« Si l’histoire pouvait me faire revenir en arrière, j’embrasserais la statue de Saddam Hussein que j’ai aidée à faire tomber » : cinq ans après avoir contribué à abattre et lyncher l’immense statue du dictateur irakien, Ibrahim Khalil exprime sans détour ses regrets. « Je protégerais la statue plus que moi-même », surenchérit ce garagiste de 45 ans, interrogé par l’AFP du rond-point de Ferdaous, désert hier comme le reste de la capitale, frappée d’une nouvelle interdiction de circuler.
C’est à cet endroit même que s’érigeait la célèbre statue de Saddam, bras levé, trônant sur un socle en marbre entouré de 37 colonnes. Jusqu’à ce que le 9 avril 2003, des marines américains et des Irakiens ne jettent des cordes autour du cou du colosse de bronze, et ne le fassent tomber. Au sol, la statue subira un lynchage en règle, des images symboles de l’écroulement du régime baasiste irakien qui feront le tour du monde. Elle préfigurera la propre fin de Saddam Hussein, pendu, trois ans après sa capture, au petit matin du 30 décembre 2006, pour crimes contre l’humanité.
En ce jour du 9 avril 2003, Ibrahim Khalil ne se doutait pas qu’il allait troquer le cauchemar de la dictature pour celle des violences quotidiennes et du chaos, à l’origine du décès de plusieurs dizaines de milliers de civils, selon les estimations les plus basses. « C’était un moment historique. Comme si je naissais une nouvelle fois. La plupart des Irakiens se sont sentis heureux parce qu’ils souffraient du régime de Saddam », raconte l’homme, au souvenir intact. « Peu d’entre nous avaient réussi à monter au sommet de la statue, elle-même placée sur un haut socle en béton (...). Les soldats nous ont donné une longue corde, nous l’avons passée autour du cou de la statue et avons commencé à tirer », enchaîne-t-il. « Mais la corde a cassé. Alors les soldats nous ont donné une chaîne en acier que mon frère Kadhim a passé. Les chars (américains) ont ensuite commencé à tirer sur la chaîne et très vite la tête a été tranchée et la statue a commencé à tomber. » Suivront les scènes de lynchage : « Nous avons roué de coups de pied le visage » de la statue, reconnaît-t-il.
Aujourd’hui, tout est si différent, et Ibrahim Khalil ne cache pas un instant ses regrets d’avoir participé à ce moment d’histoire. « Tous mes amis qui étaient avec moi ressentent la même chose », jure-t-il. À présent, outre les tués, et ceux qui ont choisi l’exil, les civils irakiens vivent dans des conditions déplorables, sans emploi et sans accès aux services publics essentiels. L’économie, principal point de préoccupation des Irakiens après les questions de sécurité, est aussi en loque. De violents combats opposent toujours les forces irakiennes et américaines aux insurgés, comme au cours des derniers jours à Bagdad même.
« Je me rends compte maintenant que le jour où Bagdad est tombé était en fait un jour noir. L’époque Saddam était meilleure », assène Ibrahim Khalil. « Aujourd’hui, quand on sort, on doit porter un revolver. Sous le régime de Saddam, nous étions en sécurité. On s’est débarrassé d’un Saddam, mais aujourd’hui on en a 50 », déplore-t-il.
Salam FARAJ
Source : http://www.lorient-lejour.com
C’est à cet endroit même que s’érigeait la célèbre statue de Saddam, bras levé, trônant sur un socle en marbre entouré de 37 colonnes. Jusqu’à ce que le 9 avril 2003, des marines américains et des Irakiens ne jettent des cordes autour du cou du colosse de bronze, et ne le fassent tomber. Au sol, la statue subira un lynchage en règle, des images symboles de l’écroulement du régime baasiste irakien qui feront le tour du monde. Elle préfigurera la propre fin de Saddam Hussein, pendu, trois ans après sa capture, au petit matin du 30 décembre 2006, pour crimes contre l’humanité.
En ce jour du 9 avril 2003, Ibrahim Khalil ne se doutait pas qu’il allait troquer le cauchemar de la dictature pour celle des violences quotidiennes et du chaos, à l’origine du décès de plusieurs dizaines de milliers de civils, selon les estimations les plus basses. « C’était un moment historique. Comme si je naissais une nouvelle fois. La plupart des Irakiens se sont sentis heureux parce qu’ils souffraient du régime de Saddam », raconte l’homme, au souvenir intact. « Peu d’entre nous avaient réussi à monter au sommet de la statue, elle-même placée sur un haut socle en béton (...). Les soldats nous ont donné une longue corde, nous l’avons passée autour du cou de la statue et avons commencé à tirer », enchaîne-t-il. « Mais la corde a cassé. Alors les soldats nous ont donné une chaîne en acier que mon frère Kadhim a passé. Les chars (américains) ont ensuite commencé à tirer sur la chaîne et très vite la tête a été tranchée et la statue a commencé à tomber. » Suivront les scènes de lynchage : « Nous avons roué de coups de pied le visage » de la statue, reconnaît-t-il.
Aujourd’hui, tout est si différent, et Ibrahim Khalil ne cache pas un instant ses regrets d’avoir participé à ce moment d’histoire. « Tous mes amis qui étaient avec moi ressentent la même chose », jure-t-il. À présent, outre les tués, et ceux qui ont choisi l’exil, les civils irakiens vivent dans des conditions déplorables, sans emploi et sans accès aux services publics essentiels. L’économie, principal point de préoccupation des Irakiens après les questions de sécurité, est aussi en loque. De violents combats opposent toujours les forces irakiennes et américaines aux insurgés, comme au cours des derniers jours à Bagdad même.
« Je me rends compte maintenant que le jour où Bagdad est tombé était en fait un jour noir. L’époque Saddam était meilleure », assène Ibrahim Khalil. « Aujourd’hui, quand on sort, on doit porter un revolver. Sous le régime de Saddam, nous étions en sécurité. On s’est débarrassé d’un Saddam, mais aujourd’hui on en a 50 », déplore-t-il.
Salam FARAJ
Source : http://www.lorient-lejour.com