L’Union Européenne est dans une impasse. À peine relevée de la crise financière, les vices de forme de son union monétaire l’ont plongée dans une crise qui dure maintenant depuis trois ans, et qui a envoyé 3 millions de personnes de plus au chômage quand il baissait d’autant aux États-Unis.
L’impasse économique
Il faut bien constater aujourd’hui, après trois ans de crise spécifiquement liée à la zone euro, que l’Union Européenne est une construction économique totalement dysfonctionnelle. Loin de permettre la croissance des pays membres, elle semble entraîner leurs économies par le fond. Les raisons sont assez simples malheureusement : la zone euro n’est pas une zone apte à partager une même monnaie et nous en payons le prix aujourd’hui, comme le soutient Paul Krugman.
Certes, il peut y avoir un léger rebond en 2014, mais celui-ci sera aussi dérisoire qu’illusoire pour la grande majorité de la population. La faute à une construction qui ne profite qu’aux multinationales, au secteur financier et aux plus riches. Car le dogme de « la concurrence libre et non faussée » est ravageur pour des classes moyennes et populaires alors exposées à la concurrence de salariés gagnant 5 à 20 fois moins qu’eux ainsi qu’aux excès d’une finance hors de contrôle. En outre, les politiques austéritaires plongent les pays européens dans la dépression un à un.
D’ailleurs, la BCE a beau avoir fourni 1000 milliards de liquidités aux banques européennes il y a un an, cela n’a eu aucune influence sur le crédit aux entreprises non financières, encore en légère croissance il y a un an et qui se rétracte aujourd’hui (de plus de 5% au Portugal et en Espagne), comme le montre The Economist. Le problème est qu’en l’absence d’expansion monétaire publique et avec des politiques publiques austéritaires, c’est la recette pour la dépression.
L’impasse démocratique et institutionnelle
Mais à cette impasse économique, toujours plus douloureuse pour les peuples européens, confrontés à une grande régression sociale, s’ajoute une impasse politique. Depuis près de 5 ans, les peuples européens constatent que la Tour de Babel institutionnelle issue de la sédimentation des traités européens est un monstre aussi fragile, qu’arbitraire, inefficace et anti-démocratique. Lors de la crise de 2008, le salut était venu des réunions intergouvernementales, sous l’impulsion de Nicolas Sarkozy, alors que les eurocrates ne savaient que faire face à la remise en cause de leur logiciel.
Bien sûr, les eurolâtres affirment que l’évolution vers une structure fédérale est le moyen de sortir de la crise. Mais par-delà le fait que plus l’intégration européenne avance, plus nous allons mal, il faut bien constater que cinq longues années de crise n’ont pas vraiment donné de l’appétit aux peuples européens pour une telle évolution, au contraire. Jamais les opinions publiques n’ont été aussi hostiles à cette mauvaise construction européenne. Plus grand monde n’y semble vraiment favorable et il s’agit donc d’un vœu pieux de personnes plus préoccupées par leurs intérêts.
Et le fatras institutionnel européen actuel crée de graves problèmes démocratiques. Les pays « aidés » (en réalité, ce sont bien plus leurs créanciers qui le sont) doivent accepter une tutelle scandaleuse de la troïka technocratique. Et parallèlement, la colère monte dans les pays créanciers, qui n’acceptent de ratifier que les traités qui semblent leur être utiles pour recouvrer leur argent. Et dans tous les pays, les pouvoirs vampirisés par cette mauvaise Europe sapent des gouvernements qui ressemblent parfois à de simples administrateurs ou comptables de leur pays.
L’histoire de l’Europe va probablement atteindre un point d’inflexion dans les prochaines années. Devant les ravages économiques des politiques suivies, l’irresponsabilité crasse d’eurocrates tout puissants et l’impuissance des gouvernements nationaux, une révolution (démocratique) s’impose.