Accusé d’avoir tué, puis démembré Pamela Mastropietro, âgée de 18 ans, Innocent Oseghale a été reconnu coupable, de manière définitive, avec en plus la circonstance aggravante de « violence sexuelle », ce qui lui vaut la perpétuité. Un soulagement pour la famille après un long et éprouvant marathon politico-judiciaire.
Pamela Mastropietro, visage de l’agonie occidentale
Son visage poupin à peine sorti de l’enfance avait bouleversé l’Italie, et, bien au-delà, l’Europe et même les États-Unis.
La mort sordide de Pamela Mastropietro est un symbole des maux qui rongent nos sociétés occidentales. Partout les mêmes symptômes. Drogue tout d’abord, la jeune fille de 18 ans était déjà accro à l’héroïne ; immigration sauvage ensuite, des dealeurs nigérians en situation irrégulière et récidivistes. Ces derniers sont également les symboles de cette « crise des migrants » qui a atteint son pic en 2014-2015 et qui a changé la face de l’Italie.
Symbole aussi d’une classe politique italienne entre récupération bruyante et antifascisme d’État. À commencer par Salvini, (celui qui a trahi avant Meloni) qui en avait fait un symbole de sa (fausse) lutte anti-migrants, mais aussi l’extrême gauche, qui taxait dédaigneusement la jeune Pamela de « toxico », afin de sauver le dogme de l’immigration qui s’est de facto retrouvé au centre du débat.
Des années plus tard, rien n’a changé, ou presque. Salvini a été remplacé par Meloni, les mêmes promesses et les mêmes désillusions. Les mêmes discours tonitruants contre une immigration devenue massive, et les mêmes trahisons. Les mêmes arrivées de barques chargées de clandestins à Lampedusa. Mêmes tergiversations politico-médiatiques pour au final les répartir dans toute l’Europe.
Avec, dans cette tragédie italienne, le bon vieux méchant d’extrême droite pour achever le tableau. Luca Traini, un nationaliste un peu borderline qui avait cru bon de tirer au hasard sur des Africains pour venger Pamela, a été condamné à 12 ans de prison. « L’attentat », aggravé par la motivation raciste, n’avait fait que des blessés légers. Mais l’affaire avait fait grand bruit et contribué à contrebalancer l’horreur du crime de Pamela par l’éternelle menace fasciste. Ce dernier nie à présent tout racisme et ambitionne de devenir paysan à sa sortie.
Les détails sordides de la mort de Pamela refont surface
C’était le troisième procès, et le dernier. À présent, il n’y a plus d’appel possible. Le parcours du combattant judiciaire aura duré cinq ans. La culpabilité d’Oseghale ayant déjà été établie par deux fois pour l’homicide et la dissimulation, destruction de cadavre. Les juges de la cour de cassation étaient cette fois appelés à se prononcer sur les circonstances aggravantes de « violences sexuelles ». Un détail qui change tout pour l’accusé, puisque cela fait passer la peine de trente ans à la réclusion à perpétuité.
De son coté, le dealeur nigérian a toujours nié le meurtre, plaidant une overdose et il n’aurait fait « que » découper le corps après avoir paniqué. Défense qui sera démentie par l’autopsie qui établit les causes du décès à des coups de couteau. Le meurtrier a également pris soin de laver les restes démembrés avec de l’eau de javel, et d’autres parties du corps n’ont jamais été retrouvées. Des précautions qui, selon l’accusation, visent à effacer les traces d’agressions sexuelles.
Autre problème pour la défense, le témoignage d’un repenti de la mafia calabraise, Vincenzo Marino. Ce dernier a partagé sa cellule avec Oseghale et recueilli ses confidences. D’après lui, le Nigérian aurait attiré la jeune fille chez lui contre la promesse de la fournir en héroïne auprès d’un compatriote. Les deux dealers auraient alors imposé une relation sexuelle à la victime, alors inconsciente, sous l’effet de la drogue. Mais, à son réveil cette dernière aurait demandé à rentrer chez elle et menacé de contacter la police.
C’est alors qu’Oseghale lui aurait asséné deux coups de couteau au foie. Il serait ensuite allé chercher de l’aide pour dissimuler le corps. Mais à son retour Pamela vivait encore et il lui aurait alors mis d’autres coups de couteau avant de commencer à la découper alors que celle-ci était encore vivante. Toujours selon le témoignage de Vincenzo Marino, Oseghale a déclaré faire partie de la mafia nigérianne la « Black Axe », et lui aurait proposé 100 000 euros en échange d’un faux témoignage en sa faveur.
L’émission Chi l’ha visto (Qui l’a vu ?) retrace les dernières heures de Pamela Mastropietro, du jardin Diaz, le point de deal où officie celui qui deviendra son bourreau Innocent Oseghale. Les caméras de surveillance les filment tous les deux se rendant dans une pharmacie, pour acheter des seringues, avant de se rendre à l’appartement de l’accusé...
Pamela Mastropietro : Definitivo ergastolo per Innocent Oseghale. Cassazione respinge suo ricorso contro la sentenza d’appello bis, che aveva confermato anche l'accusa di violenza sessuale sulla ragazza uccisa a #Macerata il 29 gennaio 2018.#chilhavisto→https://t.co/jujrRbyDOi pic.twitter.com/zBUS4I9jM2
— Chi l'ha visto ? (@chilhavistorai3) January 23, 2024
« Six ans que j’attends ce moment »
Alessandra Verni, la mère de Pamela, n’a jamais cessé de se battre afin d’obtenir justice pour sa fille. D’abord, contre le silence des médias, qui cherchaient bien sûr à minimiser l’affaire. Puis contre l’extrême gauche qui partout salissait la mémoire de la victime en la faisant passer pour une simple droguée. Et enfin contre une justice, qui jusqu’au bout ne lui aura rien épargné, tant le sujet est sensible politiquement dans un contexte où il fallait faire accepter aux Italiens l’immigration.
Au point que pour se faire entendre, elle portera lors d’une audience en 2023 un tee-shirt avec les photos des reste de sa fille démembrée.
« Six ans que j’attends ce moment », dit-elle, « mais ma bataille ne s’arrête pas là. Il y a des complices, il n’était pas seul. Il y en a d’autres qui ont été libérés. Une partie de la justice a été faite ».
Pamela Mastropietro, ergastolo confermato per Oseghale dalla Cassazione nel processo su violenza sessuale.
La mamma Alessandra Verni manda un un messaggio ai familiari di Giulia Tramontano : “Non mollate mai. Abbiate sempre fede e non mollate mai" pic.twitter.com/Ugy0fXPykT
— Fanpage.it (@fanpage) January 23, 2024
Alessandra Verni, la mère de Pamela laisse éclater sa joie à la sortie du tribunal. « La perpétuité c’est le minimum ! », dit-elle. Questionnée à propos d’une affaire similaire, elle conseille à la famille de la victime de « ne jamais abandonner. Gardez toujours la foi et n’abandonnez jamais. Combattez ! ». Un exemple de courage et de détermination, elle qui n’a jamais baissé les bras dans son combat pour obtenir la vérité sur la mort de sa fille. Une vérité politiquement incorrecte.