Le nouveau film documentaire d’Oliver Stone, déjà réalisateur d’un JFK inspiré du livre de l’enquêteur Jim Garrison (qui laisse beaucoup de pointillés et ne démontre pas de complot très clair), accuse la CIA d’avoir fait ou laissé assassiner le président Kennedy en novembre 1963. Quand on dit « c’est la CIA », on a tout dit ou rien dit, puisque la maison du renseignement américain est en quelque sorte inattaquable, et que le rapport Warren a noyé puis enterré tout le merdier.
Oliver Stone donne une longue interview à Paris Match, et les passionnés de l’affaire JFK n’y apprendront strictement rien, voire reculeront dans leurs connaissances. Il y a longtemps qu’on sait que l’autopsie a été trafiquée, que Lyndon Johnson a fait son coup d’État dans l’avion partant de Dallas devant une veuve en état de choc, qu’il n’y avait pas une balle, encore moins magique, mais trois, quatre ou cinq, que trois tireurs étaient embusqués, malgré les coupes réalisées dans le film de Zapruder...
La piste de la CIA, c’est le serpent de mer de l’affaire JFK, qui a l’inconvénient de proposer un mobile très, très vague : JFK, s’il voulait contrôler la CIA, comme tout président qui se respecte, ne voulait pas forcément couper des têtes ni réduire drastiquement les budgets. Et la CIA a toujours su tourner les discours humanistes des nouveaux présidents...
Pour information, dans les années 80, la CIA a « tourné » la décision de Jimmy Carter qui ne voulait plus financer les « black ops », en produisant elle-même son argent noir, c’est-à-dire non officiel. Ce sera la drogue latino-américaine et les deals d’armes qui permettront au bras armé du pouvoir profond US de poursuivre sa politique de déstabilisation violente des pays non alignés.
Cette méthode explique pourquoi, en Afghanistan 20 ans plus tard, les camps des forces spéciales américaines côtoieront tranquillement les champs de pavots destinés à la fabrication de l’héroïne : aux GI’s la journée, aux Talibans la nuit. La production d’opium et donc de poudre blanche par l’Afghanistan connaîtra des records sous la domination américaine.
Les Talibans, eux, comme Mao le fera avec ou plutôt contre l’opium à partir de 1950, pour sauver leur pays du désastre, limiteront drastiquement cette production. Aujourd’hui, les Talibans (en rouge sur la carte) reviennent, comme toujours après les (courtes) dominations occidentales :
Oliver Stone, malgré tout son talent, ne relancera qu’une vieille piste sablonneuse, où de nombreux enquêteurs se sont enfoncés, perdus. La version de Laurent Guyénot, plus vaste, plus internationale, plus géopolitique, plus profonde aussi, sans même parler d’un complot sioniste, est autrement plus vivante, notamment avec les liens, jamais étudiés par Oliver Stone, de Jack Ruby avec la mafia juive et le lobby juif américain. Cette piste, pourtant fertile, n’a pas été suivie par grand-monde. Nous vous engageons à revoir cette vidéo de Laurent Guyénot, qui ne fait et ne dit pas les choses à moitié.