Le secrétaire général de l’OTAN, Anders Fogh Rasmussen, a reçu le président israélien Simon Peres au siège de l’OTAN, à Bruxelles, le 7 mars 2013. À l’ordre du jour : le renforcement de la coopération militaire entre Israël et l’Alliance atlantique, dans le cadre de la lutte contre le terrorisme.
Israël est déjà impliqué dans des opérations secrètes et des attaques non conventionnelles avec les États-Unis et l’OTAN. Mais cet accord a une signification particulière, car il approfondit la relation entre l’OTAN et Israël au-delà de ce que l’on appelle le « Dialogue méditerranéen ».
L’accord commun fait référence à un partenariat entre l’OTAN et Israël « dans la lutte contre le terrorisme et la recherche de la paix… au Proche-Orient et dans le monde ». Ce qui laisse entendre une participation d’Israël sur la scène de la lutte active, aux côtés de l’OTAN – ce qui en fait un membre de facto de l’Alliance atlantique.
En d’autres termes, Israël serait directement impliqué dans une opération militaire, dès lors que l’OTAN et les États-Unis décideraient d’en lancer une, que ce soit contre la Syrie, le Liban ou l’Iran. Israël a offert son aide à l’OTAN dans ses opérations de lutte contre le terrorisme dirigées contre le Hezbollah et l’Iran.
Une déclaration précise que « durant leurs discussions, les deux parties sont tombées d’accord sur le fait qu’Israël et l’OTAN sont partenaires dans la lutte contre le terrorisme »...
Le président Peres a insisté sur la nécessité de maintenir et d’accroître la coopération entre Israël et l’OTAN, ainsi que sur la capacité d’Israël à apporter sa collaboration et à fournir non seulement une aide technologique, mais aussi un savoir gagné de sa très grande expérience en matière de lutte antiterroriste.
« Israël sera heureux de partager les connaissances qu’il a acquises et ses moyens technologiques avec l’OTAN. Israël a de l’expérience dans la lutte contre des situations complexes et nous devons renforcer notre coopération pour pouvoir combattre ensemble le terrorisme mondial, et aider l’OTAN face aux menaces complexes auxquelles elle est confrontée, y compris en Afghanistan », a déclaré Peres à Rasmussen.
L’histoire de la coopération militaire entre Israël et l’OTAN
Il est intéressant de rappeler qu’en novembre 2004, à Bruxelles, l’OTAN et Israël ont signé un important accord bilatéral qui a lancé la mise en place d’exercices militaires conjoints. Un second accord l’a rapidement suivi, signé à Jérusalem en mars 2005, par le secrétaire général de l’OTAN et le Premier ministre Ariel Sharon. Les militaires Israéliens voyaient dans ce nouvel accord bilatéral de coopération militaire un moyen de « renforcer la capacité de dissuasion d’Israël face des ennemis potentiels qui le menacent, et notamment l’Iran et la Syrie ».
L’hypothèse prise en compte, sous-jacente à cette coopération militaire entre l’OTAN et Israël, est « qu’Israël est sous attaque ».
La coordination militaire et celle des services secrets existe bel et bien ; elle est active, et inclut des consultations relatives aux territoires occupés.
« Avant le lancement de l’Opération Plomb Durci sur Gaza, l’OTAN échangeait déjà des renseignements avec Israël, partageait son expertise en matière de sécurité, et organisait des exercices militaires communs. (…) Scheffer, le précédent Chef de l’OTAN, s’est même rendu en Israël au beau milieu de l’offensive en cours sur Gaza. Et à l’époque, l’opinion des officiels de l’OTAN était que la coopération avec Israël était essentielle à leur organisation. »
(Al Ahram (en anglais), 10 février 2010)
L’accord bilatéral signé en mars 2013 entre Israël et l’OTAN est l’aboutissement de plus de dix ans de coopération.
Cet accord « oblige-t-il » l’OTAN « à venir au secours d’Israël », selon le principe de « sécurité collective » ?
L’accord renforce le processus en cours de planification militaire entre les États-Unis, l’OTAN et les militaires israéliens, ainsi que la logistique liée à toute opération future au Proche-Orient, y compris un bombardement aérien de sites nucléaires iraniens.
La délégation présidentielle israélienne était constituée de plusieurs sommités, militaires et conseillers du gouvernement, parmi lesquelles le Brigadier général Hasson Hasson, secrétaire militaire du président Peres (premier à gauche sur la photo ci-dessus), et Nadav Tamir, conseiller politique du président israélien (à la droite du président Peres).
Les discussions se sont déroulées à huis-clos, et le texte de l’accord qui en a découlé n’a pas été rendu public.
Suite à cette réunion, une déclaration commune a été publiée par l’OTAN. Le secrétaire général Rasmussen a déclaré dans le communiqué de presse :
« Israël est un partenaire important de l’Alliance dans le Dialogue méditerranéen. La sécurité de l’OTAN est liée à la sécurité et à la stabilité du bassin méditerranéen et du Proche-Orient. Et notre Alliance accorde une grande valeur à notre dialogue politique et à notre coopération pratique. Israël est l’un de nos plus anciens pays partenaires. Et nous sommes confrontés aux mêmes défis stratégiques en Méditerranée orientale.
Alors que nous faisons face aux menaces sécuritaires du 21ème siècle, nous avons toutes les raisons d’approfondir notre partenariat de longue date avec nos pays interlocuteurs du Dialogue méditerranéen, dont Israël. Nous savons tous que la situation régionale est complexe, mais le Dialogue méditerranéen reste un forum multilatéral unique, où Israël et six pays arabes peuvent discuter autour d’une même table, avec l’Europe et des pays d’Amérique du Nord, de défis sécuritaires communs. Je vois de nouvelles opportunités de renforcer notre dialogue politique déjà très avancé et notre coopération sur le terrain, à notre bénéfice mutuel. »
Michel Chossudovsky
Article original en anglais : « Israel : A De Facto Member of NATO », publié le 9 mars 2013.
Traduction : CR pour ISM.