C’est l’été, un été 2023 qui ressemble à celui de 1939. À l’époque, devant le réveil nationaliste allemand, la France socialiste regarde ailleurs. En 6 ans seulement, de 1933 à 1939, l’Allemagne a réarmé, au vu et au su de tous, dépassant allègrement la première armée européenne, sortie vainqueur de la guerre de 14-18. À quelques exceptions près, nos généraux sont vieux, cons et en retard d’une guerre. La blitzkrieg va les ramener à l’âge de pierre.
Quatre-vingt-quatre ans plus tard, une somme de signaux plus tellement faibles nous annonce un futur compliqué, surtout pour la jeunesse de France, une jeunesse déjà frappée par la désinstruction scolaire, la paupérisation néolibérale, l’intoxication médiatique, les confinements successifs et les injections quasi obligatoires. On a connu perspectives plus réjouissantes.
En attendant de s’inscrire pour le nouveau service militaire – Macron attend 80 000 volontaires, soit l’équivalent de 4 divisions, qui seront pris en main par 115 000 militaires professionnels, dont 14 000 officiers et 38 000 sous-offs –, ils peuvent profiter d’un de leurs derniers étés en temps de paix. Et quoi de mieux que la musique pour se sentir bien ensemble, oublier le désastre macronien et s’éclater un peu ?
La France, c’est le pays des festivals : la diversité de nos régions fait que presque chaque ville en a un, de la Fête du cochon aux Vieilles Charrues, moins… euh, traditionnelles. Pour rattraper le coup, la production ajoute à la programmation, très anglo-saxonne (même quand ça chante en français), le Celtic Social Club régional.
Voici des images de l’édition 2022 consacrée aux artistes du troisième âge et à la variété. On remarque, au milieu de chanteurs gentils qui n’effrayent pas les parents, le passage d’Orelsan.
L’armée aura fort à faire pour discipliner tous ces drogués alcooliques, mais ça boit aussi dans l’armée, nous dit-on, donc mauvais argument. Parallèlement à ces festivals, des mégagroupes sillonnent le pays : Red Hot Chili Peppers, Queens Of The Stone Age, Rammstein, Muse, tous monstrueux sur scène. L’ambiance dans la fosse (éviter les gradins, quand il y en a, en plus la fosse c’est moins cher) nous fait penser que la jeunesse a besoin d’une transcendance, qui est pourtant déconseillée, voire interdite chez nous.
Souvenez-vous : les forces du Mal ont brûlé Notre-Dame en 2019, et les églises sont vidées par la propagande médiatique, qui nous explique que croire est idiot. C’est possible, mais si le Système nous prive de cette relation verticale, tout en dynamitant les relations horizontales, quel reste-t-il à l’individu ? Le néant, la solitude, la fuite dans la consommation ? De cette eau, ils auront toujours soif...
Privez les jeunes de Dieu, ils renouent d’une manière ou d’une autre avec le divin, un divin qu’ils se sont choisi, concocté, arrangé.
Les jeunes sont prêts à mourir pour leur stars
Francofolies de La Rochelle 2023 : plus de 120 malaises pendant le concert de Gazo https://t.co/CstoIGKcpX pic.twitter.com/DolNf9EODp
— SO_LaRochelle (@SO_LaRochelle) July 14, 2023
La jeunesse en mal de repères et de modèles se rabat sur la musique et ses stars car ce qui est proposé par le politique n’est pas transcendant. Quel ado a envie de payer 80 balles pour voir Ciotti des Républicains, écouter le « socialiste » Faure, admirer le duo Attal-Véran (pour être honnêtes, deux candidats de la dernière présidentielle ont levé des foules : Zemmour et Mélenchon) ?
Qui veut se faire crever la paillasse pour la Banque, les patrons de Macron ? Les causes proposées par le Système sont minables. C’est l’apprentissage de la souffrance et du combat qui fait la valeur d’une cause, on en sait quelque chose, chez E&R.
Paradoxalement, la guerre qui vient peut réveiller une jeunesse perdue dans la consommation et l’angoisse. Sans jouer les taupes soviétiques, devant la menace de l’OTAN, un grand mouvement de paix peut enflammer la jeunesse européenne, à l’image des manifestations qui ont secoué les campus américains à partir de 1965. Tout dépendra du résultat du bras de fer entre propagande et résistance, entre médias mainstream et réseaux sociaux, les uns étant acquis au Capital, les autres au Travail.