Un millier de manifestants ont réclamé, à Amman, le départ du Premier ministre et la dissolution du Parlement.
"Quarante policiers ont été blessés, dont six à l’arme blanche, alors qu’ils tentaient de disperser une manifestation salafiste à Zarqa", a déclaré un porte-parole de la police, Mohammad Khatib, en précisant que "les six policiers sont dans un état grave".
Ces heurts, les plus graves depuis trois semaines dans le pays, se sont produits alors que des manifestations anti-gouvernementales ont été organisées vendredi dans plusieurs villes de Jordanie pour réclamer notamment le départ du chef du gouvernement, Maarouf Bakhit, et une réforme du régime.
A Amman, plus d’un millier de manifestants se sont rassemblés à l’appel du Front de l’Action Islamique (FAI), vitrine politique des Frères musulmans, et de partis d’opposition, notamment de gauche.
"Le peuple veut réformer le régime et éradiquer la corruption. La Jordanie est libre, Bakhit va-t’en !", y ont scandé les manifestants, en arborant le drapeau jordanien et des banderoles qui disaient : "Le peuple veut la démocratie et la justice sociale" et "Nous voulons dissoudre le Parlement".
Des manifestations ont également eu lieu à Karak et Maan, dans le sud, ainsi qu’à Irbid, dans le nord.
"Les manifestations continueront jusqu’à ce que les réformes soient réalisées", a déclaré Jamil Abou Baker, porte-parole des Frères musulmans.
"Jusqu’à présent, on ne voit aucune volonté (gouvernementale) de mener des réformes. Mais les gens sont déterminés à obtenir de vraies réformes et à se débarrasser de la corruption", a-t-il ajouté.
Les Salafistes manifestent pour demander la libération de leurs partisans
A Zarqa, où se sont produits les heurts, "la police a dû tirer des gaz lacrymogènes après que des salafistes ont attaqué des citoyens après une manifestation en les accusant d’être athées", a indiqué M. Khatib.
Selon des informations relayées par des sites internet, mais qui n’ont pas été confirmées par les autorités, plusieurs dizaines de manifestants islamistes ont également été blessés dans la dispersion.
Les Salafistes (islamistes radicaux) manifestent depuis plusieurs semaines pour demander la libération de leurs partisans emprisonnés, en marge de rassemblement de l’opposition pour des réformes démocratiques.
Il réclament notamment la libération d’Abu Mohammed al-Maqdessi, ancien mentor d’Abou Moussab Zarqaoui, le chef d’Al-Qaïda en Irak tué dans un raid aérien près de Bagdad en 2006 et originaire de Zarqa.
Arrêté en septembre 2010, Al-Maqdessi a été mis en examen pour recrutement de combattants pour rejoindre les Talibans en Afghanistan.
Les Salafistes exigent également la libération d’Abou Sayyaf, de son vrai nom Mohammad Chalabi, condamné pour terrorisme après des heurts dans la ville de Maan, dans le sud de la Jordanie, en 2002.
Le mois dernier, le 24 mars, des affrontements entre manifestants et partisans du gouvernement avaient fait un mort et 160 blessés à Amman.
Un mouvement de contestation sociale et politique sans précédent secoue le royaume depuis plus de trois mois.