à la Syrie.
Cependant, Israël a été en 2007 formellement invité à ouvrir des négociations pour l’adhésion après une action intense de Stanley Fischer, le gouverneur de la banque de l’Israël. On s’attend à ce que l’adhésion apporte la stabilité financière à l’économie d’Israël, attire l’investissement et réduise la prime du risque de pays.
Le secrétaire général de l’OCDE, Angel Gurria, est venu en visite en janvier, et après un examen de l’économie d’Israël, il a laissé entendre que l’admission cette année était certaine. Cependant, un projet de rapport coulé par le comité de l’OCDE sur les statistiques, établi le mois dernier après leur examen, montre qu’il ya des problèmes majeurs dans les données présentées par Israël.
Selon ses règles, l’OCDE prend en compte l’activité économique en dehors des frontières reconnues d’un état candidat dans des cas très limités, comme celui des transferts de fonds des travailleurs migrants. Mais étant donné que ce statut ne s’applique pas aux colons illégaux vivant dans les territoires occupés, le comité de l’OCDE dit que soit les colons sont exclus des données soit toutes les personnes vivant dans les territoires - y compris les Palestiniens – sont incluses.
« Israël a été rejeté parce qu’il a toujours refusé, même dans ses propres données internes, de différencier Israël et les territoires occupés » a dit M. Hever. Jérusalem Est et le Golan ont été annexés par Israël en violation du droit international. « L’OCDE traite Israël comme s’il avait sept millions de citoyens quand, en réalité, il en a 11 millions de sujets, dont quatre millions sont des Palestiniens vivant sous occupation » a dit M. Hever. « S’ils étaient inclus dans les données soumises à l’OCDE, l’admission d’Israël devrait être refusée en raison des énormes disparités dans la richesse. »
Meron Benvenisti, un ancien adjoint au maire de Jérusalem, a remarqué récemment qu’il y avait un rapport de 20 contre 1 entre le produit intérieur brut par habitant d’un israélien et celui d’un palestinien de Gaza. Mais plutôt que de conclure qu’Israël n’est pas parvenu à satisfaire aux critères d’entrée dans l’organisation, le comité propose un contournement : Israël peut être accepté dans l’organisation et disposer d’une année pour soumettre de nouvelles données en excluant les colons.
Tim Davis, un fonctionnaire d’OCDE au comité de statistiques à Paris, a dit qu’il ne pourrait pas présenter ses observations sur le rapport parce que son contenu était confidentiel mais a convenu que rien ne pourrait empêcher Israël de ne pas tenir cet engagement dans le futur. « Dans un cas semblable, on ne peut pratiquement rien faire. Nous travaillons sur la base de la coopération, pas de la pression. » On rapporte que Israël a échoué sur d’autres critères d’entrée, y compris sur la corruption et sur les violations des copyright.
L’OCDE a exigé des Etats membres qu’ils s’attaquent à la corruption depuis qu’elle a approuvé une convention contre la corruption en 1997. Israël, cependant, a été rangé l’année dernière au trente-deuxième rang dans un classement important sur la corruption, concernant en grande partie les 6 milliards de dollars de chiffre d’affaires de l’industrie d’armement du pays. Les sociétés d’armement d’Europe et des USA ont menacé de faire capoter la demande d’adhésion d’Israël à l’OCDE s’il ne met pas de l’ordre dans ses pratiques. Israël est censé également violer des droits de propriété intellectuels, encore en l’infraction avec les règles d’OCDE. Les USA et les sociétés suisses ont accusé Israël de ne pas respecter les règles de commercialisation au plan international des médicaments produits par sa plus grande compagnie pharmaceutiques, Teva. La candidature d’Israël à l’OCDE est refusée par les chefs de sa minorité arabe, un cinquième de la population. Le mois dernier le Haut Comité de Suivi, principal représentant de cette minorité, a demandé à l’OCDE de rejeter Israël.
Il a précisé que la moitié des citoyens arabes d’Israël vivent au-dessous du seuil de pauvreté, un taux trois fois plus élevé que parmi les juifs israéliens, et qu’en moyenne les citoyens arabes moyens gagnent des salaires qui sont inférieurs d’un tiers à ceux des juifs. Mohamed Zeidan, chef du comité, a imputé les disparités dans la richesse à ce qu’il a appelé « les politiques racistes et discriminatoires » d’Israël. Un autre rapport de l’OCDE, publié en janvier, a montré que, même sur la base des chiffres d’Israël excluant les Palestiniens, si on l’acceptait, Israël aurait toujours les écarts sociaux les plus importants de tous les Etats membres de l’organisation.