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Jérémie Berrebi se définit lui-même comme un « start upper ». Né à Paris en 1978, il dirige le fonds d’investissements Magical Capital après avoir cofondé Kima Ventures avec Xavier Niel mais aussi plusieurs entreprises de la « tech » comme Leetchi. Investisseur et créateur réputé dans le monde des nouvelles technologies, il est aussi un juif strictement religieux qui a choisi de vivre à Bnei Brak, ville israélienne de 205 000 habitants près de Tel-Aviv. Densité de population, vie communautaire, familles nombreuses, manque de discipline, il explique pourquoi les ultra-orthodoxes – 15 % de la population israélienne – représentent 40 % des malades dans le pays. Mais il dénonce aussi les informations contradictoires diffusées par le gouvernement et les clichés voire la haine contre sa communauté qui tiendrait d’un véritable « antisémitisme interne ».
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D’abord, on nous a dit que beaucoup de gens guérissaient. C’est vrai. Par rapport au nombre total de cas, il y a beaucoup plus de gens guéris que de gens décédés, bien heureusement. Certains se disent qu’ils vont prendre un petit risque, mettre des masques et faire attention mais finalement, il suffit d’un malade pour contaminer tout le monde. Pendant l’été, les chiffres baissaient, le gouvernement a levé quasiment toutes les limites, il n’y avait plus de confinement réel, plein de lieux étaient ouverts donc les gens ont pensé que c’était terminé. Ensuite, religieusement parlant, des gens vont faire l’erreur de penser que Dieu n’attend pas de nous que nous nous protégions. Cette erreur a plus de mille ans. Ainsi Maïmonide voyait-il des juifs jeter leurs poubelles dans les rues et les laisser moisir en disant « si Dieu veut nous rendre malade, on sera malade ». Maïmonide a hurlé contre ces gens-là en disant qu’ils n’avaient absolument rien compris. Vous avez dans la Torah un verset stipulant qu’il faut faire très attention à son âme et à son corps. On apprend qu’il faut tout faire pour éviter de tomber malade. On fait tout pour éviter un problème, on traverse quand le feu est vert et on ne fait pas n’importe quoi. Il y a toujours des petites grands-mères ou des gens un peu un peu niais pour penser « Dieu me protège ». C’est du n’importe quoi et ça ne représente que cinq pour cent de la population.
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Il est certain que les juifs orthodoxes écoutent d’abord le rabbin. Tant que les rabbins n’ont pas décidé et dit de suivre les mesures du gouvernement, les gens n’écoutent pas le gouvernement. Ce n’est pas un manque de confiance envers le gouvernement, mais reconnaissons qu’il y a beaucoup de bruit et de conflits dans le gouvernement. Je ne parle pas de problèmes entre orthodoxes et non-orthodoxes mais au sein même des non-orthodoxes. Un ministre va dire « c’est du n’importe quoi », un autre va dire « c’est très grave » donc, finalement, dans tout ce bruit, ce sont les rabbins qui filtrent. Ça a été l’erreur de la première vague. Les rabbins n’ont pas été mis au courant assez vite. Aujourd’hui, ils sont tous dans le coup, ils publient régulièrement des lettres disant d’écouter les consignes du gouvernement. […]
[…] La population orthodoxe n’est jamais épargnée. Un jour, on va dire que les orthodoxes ne travaillent pas. Un jour, ils étudient trop et ne font pas l’armée... Aujourd’hui, c’est eux qui contaminent... C’est un genre d’antisémitisme interne, comme je l’appelle. Il y a toujours des gens pour dire que les orthodoxes sont fautifs alors que le coronavirus sévit dans le monde entier. On n’a pas attendu les orthodoxes pour être malade. On voit des pays qui comptent beaucoup plus de malades et il n’y a pas d’orthodoxes.
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J’ai plus vécu un antisémitisme à l’intérieur d’Israël que quand je vivais en France.
Cela va choquer certaines personnes mais ici, il y a une certaine haine envers la population orthodoxe. Pourquoi ? Parce que les gens ne comprennent pas comment cette population fonctionne. Ils nous voient comme des extraterrestres alors qu’on est très peu différents. Nous avons juste des objectifs différents.
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C’est dommage et triste. Les orthodoxes sont toujours une cible prioritaire des journalistes du pays.
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