Vous sentez cette énergie ? Cette énergie, c’est le frisson du chaos, la pulsation d’une ville qui ne veut pas être rangée dans des cases. En tension permanente entre histoire et modernité, Kazan est la troisième authentique capitale historique en Russie, après Moscou et Saint-Pétersbourg.
Son Kremlin s’élève comme un phare de la tradition avec ses tours effilées et ses murs crénelés qui racontent des siècles d’histoire.
Les gens ? Des âmes fortes, chacune dans son territoire, avec ses secrets et une lueur de folie dans les yeux.
La cuisine ? La viande de cheval est le trésor culinaire local. Servie crue et toute ferreuse, sous forme de tartare, elle est un délice pour initiés. Mélangée à des épices traditionnelles, elle forme une expérience audacieuse qui frappe comme une claque.
Kazan n’est pas un endroit pour les âmes timides. Elle accueille le sommet des BRICS du 22 au 24 octobre.
Endspiel pour le dollar ?
BRICS ! Un acronyme qui fait frémir les vieux routiers de la géopolitique, comme un formidable bruit de bottes dans une ruelle sombre.
Le sommet de Kazan, c’est le cocktail molotov qui fera exploser le joug vert et doré du dollar.
Les États-Unis, avec leur SWIFT et leur droit d’ingérence, ont longtemps dicté les règles du jeu. Chaque dollar échangé est aujourd’hui encore une promesse de soumission, une invitation à entrer dans la danse de la domination xénocratique. Après avoir développé leurs échanges commerciaux puis protégé leurs investissements, les pays des BRICS s’attaqueront demain au gros morceau : le système de paiement.
Il sera administré par la Nouvelle Banque de Développement dirigée par Dilma Roussef.
Le Kremlin, soutenu par son ministère des Finances et la Banque de Russie, a mis au point un système révolutionnaire, propulsé par des technologies de registres distribués (DLT). Les échanges ne seront plus libellés en dollar ou en euro ; l’unité de compte sera une crypto-monnaie (un stable coin adossé à l’or et/ou à un panier de matières premières).
L’unité de règlement sera l’une les devises nationales étant entendu que le règlement ne portera que sur la compensation (le solde) des échanges multilatéraux. La périodicité (3, 6 ou 12 mois) de ce règlement sera au cœur des négociations à Kazan. Ce qui remplacera le système dollar, c’est donc un système décentralisé et ouvert de compensation par les réserves monétaire des banques centrales des BRICS et de leurs amis.
Si elle cherche la bagarre, l’UE sera la première servie car elle risque la rupture de ses liens commerciaux avec tous les BRICS (dont la Chine).
Bon courage également aux États-Unis s’ils pensent s’en tirer avec de nouvelles sanctions : cela resserrera mécaniquement les liens entre les BRICS et leurs amis sanctionnés.
Danse avec les BRICS
Tandis que la dé-dollarisation monte en puissance, la Turquie et la Serbie dansent autour des BRICS.
La Turquie, ce danseur fou sur l’échiquier mondial, s’invite à la fête. Recep Tayyip Erdogan, le maestro du compromis entre l’Est et l’Ouest, a récemment signé onze accords avec la Serbie. Sa candidature aux BRICS est une déclaration d’intentions. Pour lui, ces rencontres ne sont pas qu’un simple rendez-vous diplomatique ; c’est l’occasion de redéfinir son influence tout en taquinant les grands de ce monde. Vucic balance entre UE et BRICS. Cela commence à avoir un parfum d’Ukraine.
Mais ce n’est pas tout. L’ASEAN, en particulier la Malaisie et la Thaïlande, sont prêtes à entrer dans la danse. Avec des ambitions claires, elles visent à renforcer leurs secteurs stratégiques, comme les semi-conducteurs et l’automobile, en profitant de l’élan BRICS. Leurs candidatures, déposées avec soin, sont désormais sur la table des négociations à Kazan au même titre que celles d’une vingtaine de pays d’Asie et d’Amérique latine.
Et n’oublions pas le rôle de l’Organisation de Coopération de Shanghai (OCS), le pendant militaire des BRICS, qui pourrait vite se transformer en une sorte d’OTAN du Sud. Les BRICS ne sont pas seulement une alliance économique ; ils sont d’abord le symbole d’une diversité qui recrache l’uniformité du monde comme on crache un vieux chewing-gum américain.
Pendant ce temps, du bal des vampires au bal des faux-culs, les Occidentaux se drapent dans les oripeaux de la morale et du progrès. Il suffit pourtant de gratter la surface de leur monde (basé sur des règles – les leurs, bien sûr. Lol) pour sentir une puanteur de corruption, d’ambition maladive et de frustration.
La vie est une lutte incessante. Il faut gagner la bataille de Kazan !
L’interview de Pouchkov par Kuzmanovic
« Je pense que le sommet à Kazan va marquer la mort définitive de la politique de l’isolation de la Russie... »