Après la frappe aérienne de l’Otan contre une maison qui abritait des insurgés et des civils, comme l’a expliqué le général américain John Toolan, le commandant pour la région sud-ouest en Afghanistan, le président Hamid Karzaï a haussé le ton contre les forces de la coalition.
« A partir de cet instant, les frappes aériennes contre les maisons ne sont plus autorisées » a-t-il déclaré le 31 mai. « S’ils continuent de bombarder des maisons afghanes alors que le gouvernement le leur a interdit, alors leur présence sera considérée, non plus comme celle d’une force menant une guerre contre le terrorisme, mais comme celle d’une force d’occupation » a encore ajouté le président aghan. « Et l’histoire de l’Afghanistan a montré comment les Afghans s’occupent des forces d’occupation » a-t-il également lancé.
Selon les statistiques des Nations unies, 2.777 civils afghans ont été tués en 2010 et 75% de ces victimes sont le fait des insurgés (+29% par rapport à l’année précédente). Dans le même temps, le nombre de victimes de dommages collatéraux dûs à des raids de l’Otan a diminué de 21%.
« Les taliban, en assassinant les civils ou en les utilisant comme boucliers humains dans des zones denséiment peuplées, ont non seulement agi de façon illicite : ils sont contribué au bilan dévastateur des pertes civiles » estimait alors le rapport établi par la Mission d’assistance des Nations unies en Afghanistan (MANUA).
Alors, si la mort de civils est toujours regrettable, si le décès d’un seul à cause d’un bombardement de l’Otan est toujours de trop, il n’en reste pas moins que le président Karzaï a l’indignation bien sélective car il se garde bien de critiquer publiquement la tactique des insurgés qui se servent de boucliers humains pour s’en prendre aux forces de la coalition, ainsi qu’à ses troupes.
La Force internationale d’assistance à la sécurité (ISAF) « s’efforce constamment de réduire les risques de victimes civiles et de dommages contre les structures. Mais lorsque les insurgés utilisent les civils comme boucliers et placent nos forces dans une situation où la seule option, c’est d’utiliser des frappes aériennes, eh bien elles doivent choisir cette option », a expliqué le commandant Sunset Belinsky, porte-parole de l’Otan en Afghanistan.
Aussi, il n’est pas question pour l’ISAF de mener ses opérations avec une main attachée derrière le dos. « Ces frappes sont nécessaires et continuent d’être nécessaire » a fait valoir, le 31 mai, Oana Lungescu, lors d’une conférence de presse au siège de l’Alliance atlantique à Bruxelles. La porte-parole de l’Otan a par ailleurs souligné que les opérations sont « conduites avec les forces afghanes » et que « dans 85% des cas, aucun coup de feu n’est tiré ».