L’État hébreu est perplexe après le retrait annoncé du président palestinien Mahmoud Abbas.
La décision du président palestinien, Mahmoud Abbas, de ne pas se représenter aux élections du 25 janvier prochain n’a suscité aucune réaction officielle en Israël, qui n’a pas à s’ingérer dans les « affaires interpalestiniennes ». En privé toutefois, les responsables israéliens confient leur scepticisme ou leur réelle inquiétude.
Certains ministres estiment que Mahmoud Abbas a fait cette annonce pour provoquer un choc et forcer les Américains à le retenir en exerçant des pressions politiques sur Israël pour obtenir par exemple un gel total de la colonisation en Cisjordanie, un geste que Benyamin Nétanyahou s’est refusé à faire jusqu’à présent. Un scénario que l’aile dure du gouvernement veut à tout prix éviter.
« Benyamin Nétanyahou considère Abou Mazen (le nom de guerre de Mahmoud Abbas) comme un partenaire, mais depuis qu’il a accédé à la tête de l’Autorité palestinienne, il n’a rien fait, et plus grave encore, durant son mandat, le Hamas s’est renforcé », explique Gilad Erdan, le ministre de l’Environnement, un dur du Likoud, le parti de Benyamin Nétanyahou. De fait, le mouvement islamiste palestinien a pris le pouvoir après un coup de force dans la bande de Gaza contre l’Autorité palestinienne de Mahmoud Abbas. Danny Ayalon, le vice-ministre des Affaires étrangères, membre d’Israël Beitenou, un mouvement ultranationaliste, estime également qu’« Abou Mazen n’a rien apporté de créatif, son passage au pouvoir relève du ratage ». Bref, inutile de s’inquiéter de son départ à supposer que des élections aient effectivement lieu dans un peu plus de deux mois.
L’ombre de Marwan Barghouti
Mais pour des proches du premier ministre, l’alternative risque d’être pire pour Israël. « Si l’on veut parvenir à un accord avec les Palestiniens, Mahmoud Abbas est le meilleur partenaire », confiait récemment Benyamin Nétanyahou. Mahmoud Abbas constituerait ainsi une sorte de moindre mal, mais pas au point de céder à ses exigences.
Un diagnostic que partage une partie des commentateurs, tel celui du quotidien Maariv qui prédit qu’Israël « risque de regretter Mahmoud Abbas ». Les médias tentent déjà de prévoir qui est le mieux placé pour succéder à Mahmoud Abbas. Parmi les candidats potentiels Marwan Barghouti arrive en tête. Cet ancien dirigeant du Fatah (le parti de Mahmoud Abbas) en Cisjordanie souffre toutefois d’un sérieux handicap : il purge depuis 2004 cinq peines de prison à perpétuité, que lui a infligées un tribunal israélien pour sa participation dans des attentats meurtriers.
Yossi Beilin, un ancien ministre et grande figure de l’opposition de gauche, évoque lui aussi cette hypothèse. « Si Benyamin Nétanyahou ne se décide pas à entamer très vite des négociations sérieuses avec Mahmoud Abbas, prévient-il, Marwan Barghouti se présentera et l’emportera. Le monde fera alors pression sur Israël pour le libérer et nous aurons droit alors à un tout autre opéra. »